Grâce au ministère de l’Intérieur français, des banquiers algériens condamnés à dix ans de prison dans leur pays coulent des jours heureux à Paris… Elle est pas belle la vie ?
Il n’y a pas que la Grande-Bretagne qui héberge des banquiers algériens en cavale tel Abdelmoumène Khalifa. La France ne fait guère mieux. C’est notamment le cas des sieurs Ahmed et Mohamed Ali Kherroubi, respectivement père et fils mais, surtout, ex-Pdg et ex-directeur régional de la BCIA, feu la Banque commerciale et industrielle d’Algérie. Tous deux ont été condamnés le 1er mars dernier à dix ans de prison par la cour criminelle d’Oran dans l’affaire de la faillite de la BCIA au terme d’un procès folklorique. Plus connue sous le nom de l’affaire des « traites avalisées », le scandale de la BCIA concerne tout de même un détournement de fonds publics de 13 milliards de dinars (environ 130 millions d’euros, NDR) au détriment de la Banque Extérieure d’Algérie et effectué par l’intermédiaire d’employés de la BCIA (cf. Crise de nerfs au tribunal d’Oran in Bakchich #9 du 21 novembre 2006)…
La justice algérienne a parfois de drôles de méthodes. Pendant le procès de la BCIA, l’acte d’accusation a reposé sur les travaux d’un soi-disant « expert » qui non seulement n’était pas assermenté mais en plus n’avait même pas prêté serment devant le magistrat instructeur ! Bien sûr cette anomalie a été ignorée par le tribunal criminel d’Oran…
Rusés renards, les Kherroubi père et fils se sont empressés de décamper en France dès qu’ils ont senti le vent tourner. Ils coulent aujourd’hui des jours heureux dans la partie la plus huppée du XVIè arrondissement parisien d’où ils crient leur innocence. Merci qui ? Merci le ministère de l’Intérieur français qui leur a accordé l’asile territorial pour « raisons de santé », des dérogations sur lesquelles ledit ministère exerce un monopole absolu. Le prochain locataire de la Place Beauvau sera-t-il aussi compatissant avec les banquiers algériens en cavale ?