Julian Assange était à Genève en novembre, invité par une ONG peu connue, l’IIPJDH, décrite comme proche des islamistes. S’agissait-il d’une pure provocation de la part du porte-parole de WikiLeaks ?
La visite de cet Australien de 39 ans aux cheveux blonds et au teint blafard sur les bords du lac Léman coïncidait avec une session du Conseil des droits de l’homme consacrée aux Etats-Unis. L’objectif de Julian Assange : témoigner des violations des droits de l’homme commises par les Américains en Irak.
« Si les Etats-Unis veulent être un pays crédible pour la défense des droits de l’homme, ils doivent mener des enquêtes sur les violations présumées de ces droits », lâchait le responsable de WikiLeaks, avant d’ajouter : « Au lieu d’enquêter sur ces abus, les autorités américaines ont adopté une attitude agressive à l’égard de mon organisation en la menaçant publiquement et en cherchant à la détruire ».
Tout en fustigeant Washington qui lui rendait la vie impossible, Julian Assange annonçait qu’il envisageait de demander l’asile politique à la Suisse, un pays neutre où sa fondation pourrait travailler en toute sécurité.
Seule surprise durant ce bref séjour dans la Confédération : cet homme traqué avait répondu à une invitation de l’Institut international pour la paix, la justice et les droits de l’homme (IIPJDH).
Quasiment inconnue avant l’arrivée du porte-parole de WikiLeaks, cette ONG, basée dans le canton de Genève, passe pour être soutenue par des mouvements islamistes. Son président, Mousavi Seyed Raed Seyed Mohsen, et son vice-président, Bassirzadeh Esmaeil Gholamreza, sont originaires de Téhéran (Iran), tandis que le secrétaire, l’avocat Ridha Ajmi, vient de Tunisie. Naturalisé suisse, il a autrefois appartenu au Parti de la Renaissance (Hezb Ennahda), un mouvement politique islamiste, à Tunis.
On retrouve également le nom de Ridha Ajmi à la Ligue des Oulamaas sunnites, fondée en avril 2010, dont le but est de « mettre en évidence les éléments fondamentaux de la religion musulmane pour lutter contre les préjugés de l’islam ». Par ailleurs, l’étude de Maître Ridha Ajmi se félicite d’avoir pu détruire « les fichiers avancés par le bureau tunisien d’Interpol qui ont servi à l’ouverture d’une procédure de recherche internationale d’un opposant tunisien qualifié arbitrairement de “terroriste“ ». Bref, l’IIPJDH affiche clairement la couleur, comme lorsqu’il soutient l’envoi de bateaux vers Gaza et dénonce les violations commises par l’État d’Israël.
On peut toutefois se demander pourquoi un homme traqué comme Julian Assange a accepté l’invitation d’une organisation aussi marquée politiquement, au risque de se voir accuser par Washington de faire le jeu des islamistes.
S’agissait-il d’une simple provocation de sa part ? À moins qu’aux abois financièrement, WikiLeaks n’ait trouvé d’autres solutions pour approcher le palais des Nations à Genève ?
Mehdi Ben Hamida, le directeur de l’IIPJDH s’est contenté d’indiquer qu’il avait « travaillé trois mois pour faire venir Julian Assange », ajoutant, « Ce fut très difficile. Il est prudent ».
Un Assange passe et Bakchich trépasse.
Il est intéressant de voir dans les commentaires qu’Assange et Wikileaks ne sont pas tant soutenus pour leur volonté de faire jaillir la vérité que pour leur dénonciation d’éventuelles erreurs américaines. Que Wikileaks puisse se compromettre et être téléguidé ne choque pas ou ne semble pas crédible dès lors qu’on est d’accord avec son actuelle posture.
Pourtant le débat de Wikileaks est là. Assange et le comité Wikileaks positionne le site comme oeuvre de vérité mais y a-t-il une vérité dans des scoops publiés à chaud (il n’est ainsi pas anodin que la plupart des pays règlementent la publication d’archives avant une période de latence) ? Y a-t-il une vérité dans des révélations "choisies" ?
Peut-être Assange n’a-t-il aucun lien avec une nébuleuse islamiste ou n’importe quel autre mouvement de société. Mais il est toujours intéressant de savoir quel est le postulat subjectif de celui qui, parlant de vérité, met en général en lumière "sa" vérité.
Bonjour,
où voyez vous de la colère. N’avons nous pas parlé d’Assange, de la traque dont il est l’objet et ce depuis des mois ? Wikileaks est une très bonne chose, les médias aussi. Que Wikileaks utilise les medias ? Tant mieux si c’est pour faire connaitre des informations ! Mais devons nous dissimuler ce voyage en Suisse et la nature de l’ONG qui l’a suscité ? Ce n’est pas notre conception de l’information