L’ennemi de la démocratie, et donc du monde civilisé, depuis le 11 septembre 2001 est universellement désignés : l’islamiste radical. Que faut-il en déduire ?
Cette mélopée, s’est déclinée sous toutes les variantes : vulgaire et caricaturale à Washington, plus policée et civilisée à Paris, Londres ou Bruxelles.
La réponse à la violence privée ou politique par la violence institutionnelle est bien ancrée aux Etats Unis. La barre des 1000 personnes exécutées depuis la réintroduction de la peine de mort en 1976 a été largement dépassée. Que certains membres d’Al Qaida soient torturés serait un moindre mal qu’il faudrait accepter. En filigrane, la loi du Talion n’est jamais très loin.
Le discours d’OBAMA au Caire pourrait annoncer une nouvelle frontière, mais, demain, comment réagiront les administrations américaines et européennes face à une nouvelle vague d’attentats massifs ?
L’obsession d’efficacité dans le climat sécuritaire actuel brisera t’elle toute nos digues y compris les plus intimes ? Comment réagirait-on à Paris face à une multiplication d’actes de sabotage industriels ou d’équipements publics ?
La question qui est posée en effet depuis l’opération menée à Tarnac en novembre 2008 et la qualification de terroriste dont ont hérité ceux qui ont été désignés bruyamment comme les suspects N° 1, nous invite à nous interroger : des nouveaux ennemis de l’intérieur pourraient-ils compléter demain les ennemis de l’extérieur. Un camp du mal hexagonal ?
Pourtant, les actes de terrorisme doivent porter atteinte essentiellement aux personnes.
Selon l’ONU, l’acte terroriste peut se définir comme :
« Tout acte commis dans l’intention de causer la mort ou des blessures graves à des civils ou à des non-combattants, (…) ». Aux termes de l’article 2 de la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme (1999), constituent des actes de terrorisme :
« Tout acte constituant une infraction au regard des [instruments universels contre le terrorisme] ou tout autre acte destiné à tuer ou blesser grièvement un civil ou toutes autres personnes qui ne participent pas directement aux hostilités (…). »
Ainsi, la notion d’entreprise individuelle ou collective ayant pour but de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur ne peut s’interpréter que comme une entreprise qui aurait pour objectif de tuer ou blesser grièvement autrui.
On rappellera par ailleurs que le gouvernement français donne une définition assez approchante dans le Livre blanc sur la sécurité intérieure face au terrorisme paru en 2006 :
"Tout acte qui vise à tuer ou à blesser grièvement des civils ou des non combattants (…)".
La seule extension possible du crime de terrorisme, c’est vers le crime contre l’humanité qu’il faudra un jour l’envisager si l’hyper terrorisme récidivait.
L’article 7 du statut de la Cour Pénale Internationale qui définit le crime contre l’humanité, rendrait cette extension possible et souhaitable.
Le prologue du cercle vicieux vertigineux qui peut résulter d’une extension de la qualification de terrorisme aux atteintes aux biens s’écrit peut-être sous nos yeux.
Organiser, ici ou là, un état d’exception permanent qui permettrait milles entorses à la loi ; ostraciser certains citoyens, parmi les plus radicaux ou protestataires, pour être hyper criminalisés ; ostraciser les plus déviants pour être hyper psychiatrisés. En d’autres termes, un régime des libertés publiques et de protection démocratique à deux vitesses, ne s’agit-il pas là en contrepoint, de l’idéologie qui protège les méritants et les gagneurs, qui accable les paresseux et les loosers qui se joue sous nos yeux à l’échelon hospitalier, éducatif et judiciaire.
Le venin de la lutte contre le terrorisme n’a pas fini de nous intoxiquer.