Toujours assigné à résidence en Suisse, le cinéaste peut compter sur le soutien d’un citoyen de poids : le président de la République française.
Nicolas Sarkozy a appelé à la mi-mai Doris Leuthard, l’actuelle présidente de la Confédération, afin de s’enquérir de l’avancement du dossier Polanski.
Il faut se souvenir qu’au même moment, Jack Lang avait déclaré dans la presse helvétique que le cinéaste devait être libéré, sous prétexte que sa victime lui avait pardonné…
La décision d’extradition (ou non) de Roman Polanski vers les ÉEtats-Unis doit être prise par l’Office fédéral de la justice (OFJ) en juin. Toutefois, le réalisateur franco-polonais pourra encore recourir auprès du Tribunal Fédéral.
L’appel téléphonique du locataire de l’Elysée a été très mal pris en Suisse, car révélateur de sa méconnaissance de la vie politique suisse : le titre de « président de la Confédération » n’est qu’honorifique. Chaque ministre est chacun son tour « président ».
Et Doris Leuthard, démocrate-chrétienne, ministre de l’Economie, ne peut donc pas donner d’ordre à Eveline Widmer-Schlumpf, ministre de Justice et Police, en charge du dossier Polanski. De plus, cette dernière est dirigeante du Parti bourgeois démocratique, une formation proche de l’extrême droite. Les deux femmes ne s’apprécient guère.
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Très drôle ! Il est en effet assez utile de rappeler que pour faire une "intervention" auprès d’un pays ami, un président ne peut pas déchoir en s’adressant à un ministre étranger. Mais, en raison des prérogatives qui lui sont données par la constitution française, le président français ne peut en réalité intervenir auprès d’un chef d’Etat étranger parce que, pour la plupart d’entre eux, ils ne disposent pas du pouvoir exécutif ; on ne trouve guère d’équivalent ailleurs que dans certaines républiques bananières d’Afrique …
Quand le roi Juan Carlos de Bourbon a tancé publiquement un président d’Amérique du Sud au cours d’une réunion internationale il a commis une faute grave parce que même si il est placé devant ce président dans le rang protocolaire, comme sa cousine Elisabeth Windsor, il ne dispose d’aucunes prérogatives et latitudes pour exprimer son opinion personnelle, même dans son propre pays.
Le président des Etats Unis est commandant en chef des armées mais il ne dispose que de l’autorité fédérale et il ne peut guère que gesticuler devant la fuite d’un puit de pétrole.
Ca signifie aussi que si le président français intervient en faveur d’un dissident auprès du président Hu Jintao - son homolgue chinois - il n’a aucune chance d’être entendu. A la rigueur, il vaudrait mieux que Xavier Bertrand s’adresse à son homologue - le secrétaire général du PCC Hu Jintap - parce qu’en Chine, le pouvoir décisionnaire est justement aux mains du Parti majoritaire. Saisi d’une demande, le secrétaire général du parti pourra demander à ses pairs du Conseil des affaires d’Etat de transmettre une décision aux instances du parti qui la transmettront à leur tour pour qu’elle soit finalement appliquée par les fonctionnaires locaux compétants.
Ca signifie aussi qu’exiger d’Ahmadinejad la libération de Mlle Reiss du haut d’une tribune de province ne risquait guère d’être plus efficace que de pisser dans une mandoline. En République islamique d’Iran, le président ne dispose d’aucun pouvoir : même si il est élu au suffrage universel direct, la fonction du président correspond en fait à celle d’un porte-parole. Le pouvoir est aux mains du Conseil des sages et principalement de son chef l’ayatollah Khamenei, Guide suprême de la Révolution. C’est donc le cardinal archevêque de Lyon, primat des Gaulles qui aurait dû s’y coller pour nous éviter de payer l’amende !