Dans cette course à l’échalote qu’est la succession de François Hollande, Martine Aubry dispose d’un allié supplémentaire ; mais en dehors du parti socialiste. Allié de plus inattendu puisqu’il s’agit de Patrick Devedjian, secrétaire général de l’UMP, entre autres fonctions. N’a-t-il pas déclaré dimanche 31 août sur RTL que la fille de Jacques Delors était « le postulant le plus dangereux pour nous » parmi la quasi demi-douzaine de candidats au poste de premier secrétaire ? Si ce n’est pas une pression sur les adhérents du PS lorsqu’ils feront leur choix à Reims en novembre, ça y ressemble beaucoup.
Pourquoi cet implicite soutien à Martine Aubry, qu’un esprit non prévenu ne peut juger qu’incongru et un brin déplacé ? Pour lui nuire parce que l’adversaire dirait du bien d’elle ? Pour pousser à la désignation de celle qu’il croit, en fait, la plus dangereuse pour son parti ? Ça se pourrait bien. Au Royaume des faiseurs de coups tordus, Patrick Devedjian est de ceux qui sont assis à la droite du Père. Faisons le crédit aux membres du parti socialiste qu’ils ne se laisseront pas prendre à cette intervention de mauvais goût.
D’autant qu’est suffisamment compliquée la situation intra muros de ce mouvement qui n’a que trente-sept ans d’âge, puisque créé par François Mitterrand au congrès d’Epinay en 1971, pour qu’un tiers ne vienne pas y mettre son grain de sel. Compliquée, si ce n’est dramatique. Nulle idée, nulle conviction, nulle envie d’améliorer le sort des défavorisés qui apparaîtrait clairement aux yeux de tous dans le pays ; mais le seul souci d’être le chef, le number one !
A cette fin, des alliances et des ruptures, parfois simultanées, qui fleureraient bon la comédie de boulevard s’il ne s’agissait de souligner, autrement que par des phrases plates, banales et lacunaires, la désespérante situation des plus démunis, sans même parler de l’inquiétante dégradation des libertés pour laquelle le PS brille par son silence. En dehors de seconds couteaux, il ne s’est guère trouvé de membres de la direction actuelle, sinon très incidemment, pour s’insurger contre le fichier EDVIGE qui, sur le papier, menace tout habitant de plus de treize ans de se retrouver fiché. En toute dernière extrémité, il a fallu que François Bayrou se manifeste sans détour sur le sujet pour que le PS l’imite et demande, deux mois après sa publication ! le retrait du texte.
Il existe pourtant en France une grosse partie de la population qui représente un courant de pensée et de réflexion qu’on identifie sous le nom de « gauche ». Mais quel parti peut de nos jours prétendre qu’il est le porte-voix de ce courant ? Certainement pas le PS, perdu de nombrilisme. S’étonnera-t-on alors qu’Olivier Besancenot fasse son marché auprès d’électeurs que l’on peut dire en déshérence ? François Hollande aurait mieux à faire que de traiter par la condescendance l’entreprise de cet homme-là. Le comportement des dirigeants socialistes est tout bêtement honteux. Excessif ? Pas plus que lorsque Laurent Fabius, lundi, encore sur RTL, qualifie la direction du PS de « pétaudière ». Ah, bien sûr, à Reims, un nom sortira du chapeau. Mais au prix de quelles promesses volatiles, de quelles alliances contre-nature ? L’élu de ce moment-là s’imaginera-t-il que tout est instantanément oublié des manœuvres qui ont permis son élévation ? Se sentira-t-il sacré à l’image des rois de France qui s’y sont fait couronner (à l’exception d’Henri IV et de Louis XVIII) ? On voudrait, dès maintenant, donner à la droite une victoire de plus en 2012 qu’on ne s’y prendrait pas autrement.
Nous sommes au 21e siècle et le clivage droite/gauche doit donc perdurer…
A partir du moment ou l’on pense aux autres, voir à la planète qui nous héberge gracieusement, on est forcément de "gauche". Pour un peu que l’on essaye de répartir les "avantages" chèrement acquis par nos ainés l’on devient au mieux libéral voir complètement de "droite".
Ne pouvons nous simplement avoir une vraie "classe" politique, avec des gens qui pensent avant tout aux autres plutôt qu’à leur carrière ?