Taoufik Ben Brik, poète et opposant au régime de Ben Ali, a été condamné, sans examen au fond, à une peine de six mois de prison ferme. William Bourdon, l’un de ses avocats, a écrit au président français.
Monsieur Nicolas SARKOZY
Président de la République Française
PALAIS DE L’ELYSEE
Rue du Faubourg Saint Honoré
75008 PARIS
PAR PORTEUR
PARIS, le 15 décembre 2009
AFFAIRE TAOUFIK BEN BRIK
Monsieur le Président de la République,
J’ai l’honneur de vous écrire en qualité de Conseil de Monsieur Taoufik Ben Brik dont la situation est suffisamment connue pour qu’elle ne mérite pas d’être rappelée.
Poète, opposant notoire au régime de Monsieur Ben Ali, il est actuellement incarcéré à quelques centaines de kilomètres de Tunis.
J’ai eu l’occasion de dénoncer, comme tous ses avocats tunisiens, la mascarade judiciaire à l’issue de laquelle il a été condamné – sans examen au fond – à une peine ahurissante de six mois de prison ferme.
Je puis attester, Monsieur le Président, de façon absolument formelle, du fait que le dossier de procédure qui a fondé cette accusation a été totalement fabriqué et s’inscrit dans une logique de vengeance personnelle du Président Ben Ali à l’égard d’un homme, dont le seul tort est celui d’avoir voulu user de sa liberté d’expression.
Les logiques de vengeance sont toujours meurtrières. En l’espèce, elles risquent fort de l’être dans la mesure où l’état de santé de Monsieur Taoufik Ben Brik ne cesse de se dégrader jour après jour.
Toute cette année 2009, il n’a pas pu voyager car sa fragilité immunitaire est telle qu’il est toujours en risque d’être exposé à de graves pathologies.
Je crois comprendre que sa famille arriverait à lui acheminer les médicaments qui lui sont indispensables mais sans en être certain.
Ses avocats tunisiens n’ont accès à leur client que de façon intermittente et certains d’entre eux sont systématiquement écartés de toute possibilité de lui rendre visite.
Son épouse n’a pu le rencontrer que quelques minutes, il y a quelques jours, sans avoir pu le revoir à nouveau.
Je me permets solennellement d’attirer votre attention sur les très grandes menaces qui existent aujourd’hui sur la personne de Monsieur Taoufik Ben Brik compte tenu de la dégradation de son état de santé.
Sa famille m’a demandé par la présente de vous alerter face à la menace de l’irréparable. La famille pense comme moi d’ailleurs que le Président de la République tunisienne n’est susceptible de mettre un terme à cette vie de vengeance que si la France lui adresse un message fort.
Nous comptons sur vous.
Vous remerciant de l’attention que vous voudrez bien accorder à la présente,
Je vous prie de croire, Monsieur le Président de la République, à l’assurance de ma très haute considération.
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