La 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris revenait sur les propos de Bernard Tapie accusant de "trucage" l’agence de reportage Capa.
La « bande de chez Capa » : des « escrocs qui bidonnent huit fois sur dix ». En décembre 2008, ces paroles tombent des lippes d’un expert en en journalisme, Bernard Tapie. À l’époque, la société Capa produit « Les infiltrés » sur France 2, émission d’investigation en caméra cachée, sont les méthodes font polémique.
Est-il légitime pour des journalistes, d’agir masqués ? Au même moment Tapie assure sa promo pour « Oscar », grotesque pièce de théâtre. Un journaliste de TV Mag lui demande alors, en substance « Qu’avez-vous à dire sur la controverse qui tourmente l’engeance journalistique, masqué ou pas masqué ? » La réponse fuse : « Capa, des escrocs ». L’agence porte plainte en diffamation. Ce jeudi 5 novembre, la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris revenait sur l’avis du grand expert.
« Considérer que l’agence Capa ne fait que bidonner est diffamatoire », estime Me Bourdon, l’avocat de l’agence d’Hervé Chabalier (et défenseur de Bakchich par ailleurs). D’autant que ces propos rapportés par « TV Mag » ont été renouvelés quelques jours plus tard au micro des « Grosses Têtes », la vitrine intellectuelle de RTL. Face à Tapie, on trouve alors un Philippe Bouvard, goguenard : « Vous accusez Capa de bidonnage : ils prennent ça très mal ». Tapie répond « s’en foutre », puis réitère : « C’est une agence qui ne fait que ça [du trucage] ». Face au tribunal, Me Bourdon s’interroge « M.Tapie est-il le mieux placé en France pour faire la leçon ? » puis avance une explication à cette attaque contre l’investigation radicale : « Si une caméra l’avait secrètement suivi quand il a obtenu ses faramineux dommages et intérêts, on aurait eu accès à de fâcheux fragments de vérité ».
L’argument fait pouffer la défense : « Filmer quelqu’un à son insu, voilà l’escroquerie intellectuelle ! » , se gausse Me Témime. Placer dans la même phrase « escroquerie » et « intellectuelle », à propos de Tapie, voilà un avocat qui connait son client. Ou qui a lu notre enquête sur les liens entre l’homme d’affaires et la mafia new-yorkaise, parue dans Bakchich Hebdo n°4.