L’automobile, secteur phare de l’industrie mondiale, était l’hiver dernier dans les affres, et voilà que tout va mieux.
L’automobile, secteur phare de l’industrie mondiale, était l’hiver dernier dans les affres, et la faillite de General Motors sonnait comme le glas de la prospérité perdue.
Et voilà que tout va mieux. Soutenues à bout de bras par les Etats, les firmes automobiles se précipitent vers des marchés où la demande explose. En octobre, les ventes ont progressé en France de 20% (elles avaient progressé de 14% en septembre), 25% en Allemagne, 40% en Chine ! Quel festin !
Sauf que certains oiseaux de mauvais augure commencent à montrer du doigt les conséquences négatives des mécanismes d’aides. Les acheteurs se précipitent pour en profiter et avancent la date du renouvellement de leur véhicule. Dès le 1er janvier, en France, la prime à la casse va passer de 1000 € à 700 €, si bien que tout individu rationnel préfèrera acheter cet automne plutôt qu’en début d’année prochaine. Aussi point une légère crainte de lendemains qui déchantent.
Tout bonnement parce qu’il se vend dans le monde environ 50 millions d’automobiles par an alors que les capacités de production installées sont de l’ordre de 90 millions. Dans ces conditions, prime à la casse ou pas, le secteur va souffrir et devoir se restructurer.
Les producteurs sont d’ores et déjà en train de se scinder en trois groupes : les firmes qui sont mortes, qu’elles le sachent ou qu’elles fassent mine de l’ignorer, la plus prestigieuse étant GM ; celles qui ont gagné, la plus connue étant Toyota ; et puis toutes celles qui sont entre deux, qui serrent les coûts, et cherchent des débouchés à tout prix et croisent les doigts. C’est le cas de nos champions nationaux, qui sont mieux partis que, par exemple, les Suédois de Volvo ou Saab, mais qui regardent avec incrédulité la remontée de Fiat.
Sergio Marchionne, le PDG italien, agace nos patrons à nous ; avec sa manie de porter des pull-over et non pas des costumes trois pièces, sa capacité de conquérir des parts de marché et ses annonces tonitruantes.
En décembre 2008, il a déclaré sans ambages qu’un groupe qui ne produirait pas cinq millions de véhicules par an cesserait d’être dans la course. Et Renault et Peugeot ensemble n’arrivent pas à ce niveau. Si Marchionne parvient à ses fins, Fiat sera dans trois ans le deuxième derrière Toyota.
Les Français s’étranglent et brandissent cette perspective pour obtenir le maintien de la prime à la casse et la certitude que leur taxe professionnelle sera supprimée. En France, on a compris l’essentiel : une bonne aide publique vaut mieux que d’étranges projets grandioses !