La Cour des comptes, qui effectue en ce moment un contrôle général de la SNCF, brûle d’envie de s’attaquer à la jungle des tarifs des billets de TGV. « Une vraie loterie », reconnaît un gradé de la vénérable institution.
Régulièrement, c’est-à-dire tous les quatre ou cinq ans, l’institution présidée par Philippe Séguin va mettre son nez dans les affaires des grosses institutions ou entreprises publiques. Depuis peu, elle s’occupe à nouveau de la SNCF, source inépuisable d’inspiration.
Un contrôle général sur l’établissement public est ainsi en cours. Ce qui n’interdit pas à la Cour, comme elle l’a fait par le passé, de s’intéresser parallèlement à des pans très pointus du groupe. Comme des filiales les plus obscures, ou un aspect de la politique commerciale de l’entreprise. Rien n’est encore décidé mais visiblement la politique tarifaire de notre beau « service public à la française » donne des fourmis dans les jambes à certains gradés de la Cour. « Une vraie loterie ! » , reconnaissait l’un d’entre eux en marge de la remise du rapport public annuel, la semaine passée.
Il est vrai qu’avec des tarifs TGV qui, sur internet, varient du tout au tout en fonction de la demande, - un petit malin peut même trouver des places en 1ère classe moins chères que les secondes ! - c’est la grande confusion. Et s’il existe encore des tarifs sociaux, on peut se poser la question : avec des prix pratiqués presqu’à la tête du client, les missions de service public sont-elles respectés ?
Certaines associations d’usagers l’ont d’autant plus saumâtre que la boîte d’Anne-Marie Idrac a instauré il y a peu une taxe qui frappe les instables. Il en coûte maintenant un peu d’argent au voyageur d’échanger son billet à la dernière minute pour sauter dans un autre train.
Visiblement, les grincheux qui n’apprécient pas les dernières nouveautés commerciales n’ont pas su trouver les bons canaux pour se faire entendre. Preuve que la SNCF ne jure désormais plus que par la loi de l’offre et de la demande, et à l’instar de nos politiques les plus éclairés, elle effectue des sondages auprès de la clientèle pour savoir si celle-ci souscrit aux dernières trouvailles tarifaires, comme les promotions express. « Nous le faisons très régulièrement. Et si jamais on voit que la clientèle décroche, nous pouvons très vite rectifier le tir. L’objectif ultime est de remplir le plus possible nos trains », détaille ce responsable.
Bref, pour une réclamation, ne vous adressez-plus au bureau du chef de gare, mais voyez avec les sondeurs.
C’est une question de choix de société : si l’état décide que le service public doit "s’auto-financer" ou "être rentable" (bref ne le finance plus à hauteur de "ses ambitions"), ce sont là les meilleures méthodes pour survivre (et donc continuer par ailleurs à founir "un" service public) qu’il restent à l’entreprise . Il me parait intellectuelement malhonnette (ou schizophrène) de vouloir en faire porter la responsabilité à la cupidité des responsables des établissements "de service public". Les choix (des) politiques sont le reflet des choix des Français (lors des élections qui valident un choix de société) : à eux de voir, donc ! (voire d’assumer)
Ensuite sur la forme, il ne faut pas occulter que ces nouvelles méthodes -bien que maladroitement appliquées- permettent aussi à chacun de trouver des tarifs inimaginables il y a encore quelques années …
Enfin ces méthodes sont "à l’oeuvre" dans d’autres secteurs (hotellerie, aérien, locations,…) depuis longtemps sans que cela ne choque personne. Ainsi, vaut il mieux (encore un choix de société) laisser le champs libre aux low cost, poluantes, accessibles quasi exclusivement en automobiles (donc écartant de fait la part de la population la moins favorisée) et fortement subventionné par les CCI et les collectivités locales seules sur le terrain du transport "à bas coût" (pour le passager) ?
moi pour faire Bruxelles-Paris à un tarif raisonnable tout en restant libre de rater mon train ou d’en changer, j’ai fini par faire Bruxelles St Quentin en voiture et le reste en Corail. Merci la sncf… Ceci dit le Corail a bien des avantages : entre autres on y trouve peu de jeunes cadres dynamiques se brainstormant sans pudeur.
et pour avoir un accès clair et complet aux horaires et itinéraires des trains, je vais sur le site de la Deutsche Bahn (on peut le mettre en français). Merci la sncf…
En effet ça fait un bail que la Sncf ne se comporte plus comme un service public. Plutôt que d’être réservés à certaines catégorie (chômeurs, retraités, famille nombreuse, pauvres…), les tarifs réduits sont la plupart réservés aux "plus "malins" (premiers arrivés = premiers servis, il n’y en a pas pour tout le monde, comme pour la carte 12-25 pour laquelle le nombre de places -50% est limitée par train !!?) ou aux seuls internautes (scandaleux pour un service public !!!).
Exemple parmi d’autres de la jungle des tarifs : pour un long trajet récent j’ai payé 72€ contre 71€ pour un ami qui a acheté pour l’année la carte "escapades" ! Ce serait risible si cela ne s’inscrivait pas dans la logique de marchandisation générale des années actuelles…