Le Tour de France a dévoilé son tracé ce matin à 11 heures. Mais la grande boucle a déjà perdu un partenaire. Les grandes chaînes allemandes ont renoncé à la retransmettre : le dopage mine l’audimat.
Les sociologues de comptoir du café des sports affirment haut et fort que le public s’en fout du dopage. L’un d’entre eux, Christophe Brissonneau, – ancien triple sauteur de niveau national et enseignant à l’université Paris-Descartes – dans une interview récente parue dans le quotidien Libération, nous sort le faux truisme éculé du public qui, en raison des efforts proposés aux forçats de la route, admet et excuse le dopage : « La réflexion des gens au bord des routes du Tour peut se résumer à : ces gens sont des travailleurs de l’extrême. Ils prennent des produits pour tenir la cadence et monter tous ces cols. Encore aujourd’hui, il y a une saturation, non pas du dopage, mais des affaires de dopage dans l’opinion. Les gens veulent voir du fantastique. Et c’est nous, les observateurs, qui voulons de l’éthique, de la pureté. Les gens ne veulent plus entendre parler du dopage comme un problème ou comme un scandale. »(Libération 13/10)
On ignore sur quelles études il s’appuie pour être si péremptoire et si peu adepte du principe de réalité. D’ailleurs, il n’est pas le seul puisque l’ensemble des médias nous rabâche à l’infini que les téléspectateurs, mais aussi les spectateurs, n’en ont rien à faire que les forçats de la route soient assimilés à des « cornues pédalantes ». Pour cela, ils mettent en avant le grand nombre de spectateurs massés sur le bord des routes et toutes les manifestations d’engouement populaire qui traduisent l’attachement du public à l’épreuve, en dépit de la triste publicité faite par les affaires de dopage. Dans l’enthousiasme général, on annonce même régulièrement que l’on a battu des records d’assistance. Impossible à vérifier. En revanche, on peut se fier aux enquêtes d’audimat, un bon indice de l’opinion publique, et lire aussi les commentaires à leur propos : « Le dopage n’a pas forcément une influence négative sur le succès médiatique de l’épreuve », explique Patrick Ballarin, directeur de TV performance. « On avait déjà pu mesurer cela à la fin des années 1990 lorsque l’affaire Festina a éclaté » (Le Monde 08/07/2007). Bizarre tout de même. Nous nous sommes procurés les chiffres pour nous apercevoir que ceux-ci sont en totale contradiction avec cette analyse (cf tableau).
Année | Moyenne des audiences | Affaires de dopage |
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