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Zonzon / lundi 22 février 2010 par Christophe Oberlin
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Reçu lundi par Sarkozy, Mahmoud Abbas cherche des soutiens pour Gaza. Terre ou le travail des ONG est rendu difficile par le pouvoir israélien. Témoignage.

« Depuis le début de la seconde Intifada en 2000, pour des « humanitaires », entrer à Gaza est une étape difficile. En vingt-cinq missions, mes équipes ont été victimes de treize incidents. Et la situation s’aggrave : assister la population palestinienne est en train de devenir une mission impossible. Il faut trois choses pour intervenir à Gaza.

pression

D’abord, de l’argent. Il existe, puisque l’opinion mondiale reste choquée par le sort fait à ce peuple. Mais il faut être prompt à changer de sponsor car les donateurs sont euxmêmes sous pression : telle association française (très connue) a ainsi décidé, du jour au lendemain, de cesser un programme pourtant financé. En février 2006, alors que le Hamas venait de remporter les élections législatives, le ministère français des Affaires étrangères, qui nous finançait à l’époque, a stoppé brutalement son soutien : « la Palestine n’est plus une priorité ».

C’est le consulat de France à Jérusalem-Est, issu de la même administration, celle du Quai d’Orsay, qui a pris le relais. Comprenne qui pourra ! Alors, quand l’argent français vient à manquer, c’est une organisation américano-palestinienne qui nous finance. Depuis juin 2007, et la prise du pouvoir par le Hamas dans la bande de Gaza, tout contact officiel est théoriquement interdit avec l’administration de la Santé locale. Peuton pour autant s’imaginer aller enseigner et opérer des Gazaouis sans le plein accord de ceux qui, au quotidien, gèrent là-bas les médecins et les hôpitaux ? Depuis un an, l’étau se resserre. Pour travailler à Gaza, toute ONG doit maintenant être « accréditée » par Israël.

Parmi les impératifs : avoir un représentant permanent à Jérusalem, c’est-à-dire toute l’année, ce que la plupart des organisations ne peuvent évidemment pas se permettre. Exit donc, dans l’indifférence générale, un certain nombre d’organisations pourtant bien utiles. Une association américaine, qui travaille depuis plus de quinze ans en Palestine, attend depuis un an son accréditation. Aux États-Unis, ses dirigeants encourent jusqu’à soixante ans de prison pour être en contact avec le Hamas !

Dernière fantaisie israélienne : le conseil amical de modifier le nom de l’organisation en y supprimant le mot « Palestine » ! Une autre grande organisation américaine, qui fournit des équipements et de l’aide alimentaire, est, elle aussi, totalement bloquée. Deuxième impératif pour les humanitaires se rendant à Gaza, déclarer au sinistre Cogat (service de l’armée israélienne qui délivre le permis d’entrer), un organisme « organisateur », donc responsable de la mission. Les ONG faisant défaut, le consulat de France ne souhaitant pas non plus s’impliquer en tant qu’organisateur, c’est l’Organisation mondiale de la santé qui a accepté de nous servir de prête-nom en janvier, lors de notre dernière intervention. Mais jusqu’à quand ?

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Nardo

humiliation

Enfin, ultime exigence, il faut aussi une « coordination », c’est-à-dire une structure qui signale au Cogat notre passage. Jusqu’à présent, le consulat de France à Jérusalem acceptait de faire cette démarche, même si elle fut parfois sanctionnée par l’échec. Et je n’aimerais pas être à la place de ces fonctionnaires français qui se font mener en bateau pendant des semaines, voire humilier, pour permettre notre passage. Qu’ils soient tous remerciés. Notamment d’accepter de signaler le passage des membres « non français » de nos équipes, et qui sont la majorité. Ainsi, les Suisses ont-ils eu la surprise de constater, depuis que Mahmoud Zahar, l’ex-ministre des Affaires étrangères de Gaza, a été reçu officiellement par les autorités helvétiques, qu’ils n’étaient plus « coordonnés » par Israël. Pour contourner ce « barrage », ils ont dû se glisser dans nos équipes. À quand notre passage par les tunnels.

Les Gazaouis de l’Histoire

L’image de Gaza ? Aujourd’hui, c’est un empilement de béton et de parpaings, un urbanisme en métastases, où l’on trouve ici la plus grande densité de population au monde. Quarante et un kilomètres le long de la mer, sur six à douze de large, voilà cette terre, où survivent plus d’un million et demi de Palestiniens, dont 986 000 réfugiés. Ces derniers, en 1947 ou en 1967 ont été chassés par les conquêtes israéliennes, et 479 000 de ces « Gazaouis errants » vivent dans des camps supervisés par l’ONU. Difficile d’imaginer que cet immense asile, chaotique, est un pays très ancien, structuré autour d’une histoire pas forcément liée à celle de la Cisjordanie voisine. Les Philistins, « hommes venus de la mer », qui sont à l’origine du mot Palestine, et aussi la racine de ce peuple, ont débarqué à Gaza au XIIIe siècle avant Jésus-Christ.

