Un gros voile sur les finances de la Coupe du Monde en Afrique du Sud plane… qu’une décision de la Haute Cour de la Province du Gauteng risque de dissiper. Un bel orage en perspective !
16 ans après la fin de l’apartheid, « une expérience qui n’a pas marché », dixit le texte officiel de son abolition, l’Afrique du Sud accueille le monde pour la grand-messe du football. Une pression intense qui monte, des milliers de pressions qui vont descendre et une ambiance au couteau. Non, non, il ne s’agit pas des craintes de violences dans un pays gangrenés par les gangs… Ni de la tension à l’approche des matchs de football qui vont embraser la terre entière, ou des gazettes qui multiplient les articles sur le sujet.
La tension a grimpé d’un cran entre Sud-Africains. Et plus particulièrement entre l’un des plus grands quotidiens du pays, le Mail and Guardian où Zapiro, le plus célèbre des caricaturistes bafana commet ses forfaits, et le Comité local d’organisation du Mondial (World Cup local organising committee alias LOC).
Par une décision de justice rendue le 8 juin dernier, le Loc se voit contraint (bénies soient les lois sud-africaines sur la presse) de fournir tous les documents qu’elle a en sa possession relatifs aux contrats passés pour la Coupe du Monde. Bref, un oukase de transparence sur le business du foot imposé par la Justice !
« Refuser l’accès à ces documents permet à l’organisateur de cet événement de cacher aux yeux du public des documents qui pourraient dévoiler des preuves de corruption », a tonné la Haute Cour la province du Gauteng.
A croire que les gratte papiers sud-africains trouvent à redire sur les multiples contrats et arrangements passés pour préparer la grand-messe du football, sport toujours propice aux débordements financiers, comme le décrit Bakchich Hebdo 28.
Et la parution de ces documents, dans les 30 jours qui suivent la décision de justice, précise le M&G, risque de troubler bien plus que les eaux sud-africaines.
Nul contrat du Loc n’a pu être établi sans l’aval et l’accord de la toute puissante Fédération internationale de Football, la Fifa, et son président, Sepp "Le couillu" Blatter.
Et ce, comme en atteste le superbe document que Bakchich a dégotté, du fin fond de ses tiroirs. "The Organising association agreement" entre la fédération sud-africaine de football et la divine Fifa.
Première incongruité du document, sa date de signature. Alors que le Mondial n’a été officiellement attribué qu’en 2004, les paraphes du documents mentionnent l’étonnante date du 4 août 2003. La nomination de l’Afrique du Sud n’était pas biaisée quand même ?
Et à parcourir l’ensemble des tâches assignées par la Fifa à l’Afrique du Sud, ressort l’étrange impression que c’est un suzerain qui ordonne à un vassal de lui obéir…
« Tous les contrats qui ont trait à l’organisation de l’événement doivent être soumis à la Fifa, 20 jours avant leur exécution », précise l’accord. « Le comité local d’organisation devra intégrer toutes les remarques faites par la Fifa ».
Taxes dont la Fifa doit être exemptée, nombre de photocopieurs mis à disposition, protection contre d’éventuelles poursuites. Tout y passe. Et l’organisation de Sepp le couillu de se retrancher derrière une muraille de précautions pour qu’à aucun moment elle ne puisse être atteinte. Ou perdre un seul dollar dans l’affaire…
Dernière petite précision de taille, le document ne doit bien sûr pas être rendu public, et il s’agira de limiter sa connaissance aux seules instances suprêmes de la Fifa « y compris son comité exécutif et son comité financier ». Bref, de cacher le ballon pour ne pas y terminer ?
On connaissait son fameux slogan « for the good of the Game » ; on pourra maintenant lui adjoindre, « for the good of the FIFA » ou encore, troussé de manière un brin plus polémique encore, « ce qui appartient à la FIFA appartient à la FIFA ; ce qui appartient au pays organisateur est toujours négociable »…
Quitte à ce que le foot saigne l’Afrique du Sud, pour des années, comme le décrypte Bakchich Hebdo 28.