Des avions de Tunisair « flanqués au sol » parce qu’on en pique les pièces pour réparer les carlingues de la compagnie Karthago Airlines, propriété du frère de Leila Ben Ali ! Voici en tout cas le contenu édifiant de mystérieux courriers qui circulent parmi les cadres de Tunisair.
Une lettre anonyme de cinq pages dactylographiées se ballade au sein du personnel de Tunisair et met en émoi la direction de la vénérable compagnie aérienne, jadis fierté nationale. Poétiquement intitulée « Les nouveaux magouilleurs du ciel ou la danse du loup », cette longue missive relate dans le détail comment Tunisair se fait siphonner par Karthago Airlines, propriété du glouton Belhassen Trabelsi, frère de la vénéneuse Leila Ben Ali, pharaonne de Carthage et épouse du chef de l’État tunisien.
Très en verve, le corbeau débute sa lettre par une « analyse » des mœurs économiques et financières sous Ben Ali. En clair dans le texte : « vingt ans de bénalisme ont parachevé tout ce qui restait et nous rattachait encore à la Tunisie d’un point de vue institutionnel, politique, économique, social et éthique. Aux valeurs morales, délaissées, mais universellement reconnues, de sincérité, vérité, condamnation du vol, franchise, honnêteté, bravoure, bannissement de la corruption aide, entraide, loyauté…. La société tunisienne sous le règne de Ben Ali a cédé place et épousé les valeurs de mensonge, vol, hypocrisie, traîtrise, corruption, égoïsme, opportunisme, fraude, prostitution. À l’image de son chef, la vitrine est rose mais le jardin secret est gris, voire obscur. » Un constat qui, soit dit en passant, est aujourd’hui largement partagé par la bourgeoisie d’affaires tunisienne, lasse d’être rackettée par les « saigneurs » du benalisme.
Pour le corbeau, les « magouilleurs du ciel » n’ont pas échappé à l’effet Ben Ali. À le lire, « ces minables n’ont pas inventé la lune. La règle est simple : tu offres tes services gratuitement à l’une des familles qui pillent la Tunisie, la plus influente du moment, et tu grimpes rapidement tous les échelons jusqu’à la plus haute sphère du pouvoir. » Il en tient pour preuve les « cadeaux » offerts par certains dirigeants de Tunisair à la compagnie Karthago Airlines de Belhassen Trabelsi.
Extrait édifiant de sa lettre anonyme : « sachez que les repas à bord [de Karthago] sont offerts par Tunisair Catering, les services sont offerts par Tunisair Handling, les frais d’entretien, de maintenance et d’engineering des moteurs des avions sont à la charge de Tunisair Technics. À telle enseigne que les six appareils, propriété de Karthago Airlines, ont le privilège d’être entretenus en priorité, quotidiennement, avant ceux de Tunisair. (…) Plus que ça, il arrive le plus souvent qu’en cas de rupture de stock des pièces de rechange chez Tunisair, la pièce recherchée sera démontée de l’appareil de Tunisair flanqué au sol et remontée dans le moteur de l’avion de Karthago Airlines. Et ce, afin de rentabiliser au plus le nombre d’heures de vol des appareil de Karthago Airlines aux dépens de ceux de Tunisair. (…) Il arrive le plus souvent que l’appareil de Karthago Airlines s’opère en 4 ou 6 heures (avec des équipes de mécaniciens de renfort) et deux ou trois, voire quatre appareils appartenant à Tunisair en attente de 2 à 4 mois soient flanqués au sol. (…) Tous ces frais, je le répète sont gratis. »
À ces mœurs financières déliquescentes s’ajoutent des affaires de mœurs tout court qui concourent un peu plus à écœurer le management de Tunisair. Dernier extrait de cette lettre, pour la route : « le laxisme a frappé (et frappe toujours) de plein fouet dans la gestion quotidienne des affaires de Tunisair. (…) Une vidéo pornographique a circulé dans des milieux lumineux montrant un acte sexuel complet photographié par un appareil GSM entre un passager suisse et une hôtesse de l’air tunisienne dans les toilettes du vol TU0814 reliant Le Caire à Tunis. » Rien que cela !
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Bien bel article … basé sur une lettre anonyme !
A quoi sert un journaliste ?
Se contenter de raconter ce qu’il y a dans la lettre, tout le monde peut le faire .. d’ailleurs pourquoi ne pas avoir publié la lettre en intégralité ?
Pourquoi ne pas envisager un truc dingue ? Mener l’enquête pour vérifier le contenu de la lettre ….
Mais bon ok, c’est un truc de dingue !
Bien sûr, enquêter sur place, M Ben Ali ne demande que cela ! Voir plus haut ce qui arrive aux correspondants de la presse étrangère comme aux journalistes étrangers.
Ces réactions me rappellent celles lues dans la presse à l’époque du rideau de fer sur les prisonniers psychiatriques. Les soutiens du PC soviétique nous expliquaient que c’était de la désinformation car aucun journaliste n’avait pu ramener de preuve tangible.
Idem pour le chili avec le souriant pinochet, l’argentine etc etc . . .
C’est vrai que c’est beaucoup plus simple comme ça !
On dit qu’aucune enquête n’est possible comme ça on est tranquille et on diffuse tout et n’importe quoi !
Attention, je ne dis pas que ce qui est écrit dans la lettre est faux, je dis qu’on peut se bouger un minimum pour avoir un début de confirmation… Ca ne pourrait que donner plus de poids au sujet ..
Il n’est écrit nulle part que le métier de journaliste ne peut s’exercer qu’à Paris bien au chaud à la rédaction …