Mais on trouve en ce lieu des traces d’installation humaine 3 500 ans avant notre ère. Couloir entre l’Afrique et l’Asie, Gaza a eu ses princes et ses dynasties. Souvent occupée, elle a toujours su se débarrasser des intrus. Les deux dernières invasions sont celles de l’Égypte, en 1948, puis l’occupation israélienne en 1956. Ariel Sharon ayant, en 2005, sonné le retrait des troupes et des colons juifs. prison à ciel ouvert Depuis 2007, après le succès électoral parfaitement démocratique des religieux du Hamas, Gaza vit sous le régime d’un blocus imposé au nord et à l’est par Israël, au sud par l’Égypte. La « libération » du territoire est d’ailleurs relative puisque des avions, des drones ou des ballons, tournent en permanence dans le ciel, et que les « incursions » militaires sont une menace permanente.

En janvier 2009, la campagne israélienne « Plomb durci » a tué 1 500 Palestiniens, dont 400 enfants. Dans la réalité, Gaza, où l’on ne peut pratiquement ni entrer ni sortir quand on est palestinien, est la plus grande prison du monde. Quant à la mer, les barques des pêcheurs ne peuvent s’éloigner de plus de deux milles marins. Pour survivre, il y a l’aide aux réfugiés, perfusion onusienne depuis soixante ans. Il y a les multiples tunnels, sauvagement creusés entre Gaza et l’Égypte, soupape au débit bien réglé par Israël, qui permettent aux Gazaouis de ne pas mourir de faim alors qu’ils n’ont que de l’eau saumâtre à boire. Mais pas de rebâtir une économie et des structures sociales.

Enfin, quelques ONG, de plus en plus rares et empêchées de venir, constituent un généreux cataplasme sur une jambe de bois. Il y a une vie à Gaza, mais pas d’espoir.

Lire ou relire sur Bakchich.info :

Des militants pacifistes convergent vers Rafah pour passer le premier jour de 2010 aux côtés des Palestiniens.
Notre correspondant spécial à Gaza raconte les morts, les hôpitaux bondés et l’absence regrettée du bon docteur Kouchner.
Le professeur Christophe Oberlin a accepté d’être l’envoyé spécial de Bakchich à l’intérieur de Gaza. Récit d’une guerre.
Des voix israéliennes s’élèvent pour dénoncer la guerre contre le Hamas et Gaza, les atrocités commises, ainsi que les mesquins calculs de politique intérieure des dirigeants israéliens.
Il y a une dizaine d’années, l’intellectuel Américain d’origine palestinienne, aujourd’hui disparu, publiait un article intitulé « La Troisième Voie ». Il y prônait un projet de confédération judéo-arabe.
Retour sur la communication israélienne, qui passe largement par la blogosphère, les nouveaux médias, et le choix du blackout.
En guerre totale contre le Hamas, Israël a pourtant aidé ce mouvement à monter en puissance, indique un rapport de la DGSE. Jusqu’à ce que la « créature » leur échappe.
Presque aucun journaliste de la presse étrangère n’a le droit de pénétrer la bande de Gaza. Dans la presse israélienne, guère d’articles de terrain, mais analyses et propagande se portent bien.
Deux voix juives sur le conflit à Gaza. Ofer Bronchtein, ancien conseiller d’Yitzhak Rabin, décrypte la nécessaire « politisation du Hamas » et l’UEJF, inquiète des récents actes antisémites.
Pour le PAM, qui dépend des Nations Unies, la situation humanitaire et alimentaire dans la bande de Gaza, consécutive à l’attaque israélienne, est« épouvantable ».
Sans le sou pour envoyer un émissaire à Gaza, « Bakchich » a lâché son correspondant dans la manifestation de soutien à la bande de Gaza, qui s’est déroulée samedi 3 janvier. Récit d’un « embedded (…)
Le Hamas a rompu la trêve avec Israël. Pas de chance, l’armée israélienne est encore beaucoup mieux organisé que le mouvement palestinien. Petit point d’un conflit qui re-commence.

