Notre vieux con Jacques-Marie Bourget se voit hérisser par la dernière trouvaille de Pépy, les trains pour chérubins…
Guillaume Pepy, le pdg de la Sncf n’a sans doute pas d’enfants, ou de petits neveux. Pour comprendre le fonctionnement des petites têtes, il doit se crever les yeux à la lecture de Parents, Elle et autres magazines pour nanas qui se cherchent.
Dans ce miel psycho, il a découvert la dureté de l’enfant, sa complexité, ce côté sauvage qu’il est si difficile de domestiquer.
Pépy a découvert qu’être parent est un sacré boulot, autant dire un travail d’expert. Guillaume a ainsi appris que, débranché de Walt Disney, l’enfant est en danger, tel le cosmonaute sortant dans l’espace sans être attaché à son vaisseau par une ficelle. Monsieur Pépy a soudain été conscient du risque qu’il prenait, dans ses TGV, à transporter des gosses dans des conditions si périlleuses, celles que les amies de la revue Psychologie réprouvent. Comment oser exiger d’un enfant qu’il soit sage pendant trois heures ? Comment oser exiger des parents qu’au lieu de lire L’Equipe, d’écouter Madonna sur Mp3 ou de regarder Clavier sur DVD, ils s’occupent de leur enfant afin de l’amuser ou de l’instruire en silence ? Par exemple en lui parlant…
De Cromagnon à Pépy, un long chemin parfois sans fer, l’enfant faisait partie d’une engeance que l’on nommait famille. A elle de se débrouiller pour apprendre les signes de piste de la vie aux gamins, afin qu’ils aient un destin meilleur que celui des parents. Etre sage, jouer avec des cubes ou des autos Dinkie Toys, ne pas emmerder les adultes était la règle commune, un enfant « mal élevé » étant la honte. Sur l’échelle sociétale de Pépy (pour parler le Touraine), être l’heureux père-mère d’un minuscule tyran qui hurle dans un wagon indique des géniteurs trop heureux d’avoir un héritier « totalement libre dans son expression ».
Depuis que les enfants été couronnés rois, le monde occidentalo-bobo est encombré d’enfance. Tellement, que même les vieux veulent rester jeunes dans une société norme CM1. Regardez, de minuscules bébés sont brouettés dans de colossales poussettes occupant tout le trottoir, les voitures n’ont plus de banquette arrière, sinon un « siège bébé ». Si vous n’êtes pas un enfant vous êtes un con, et les mioches prennent les places assises du Métro alors que les vieux restent debout. L’aboutissement, la fabrication du symbole, est dans ce « TGV Enfants ».
Côté pratique, j’ai été client témoin des amuseries qui menacent les trains filant vers le sud. En route vers Angers, assis dans mon siège de deuxième classe à côté d’une amie, j’ai été surpris de voir débarquer un groupe de dingos hurlants. Croyant à un bizutage de carabins, j’ai poursuivi avec ma voisine, ma passionnante conversation. Quand un jeune type est venu me faire « Chut ! Ecoutez les comédiens ! ».
Ah bon, avec la nouvelle Sncf, acquitter le prix d’un billet ne veut plus dire que l’on a le droit de causer à son voisin. Une annonce, lancée dans le haut parleur du wagon, nous a informés que nous avions eu la chance d’avoir eu notre esprit élevé par un groupe de comédiens… Merci le rail, le TGV est vraiment une bête humaine.
Dans l’esprit de ce train pour enfants je propose la création de rames pour téléphoneurs. Ainsi ma lecture de « L’Homme sans qualités » ou du « Courrier de l’Ouest » ne sera plus perturbée par les appels de Suzanne à ses 8 cousins, prévenus un à un que le train n’arrivera pas à 11 heures 10 mais 11 heures 11, ou encore par le mec à mallette de cuir, et abonnement à « L’Express », qui téléphone à sa banque pour acheter du Madoff.
Enfin, cher Pépy, revenons aux wagons pour femme seules. Il y a 90 ans ce genre de voitures faisait le bonheur d’Alphonse Allais. Quand il pénétrait, volontairement, dans ces voitures exclusivement féminines et que les dames hurlaient, il répondait sans se démonter : « Mais je suis madame Dieu Lafoi ! ». Du nom de cette archéologue qui a été la première française à être autorisée, par décret ministériel, à porter un pantalon. Puisque l’on est toujours l’imbécile d’un autre, observez, très cher Guillaume, que j’ai eu l’habileté d’esquiver le retour du boomerang en évitant de vous proposer le lancement sur rails de TGV pour cons.
A lire ou relire sur Bakchich.info
J’eusse aimé écrire un billet non-doux sur le même sujet. Lorsque je voyage à destination de Lutèce, je n’oublie jamais de cocher la case "zen" de mon IDTGV !! L’autre partie de l’IDTGV ( formule non zen )promet aux voyageurs une animation à tous les étages et des sonneries de portable, assorties de conversations ineptes et bruyantes. "Allo, oui je suis dans le TGV. J’arrive !"
Je vis dans une grande ville de province où les poussettes "profilées", alourdies de courses Auchan, bouchent toutes les entrées de tram et de bus. Où il faut presque s’élancer pour sauter par-dessus, afin d’entrevoir la sortie…
Longue vie à Jacques-Marie Bourget !!
Aziyadé, ex-Tartiflette
Mieux : en ces temps de marasme économique, relançons l’activité des boîtes de high tech nationales en équipant les TGV de brouilleurs de téléphone portables. Les barbouzes de la Piscine pourront conseiller des modèles éprouvés.
Pour les pauvres clampins à l’éducation dépassée (qui a dit ringarde ?) qui comme moi prennent le TGV deux fois par semaine pour leur travail, et sont harcelés par ces crétins grossiers de managers à deux ronds incapables d’attendre une heure pour raconter leur vie, ça leur ferait des vacances…