« Imed est le seul qui n’a pas de yacht ! »

Leila Ben Ali : Mais te revoilà. Je commençais à m’inquiéter de ne plus te rencontrer et bavarder avec toi…

Abdullah Mortachi : Tu sais, j’étais très occupé par le sale coup que les agents de ton mari ont fomenté contre le journal d’un ami. Ils ont soudoyé son imprimeur. Mais maintenant, c’est de la vieille histoire ; tout rentre dans l’ordre…

Leila Ben Ali : Moi aussi, j’ai eu quelques tracasseries avec lui. Figure-toi qu’il a ordonné de rétrocéder le yacht du Pédégé de la Banque Lazard et Frères que mon petit Imed avait fait acheminer à Sidi Bou Saïd. C’est lamentable de se comporter comme ça avec la proche famille.

Abdullah Mortachi : Mais c’est normal, ce bateau appartient à son propriétaire. De quel droit Imed se l’accapare-t-il ? A la place de ton mari Zinochet, je le jetterais en prison, ton petit Imed…

Leila Ben Ali : Oh, pas si vite ! Figure-toi que le seul dans la famille qui n’ait pas de yacht est bel et bien mon pauvre Imed ; Tous en disposent : Slim Chiboub, Slim Zarrouk, Sakhr Materi, mes frères Belhassen et Moncef. Les emplacements pour accoster au port d’El Kantaoui à Sousse sont devenus si rares que mon petit chéri Imed s’est contenté d’une place à Sidi Bou Saïd. Et voilà qu’on le prive de son joujou dont il a pris le plus grand soin en le repeignant et en cirant le parquet. tout cela, c’est la faute à Chirac, j’en suis convaincue…

Abdullah Mortachi : Mais pourquoi Chirac, quel rapport a-t-il avec cette affaire ?

Leila Ben Ali : Mais c’est l’ami personnel de ce Pdg de banque. Il a harcelé mon Zinou au téléphone pour rendre le bateau. Sans Chirac, le V58 Princesse serait toujours en Tunisie. D’ailleurs, comme me l’avaient appris mes profs de droit à Toulouse, ne dit-on pas que possession vaut titre ?

Abdullah Mortachi : Tu en fais trop ; ce yacht appartient à un particulier ; je crois qu’il est en droit de récupérer son bien.

Chirac explique que Zinou est un tenancier de bordel !

Leila Ben Ali : Non, je te dis que c’est la faute à Chirac. J’ai toujours dit à mon mari de se méfier de lui. Il n’a jamais été un vrai ami comme il le prétend en public. Sais-tu ce qu’il a dit récemment en privé et en marge de cette affaire de yacht ?

Abdullah Mortachi : Non, dis toujours…

Leila Ben Ali : Que mon mari était un gérant de bordel, ce qui veut dire que notre pays est un bordel…

Abdullah Mortachi : Ce n’est pas très faux, et puis comment as-tu appris cela ?

Leila Ben Ali : Grâce à mes flics, enfin grâce à mes oreilles à l’Elysée..

Abdullah Mortachi : Tu as des indicateurs à l’Elysée ?

Leila Ben Ali : Chut ! J’en ai même à la Maison Blanche. Mais laisse-moi te faire une confidence : je suis allée avec ma mère Hajja Nana allumer des bougies pendant trois nuits successives auprès des Marabouts Sidi Belhassen, Sidi Mehrez et Sidi Halfaoui. Et on a prié pour que le bateau de Roger Bruno explose en Corse à la première vendetta qui s’y produirait. Car on l’a usurpé à mon petit Imed après tout ce qu’il a entrepris pour l’obtenir. Mais ces gens-là ne veulent jamais nous laisser en paix. Tu verras que les saints qui me protègent et protègent ma famille viendront leur rappeler, à tous ces radins français, que bien mal acquis ne profite jamais…

Abdullah Mortachi : A bientôt Zinochette, je dois partir pour un rendez-vous.

Leila Ben Ali : Oui, au revoir ; mais reviens vite me voir. J’aime tant discuter avec toi quand je suis seule et que je n’ai pas de plan d’usurpation de biens d’autrui en chantier…