Samedi dernier, Bakchich a battu le pavé avec des manifestantes pour qui l’égalité homme-femme reste un mirage. Qui ne fait frémir qu’Éric Zemmour et autres testosthéoriciens de la "crise de la masculinité".
Bakchich a battu le pavé avec les féministes du Collectif National du Droit des Femmes (CNFD, rassemblant une centaine d’organisations) samedi 17 octobre entre Bastille et Opéra. 15.000 personnes (surtout des femmes) bravant la pluie pour rappeler à nos consciences endormies que l’égalité homme-femme, théorique et gravée dans le marbre de la loi, est un mirage qui ne fait frémir qu’Éric Zemmour et autres testosthéoriciens de la « crise de la masculinité ».
Premier constat frappant, beaucoup de jeunes femmes regardant interloquées le défilé passer sous leurs yeux sans ressentir le besoin urgent de s’y joindre pour défendre l’émancipation des femmes. Le « on n’était pas au courant » concurrençait assez largement le « c’est contre la burqa ? ». La conscience féministe aux alentours des Galeries Lafayette a encore du chemin à faire.
Une ado portant haut la mini-jupe (acquis étendard du féminisme) nous lâche entre deux considérations politiques de haut vol « ces meufs, c’est toutes des hystériques ». Hystériques ? Nos amis d’Osez le Féminisme reviennent sur leur site internet sur cette légende urbaine issue du fond des âges.
« Du grec hysteria, l’utérus. Pour Hippocrate, l’utérus, petit animal capable de se déplacer dans tout le corps, est le siège de la maladie hystérique. La femme n’étant pas capable de maîtriser son corps, l’utérus baladeur doit être maintenu à sa place, au risque de provoquer par ses mouvements les symptômes de la maladie. Le remède heureusement est simple : l’hystérie, maladie féminine, se traite par des rapports sexuels (hétérosexuels, évidemment) réguliers et la maternité, seuls moyens de garder le petit animal vicieux à sa place ».
On fait part de cette belle science à la demoiselle, qui nous quitte en maugréant « ouais, je me comprends ».
Deuxième observation, plus drôle, la petite surprise du préfet qui a le sens du décorum. 80% de l’encadrement policier visible était féminin (hors robocops planqués dans les rue adjacentes à la place de l’Opéra). Elles en pensent quoi les fliquettes ? « C’est pas toujours évident dans les commissariats ». Les bleuettes seraient prêtes à manifester pour défendre la cause ? Petite moue réprobatrice. Pas encore mûres pour fraterniser avec la foule.
Retour dans la manif’, là où la conscience féministe est forcément plus aiguë. On cherche, on cherche, mais on ne trouve pas. Aucune organisation de droite. Simone Veil n’a pas fait de petites. Pourtant, on se souvient de notre bon président au soir de sa lyrique prise de pouvoir : « Je veux dire à toutes les femmes martyrisées dans le monde […] que la fierté et le devoir de la France sera d’être à leurs côtés. »
Depuis, en dehors de nominations ministérielles très médiatiques, Sarko n’a pas vraiment fait avancer la cause féministe dans l’Hexagone. Une des dernières trouvailles gouvernementales pour gratter au porte monnaie des Français(e)s n’est rien que la remise en cause des retraites des mères de familles. Beau symbole imaginé par un gouvernement à la réaction pleine d’humour pour fêter les cent ans du congé maternité quand les femmes sont les premières victimes de la crise.
La crise est comme ces fauves affamés, elle s’attaque en premier lieu aux plus faibles. La directrice du Bureau du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM) de Bruxelles, Osnat Lubrani, soulignait devant le parlement européen le 30 septembre « les femmes, surtout les immigrées et/ou les plus pauvres, ont été plus durement frappées par la crise financière que les hommes » tout en soulignant « l’aggravation de la pauvreté et des violences subies par les femmes ».
Selon le Bureau International du Travail (BIT), la crise va engendrer 22 millions de chômeuses en plus. La Directrice du Bureau pour l’égalité entre hommes et femmes, Jane Hodges affirme « avec un taux d’activité plus faible, une maîtrise plus rare de la propriété et des ressources, une concentration dans l’emploi informel ou vulnérable, des rémunérations moindres, et moins de protection sociale, tout cela met les femmes dans une position de plus grande faiblesse que les hommes pour surmonter les crises ».
Côté France, le constat est en l’occurrence peu glorieux. En moyenne, les femmes gagnent 25% de moins que les hommes et assurent 72% des tâches domestique. Une femme meurt sous les coups de son conjoint tous les deux jours et demi et la comptabilité des viols révèle une réalité atroce : une femme est violée toutes les 10 minutes dans l’Hexagone. Des chiffres qui traduisent un phénomène de société où se mêlent sexisme ordinaire, inégalités salariales, avancées des obscurantismes religieux ou montée de l’assujettissement des corps aux lois du marché.
