Les meetings de tuning sont de moins en moins nombreux, les boutiques ferment, les magazines et les sites disparaissent… Y compris dans ce Nord – Pas-de-Calais naguère voué à la discipline.
Comme toute espèce en voie de disparition, on ne l’a pas remarqué tout de suite. Et puis, à force de croiser moins de Clios roses avec des jantes 19 pouces, moins de Peugeot 205 avec ailerons, becquet arrière et j’en passe, on a dû se rendre à l’évidence : le tuning est en train de mourir.
Les nombreux sites laissés en jachère sur le net pourraient illustrer à eux seuls cette désaffection. Même morosité du côté des boutiques ou des associations avec leur cortège de fermetures et dissolutions. Le déclin amorcé au détour des années 2004-2005 s’est accéléré avec la fin de la décennie. Quant aux meetings, leur nombre et leur affluence demeurent bien timides comparé au début des années 2000, quand il n’était pas rare de voir un même week-end, quatre ou cinq manifestations dans un rayon de 50 kilomètres, avec 500 voitures et 5 000 visiteurs. Une vraie hécatombe à tous les niveaux.
A force de persévérance, on finit quand même par trouver quelques professionnels qui tiennent bon. Peut-être parce qu’ils étaient davantage dévolus au monde de l’automobile en général plutôt qu’au tuning à proprement parler. Top Wagen du côté de Hem (Roubaix). Chez ce grossiste, on reconnaît volontiers un « fort ralentissement » depuis le milieu de la décennie. Si le tuning représente encore « 15 à 20% » de l’activité, le faste du début des années 2000 est désormais un lointain souvenir.
La faute à qui ? « Le tuning s’est pas mal ringardisé suite aux émissions de télé », répond tout de go Nicolas, commercial. Ah, ces fichus médias qui ont véhiculé une image (caricaturale ?) de la discipline !
Autre boutique, même son de cloche. Hervé Lesage, responsable d’Auto Passion à Cambrai, évoque le mal que les médias ont fait à la discipline. « Je n’ai jamais vu un reportage valorisant le tuning », regrette-t-il. Et pourtant, lui, il en aurait eu des choses à dire sur ces « projets » à la fois « beaux et sobres ».
Des beaux projets de tuning ? Non, rien à faire, après tout ce qu’on a pu voir à la télé ou sur les routes, on n’arrive pas à imaginer. Le tuning reste entaché par cette vieille Peugeot 205 maquillée en sapin de Noël. Mon tout piloté par un jeune coq – du Nord – Pas-de-Calais de préférence – dont le salaire est englouti dans sa chère et tendre voiture. Laquelle ne vaut pas un clou à l’Argus mais permet au moins de se retrouver entre potes, sur un parking de supermarché le week-end. Avec la glacière, naturellement, pour forcer davantage le trait.
Guère flatteur comme image. Alors, forcément, ça devient de plus en plus dur de faire son coming out et d’afficher en public son penchant immodéré pour la pratique. D’ailleurs, Hervé Lesage ne veut plus parler de « tuning » préférant évoquer plutôt « la personnalisation de véhicule ». Moins stigmatisant.
Laurent Sanson, journaliste du site nordiste auto-mag.info, évoque aussi cet essoufflement. Ex rédacteur en chef de plusieurs magazines consacrés au tuning, il en connaît un rayon ; vingt ans qu’il suit le phénomène. Vingt ans ? Oui, car la customisation existait bien avant que le tuning ne surgisse dans le vocabulaire du milieu des années 90. Naturellement, on n’en parlait pas trop à l’époque et le public était bien différent.
Pour cet observateur privilégié, on pourra invoquer un tas de raisons multiples et variées, le tuning a d’abord été victime de son succès. « Ses pratiquants ont scié la branche sur laquelle ils étaient assis, par leur comportement sur les meetings. » Un peu sévère notre journaliste ? Pas du tout. « Le tuning s’est tué lui même. La nouvelle génération avait une conception totalement différente de celle des années 1990. » Eh oui, car là aussi, il existe des puristes et… les autres. Quand ces derniers font du simple tuning, les puristes entretiennent leur passion de l’automobile en personnalisant leur véhicule, sans pour autant lui donner des allures d’OVNI.
Réaction légitime, ces passionnés ont souvent pris leurs distances avec le tuning lorsque le phénomène sombrait dans la super-enchère. A qui aurait la couleur la plus criarde, à qui aurait le becquet le plus large, ou la puissance sonore d’une discothèque dans son coffre.
« On a assisté à une dérive totale avec des voitures qui ressemblaient à tout et à rien. » Laurent Sanson se souvient ainsi de ces meetings fastueux où « des gens venaient uniquement pour se montrer ». Pour remporter une coupe, avoir sa photo dans un magazine ou tout bonnement parce que le copain faisait ça, et que c’était alors super branché. « C’était un moyen d’expression pour s’afficher et non un moyen d’exprimer sa passion pour l’automobile. » Pur phénomène de mode qui, par essence, disparaît aussi vite qu’il est monté en puissance. Car, n’en déplaise à certains, pour le responsable d’auto-mag.info, « le tuning est totalement mort, déstructuré moribond ».
Que les amateurs se rassurent, à l’avenir, on pourra toujours personnaliser son véhicule, mais sans pour autant faire du tuning. Personal car branding, ça sonnerait mieux.
Avec DailyNord
Moments de poésie avec le reportage d’Isabelle Sylvestre pour Strip-tease "135.3 dB" :
Les gens n’ont plus d’argent c’est ça le problème.
Les jacky n’ont pas disparu et il est un peu naîf de croire qu’ils se sont tous reconvertis dans la "sobriété" ou dans autre chose.
Non pour avoir bien connu le phénomène et dans plusieurs pays d’europe, pour pouvoir faire du tuning, il faut avoir un job et pouvoir perdre quelques milliers d’euros dans une customisation.
avec la crise, on ne peut plus se le permettre.
C’est aussi simple que ça, la crise se ressent très fortement dans tout ce qui n’est pas indispensable ; et le tuning n’est pas indispensable