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7 MESSAGES

Forum

  • Gaza maudit
    le dimanche 9 janvier à 15:15
    Vivement que la bande de Gaza connaisse une situation normale… On peut toujours rêver :o(
  • Gaza maudit
    le lundi 22 février 2010 à 13:52, Des-mots-pour-le-dire a dit :
    Il commence a y avoir un certain temps que le monde entier a compris ou alors il faut refuser de voir, avec ses yeux voir. Un camp d’internement à ciel ouvert, un génocide en progrès,un mur de la honte qui ose subsister alors qu’on célèbre en grandes pompes l’anniversaire de la chute du mur de Berlin,un chantage ignoble dont le but et les résultats tiennent du crime contre l’humanité,une jeunesse sans espoir d’avenir,des familles entières disloquées,exterminées par une des armées les plus suréquipées du monde ( voir les bilans assez parlants comme ça de l’opération "Plomb fondu" ),une des plus indignes aussi.Je parle de civils innocents car c’est ça la population de Gaza, elle n’a que le tort de naître, vivre et surtout mourir sur ce bout de terre qu’on a laissé se transformer en enfer sans lever le petit doigt.Patience,au rythme où vont les choses les palestiniens finiront bien par s’éteindre d’eux même, mourant de faim, de manque de soins et de chagrin.Vous imaginez le dégoût qu’on peut ressentir à entendre ce pauvre bidon de BHL parler de la ’haine insupportable’ des palestiniens qui justifie les horreurs commises par Israël. Voyez comment vivent les populations civiles, les enfants, de part et d’autre du mur, c’est une simple évidence. Et au fait, quand on parle de ’colonies’ on admet donc bien qu’il s’agit de ’colons’ ! En une période où la repentance est tellement prônée et la compassion aussi,on trouve normal que seul le peuple de Gaza soit laissé à l’indifférence, lui qui n’a plus rien à offrir que sa souffrance au quotidien.
  • Gaza maudit
    le lundi 22 février 2010 à 08:04, Esculape a dit :
    Evidemment on pourrait liberer Shalit…. une solution toute simple…
    • Gaza maudit
      le lundi 22 février 2010 à 14:10, mohedz a dit :
      En quoi le sort du soldat israélien shalit à avoir avec l’oppression du peuple Palestinien tout entier ??? L’occupation,les maisons palestiniennes rasées,les humiliations quotidienne, les massacres de l’armée israélienne… tout cela dure depuis plusieurs décennies et pas depuis l’enlèvement d’un soldat israélien, les armes à la main par le Hamas ! Tout cela avec la complicité de la communauté internationale !! (plus de 30 violations des résolutions de l’ONU) Imaginez-vous si un pays comme la Syrie faisait le centième de ce que fait Israël !!?? Et bien, cela fait très longtemps que les pays comme les État-unis et certains pays européens comme la France aurais envahit la Syrie ! ! Deux poids, deux mesures ! ! Elle est belle la politique de la France des Droit de l’Homme ! ! Des Droits du plus fort plutôt ! !
    • Gaza maudit
      le lundi 22 février 2010 à 14:25, Sans nom, comme cette horreur a dit :
      C’est vrai ! et aussi ressusciter les centaines de femmes, d’enfants(+ de 1500 enfants palestiniens tués au total ces dernières années ),de vieillards,de civils innocent morts et enterrés( dans le meilleur des cas )lors de la fameuse opération ’Plomb fondu’ ?
    • Gaza maudit
      le lundi 22 février 2010 à 14:31, oxo18 a dit :

      Camarade Zonzon, je pense que ton idée est trop simple.

      Pourquoi ne pas demander à un épicier nocturne, de ne vendre QUE de la camomille ;)

    • Gaza maudit
      le mardi 23 février 2010 à 22:08, Gustaveiffel a dit :

      Nota Bene : Plus d’une fois la libération du susdit soldat Shalit (membre d’une armée occupant depuis plus de 40 ans un pays) fut à deux doigt d’aboutir,pour pas cher, puisque in n’était question que de prisonniers politique, l’état occupant aurait donc pu se passer des milliers de blessés et de morts palestinien si telle était son objectif…

      Hors et la notons aussi la subtilité israélienne, il y a des négociations indirect voir direct pour le susdit soldat et donc des relations avec le Hamas, cependant d’un autre coté pour établir cette fameuse paix que les dirigeant ne cesse de clamer vouloir ils ne leurs est pas possible de discuter avec le Hamas, qui au passage avait proposer une treve de 99 ans si je ne me trompe (si ca c’est pas faire la paix…).

      Bon allez, restons en aux prisonniers politique, combien de milliers de palestinien dans les prisons israéliennes et ce bien avant le susdit soldat. Combien de prisonniers Libanais, égyptien et syrien dans les prisons presque secrete dans le desert et qui y sonbt depuis plus de 25 ans pour certains… Allez un peu de courage Israel est un état terroriste depuis bien avant sa creation et notre devoir en tant que citoyen est de pratiquer un Boycott et des soutenir cette campagne appellé par les palestiniens (voir campagne BDS france)

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