Laxistes en matière de terrorisme les Suisses ? Les autorités helvétiques viennent de réaliser qu’elles versaient une rente à un « réfugié politique » tunisien parti faire le djihad contre les Américains en Afghanistan.
Barbe fournie, le crâne un peu dégarni, Moez Garsallaoui, la petite quarantaine, apparaît bien effacé aux côtés de son épouse, la volcanique Malika El-Around, actuellement incarcérée en Belgique dans le cadre d’une enquête sur un réseau terroriste soupçonné d’être lié à Al-Qaida.
Malika, toujours recouverte d’un tchador noir, est la veuve d’un des deux assassins du commandant Massoud. Cette Belge d’origine marocaine n’a jamais cessé de qualifier les partisans d’Oussama Ben Laden de « Soldats de lumière » [1]. « Petite fille de moujaheedines, épouse d’un moujaheed, sœur de moujaheedines », Malika assure que son premier mari, Abdessatar Dahmane, est un « homme croyant et plein de bonté », et qu’il a eu raison d’assassiner Massoud, car « c’était le diable ! Un mauvais musulman ! ». Voilà pour l’ambiance.
Moez Garsallaoui a d’abord fait parler de lui en 2004. Il est domicilié à Lausanne et anime le site islamiste « islamic-minbar.com ». Son forum accueille toutes sortes d’informations sensibles, comme la demande de rançon pour libérer deux journalistes français détenus en Irak, ou des revendications d’attentats en Turquie et en Russie. D’une voix hésitante, Moez Garsallaoui jure qu’il ne cherche qu’à « réunir des informations sur l’islam ».
Le réfugié tunisien s’installe ensuite dans le canton de Fribourg. Il est arrêté en 2005 pour avoir montré sur des sites Internet des exécutions d’otages en Irak, et expliqué comment perpétrer des attentats. On découvre alors - et surtout - qu’il s’est marié avec Malika El-Around, plus âgée que lui de dix années. Le couple (qui s’est connu via Internet) est installé dans la petite ville de Guin, près de Fribourg.
En 2007, le Tribunal pénal fédéral de Suisse condamne Moez Garsallaoui à deux ans et demi de prison, dont six mois fermes, pour soutien à une organisation criminelle et incitation publique à la violence et au crime. Malika El-Around n’écope, elle, que de six mois avec sursis. Pour le couple, les Suisses sont « des suppôts du diable », « neutralement sionistes », et qu’il faut freiner « l’ardeur belliqueuse, dévastatrice, immorale et immonde de l’occident décadent ».
Il est difficile d’imaginer que des organisations terroristes sérieuses puissent utiliser les services d’islamistes aussi voyants et remuants, qui ne peuvent que caricaturer le djihad par leurs excès. Moez et Malika diffusent par exemple des images et des séquences filmées d’exécutions et de mutilations d’êtres humains. Et Malika jure que les combattants arabes en Afghanistan et les taliban sont des hommes galants, pleins de prévenance et de délicatesse pour les femmes…
Pourtant, Malika, de retour en Belgique, a été arrêtée une première fois en décembre 2007. Puis relâchée. Elle est de nouveau sous les verrous, soupçonnée de liens avec un réseau terroriste, qui projetait de détourner des avions. Son époux, lui avait disparu depuis plusieurs mois.
Le quotidien fribourgeois La Liberté vient de révéler que Moez Garsallaoui, qui bénéficie d’un statut de réfugié politique depuis 1998, profiterait d’une rente versée par la caisse nationale suisse en cas d’accident. Le Tunisien, qui souffrirait de troubles mentaux et de pulsions suicidaires, jouirait, en plus de sa rente, de l’aide sociale de la commune de Guin. Une rente de l’assurance-invalidité lui a tout de même été refusée en 2008…
Car, loin de soigner sa dépression, Moez Garsallaoui a pris le chemin du maquis et du djihad et se battrait actuellement en Afghanistan. Il se vanterait sur des sites Internet d’avoir déjà occis plusieurs soldats américains. Ces révélations ont mis dans l’embarras les autorités helvétiques, accusées de laxisme. Afin de rassurer la population, la Police fédérale a annoncé que Moez était maintenant sous le coup d’une « interdiction sur le territoire suisse ».
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[1] C’est d’ailleurs le titre de son livre, imprimé à compte d’auteur en Belgique en novembre 2004. 166 pages.