Après 10 ans de patience, l’éternel numéro deux derrière les présidents de la SNCF vient d’accéder au poste suprême : celui de patron des cheminots.
Sûr que la SNCF est entrée dans une ère décoiffante. À une femme, l’ex-UDF Anne-Marie Idrac, qui a brièvement présidé l’entreprise, vient de succéder un cheminot bobo. À la SNCF, on a les mains calleuses et les bras velus. Ce qui n’est pas le cas du nouveau président, Guillaume Pepy – malgré les séances de musculation qu’il s’inflige. Avec son scooter, ses rollers et son jogging matinal, Guillaume Pépy paraît plus proche de Christian Lacroix – à qui il a confié la décoration de certains TGV –, que d’Émile Zola.
En réalité, Guillaume Pepy ressemble plutôt à un Tony Blair des chemins de fer. Ancien dircab de Martine Aubry, cet énarque aux allures de moine soldat a vite abandonné, en se frottant au terrain, la raideur doctrinaire de son ancienne patronne. Après un aller-retour entre les ors des ministères et du conseil d’État, ce natif de Neuilly s’est réfugié en 1993 à la SNCF. Qu’il abandonne cependant juste avant la grande crise de décembre 1995 pour faire sa seule incursion dans le privé, à la Sofres. Mais c’est pour mieux revenir en 1997. Éternel numéro 2 de Louis Gallois. Il apprend à être tantôt social, tantôt libéral, en fonction des gouvernements.
Sous la houlette de ce social-libéral, le service public à la française développe à l’excès ce qui est porteur – le TGV avec des tarifs en folie –, délaisse les boulets – le fret –, et transmet aux élus régionaux la facture de ce qui ne peut avancer qu’à coup de subventions, les TER. Le tout avec une baisse sensible des effectifs. Bien sûr, le vibrionnant et médiatique taulier n’a pas évité aux grèves d’éclater comme celles de fin 2007 sur la réforme des retraites. Mais il a su limiter la casse là où la raideur un peu altière d’Idrac indisposait les chatouilleux syndicats.
C’est pour cela que la droite l’aime bien et qu’au gouvernement, Xavier Bertrand aurait eu le dernier mot sur sa nomination alors qu’Idrac tenait la corde pour être renouvelée. Avec Pepy, Sarko poursuit l’ouverture. Il faut dire aussi que cela fait plusieurs années que cet affectif fait campagne à l’intérieur. « Excusez-moi, il faut que j’aille saluer mon agent », expliquait-il ostensiblement lors d’un arrêt de son TGV en gare.
La SNCF, Pepy l’a dans la peau au point d’avoir adopté la très sobre chemisette du contrôleur discrètement siglée SNCF. Ou de se laisser déborder par son inconscient qu’il a exubérant. « Je suis derrière les contrôleurs », expliquait-il à des journalistes après l’agression d’un contrôleur. C’est que Pepy aime bien parler aux journalistes. Faisant copain copain avec eux, adepte d’un parler vrai qui se mue parfois en langue de bois, il a réussi à embobiner quasiment toute la presse. Laquelle fait souvent office de super service de communication de la SNCF. Histoire de faire oublier que les catastrophes comme celle du fret, que le nouveau numéro 1 va devoir gérer, sont le résultat de l’action de l’ancien numéro 2…
Des milliers de KM de voies ferrées non entretenues, des retards énormes, 8000 suppressions de postes, le FRET exterminé pour toujours plus de camions polluants et puants…. Voici le bilan des 2 responsables du gâchis, GALLOIS ET PEPY !
Bravo ! Qui en redemande ?