La testostérone tue et brise des vies chaque jour, tandis que chacun s’accordera pour dire que le féminisme n’a jamais tué personne. Le 17 octobre était « une première étape, nationale » pour « relancer le combat féminisme ».
A lire ou relire sur Bakchich.info
Tout d’abord, merci pour votre article, quand la presse "officielle" (publique et privée) n’a fait état qu’en pointillés de la manifestation organisée samedi dernier. Par contre, deux petits bémols, si vous me le permettez. Tout d’abord, le titre "les féministes remontent au front". Je le trouve très réducteur et pour le coup, négatif. Car il ne s’agit pas de féministes, nous ne sommes plus au temps du MLF avec toutes ses dérives sexistes que l’on ne peut que déplorer. Il s’agit de femmes ET d’hommes qui estiment que la condition faite aux femmes aujourd’hui, tant en France que dans le monde entier, est une grave atteinte à l’Humanité dans son ensemble. Certes, on me répondra que c’est facile pour moi qui suis une femme, de me plaindre de cette condition. Bien au contraire, je suis très fière de ma féminité et j’estime, comme de très nombreux de mes congénères, tant féminins que masculins, que l’Humanité ne pourra que mieux se porter d’une véritable reconnaissance des femmes.
Deuxièmement, je ne vois pas l’intérêt d’évoquer Zemmour en tête d’article. Ce journaliste, au demeurant estimable par d’autres côtés – ne serait-ce que de part son attachement aux vraies valeurs républicaines de la France (valeurs bien mises à mal ces derniers temps, il est vrai), ne mérite pas que l’on mette en avant son « anti-féminisme ». C’est lui donner bien plus d’importance qu’il ne mérité sur ce sujet ! Car sur ce sujet (les femmes), il ne fait preuve que d’ignorance et d’esprit frappé d’obscurantisme cher à notre éducation judéo-chrétienne.
Donc, les femmes redressent, doucement mais sûrement, la tête, n’en déplaise à certains, et ce ne peut être qu’un grand bienfait pour l’humanité. Evitons les raccourcis simplistes qui voudraient (comme le dit Papapio), que nous, Femmes, nous voudrions garder le « monopole » de l’éducation des enfants et ne saurions rien faire d’autres que faire payer ses « pères » malheureux dont nous aurions abusé si injustement. Dans les faits, ce sont les femmes qui, effectivement, assument – entre autres – cette responsabilité. Mais est-ce vraiment une volonté délibérée ? Ne serait-ce pas, malheureusement, dans un bon nombre de cas, une obligation ? Y compris pour celles qui (comme moi) ont la chance de vivre avec un époux respectueux, par ailleurs, de leur femme ? Je ne remettrai jamais en cause la place du père dans la vie d’un enfant. Elle est tout autant primordiale que la place de la mère et indispensable à l’équilibre des enfants. Mais ne rejetons pas sur les autres, hommes ou femmes, nos propres défauts.
Le combat (car il faut bien le reconnaître, c’est une véritable guerre qui est menée aujourd’hui contre les femmes de part le monde) est donc loin d’être gagné, la lutte sera longue, mais je suis heureuse de voir que des femmes redressent la tête et, avec l’appui de leurs pères, conjoints, fils, décident enfin de crier haut et fort que nous sommes des êtres humains à part entière. Cette reconnaissance est indispensable à la construction d’un monde qui remettra l’Humanité au centre de toutes les préoccupations.
CAT, (avec autant de respect que possible pour cette hypothése), si vous deviez envisager une séparation d’avec votre Mari (pour lequel vous dites avoir le plus grand respect), considéreriez vous qu’il deviendrait "Simpliste" de réclamer LEGITIMEMENT la Résidence alternée de vos Enfants Communs ?
CAT, S’il vous plait, lisez ce témoignage de Anny Dupérey, dont voici extrait : …"s’il m’avait pris une envie de guerre à travers les enfants, j’avais toutes les armes en main et lui aucune. C’est affreux. Seulement voilà, jamais une seule seconde je ne me suis sentie propriétaire de mes enfants, ils ne sont pas un appendice de moi, ni des otages, et je ne m’arroge aucun droit de les frustrer de leur père"……et merci d’entendre.
Bon, moi j’y étais aussi à la manif, alors faut pas déconner, s’il y avait 3000 personnes c’était bien le bout du monde. Et sûrement pas "15 000".
Quant à la droite, oui, effectivement, personne, mais la cinquantaine de manifestants derrière la bannière du PS c’était pas beaucoup plus glorieux. Le plus gros cortège c’était celui du NPA.
Et pas d’Elisabeth Badinter non plus à l’horizon… qui a donc le "féminisme" très relatif.