Les absents ont toujours tort ? Pas si sûr. La preuve avec Godard, Roman Polanski, Terrence Malick et quelques autres.
C’est un festival placé sous le signe de l’absence. Le 63e festival de Cannes se traîne, avec son lot de films médiocres et oubliables. Mais étrangement, ce sont les absents qui se font le plus remarquer sur la Croisette.
Tout commence le 15 avril dernier, avec l’annonce des films sélectionnés. Il y a Godard, Takeshi Kitano, Abbas Kiarostami, Nikita Mikhalkov, Mike Leigh, Woody Allen ou Alejandro Gonzalez Iñárritu. Du beau monde, mais il manque un géant, Terrence Malick, prétendument en train de fignoler le montage de son "Tree of Life". Malick, c’est la légende d’Hollywood et le yéti. Après avoir réalisé deux purs chefs-d’œuvre, "La Balade sauvage" et "Les Moissons du ciel", Malick se dissout littéralement dans la nature pendant vingt ans. Depuis, il a réalisé "La Ligne rouge" et "Le Nouveau monde", soit cinq films en 37 ans. Qui dit mieux ? Vous imaginez ce spécialiste de la disparition sur la Croisette, mitraillé par les photographes ou répondant aux questions de centaines de journalistes ?
L’autre absent très présent, c’est Roman Polanski. BHL fait du bruit, invective ceux qui ne défendent pas suffisamment le cinéaste de Répulsion et décerne le bonnet d’âne à l’élève Tim Burton. Certains refusent de prendre la défense du cinéaste (Michael Douglas ou Gilles Jacob), d’autres signent la pétition de BHL (JLG, Varda, Tavernier), Xavier Beauvois fait son malin avec son t-shirt POLANSKI, tandis que l’actrice britannique Charlotte Lewis, 42 ans, se réveille et assure avoir été violée à l’âge de 16 ans par le réalisateur de "Pirates".
L’iranien Jafar Panahi est également un des grands absents de Cannes. Juré du festival, il a été arrêté en mars à Téhéran avec sa femme et sa fille. A Cannes, comme on aime les mises en scène et la dramaturgie, on a laissé un fauteuil vide, ça c’est symbole, coco ! C’est le juré dont on parlera le plus pendant la quinzaine, surtout quand il donne de ses nouvelles de sa geôle, annonçant le début de sa grève de la faim.
Invoquant des « problèmes de type grec » (murge à l’ouzo, indigestion de tzatziki, déboires financiers ?), Jean-Luc Godard n’est pas venu à Cannes. Après avoir parfaitement verrouillé son plan média et marketing (longue interview aux Inrocks, petite discut’ sympa avec Dany Cohn-Bendit dans Télérama, le film disponible en VOD), Godard disparaît. Son film est irregardable et JLG se rend incontournable en devenant invisible. En attendant Godard : le plus beau coup de com’ de l’année !
Même les organisateurs rusés du festival de Cannes ont joué la carte de l’absence en plaçant - comme d’habitude - les films les plus attendus à la fin de la quinzaine. Ainsi "Oncle Boonmee Celui qui se souvient de ses vies antérieures", qui s’annonce énorme, est programmé vendredi 21 et le Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul a fait planer le suspense jusqu’au bout en assurant qu’il ne pourrait peut-être pas venir présenter son film sur la Croisette, pour cause de guerre civile à Bangkok.
Le film dont on parle le plus depuis la sélection en avril dernier, "Hors-la-loi", sera également projeté le 21. Demain, un dépôt de gerbes sera organisé devant le monument aux morts de l’hôtel de ville de Cannes, en présence du maire de la ville, Bernard Brochand, du très cinéphile Lionnel Luca (allez sur son site http://www.lionnel-luca.fr/, crise de rires garantie), qui dénonce depuis plusieurs semaines la « vision hémiplégique de l’histoire » véhiculée par Rachid Bouchareb, et probablement de nombreux pieds-noirs répondant à l’appel de leurs associations. Pour ne pas être en reste, le FN a également appelé à manifester devant la mairie. Tout ça pour un film que PERSONNE N’A VU !(Vous en saurez plus dans Bakchich Hebdo samedi prochain).
Bon allez, je disparais…
Cannes 2010 sur Bakchich.info :
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C’est peu de le dire qu’on choppe des fous rires chez Luca… Enfin moi, cette persistance des "décomplexés" à faire passer les français pour des saintes nitouches qui défendent leur pays, ça commence sérieusement à me casser les glaouis.
Et lorsque le film sera vu, il faudra débattre de la réalité des évènements de Sétif avec la rigueur historique nécessaire qui manque à ce jour, car ce sont toujours les même qui s’expriment avec un point de vue partiel et partial.
C’est vrai que dans mon enfance et mon adolescence (je suis de 78), on m’a toujours décrit le colon français comme un barbare sanguinaire et l’algérien comme un résistant courageux….
Blague et ironie à part, c’était tout le contraire au sujet de la guerre d’Algérie… QUAND on nous en parlait, c’est-à-dire quasiment jamais comme dans tous les conflits où la France a été impliqué et a commis des saloperies.
Pas un critique n’a fait l’éloge du film, pas un journaliste, personne ne l’avait vu (à part Laurent Weil de Canal +). Je vous mets au défi de me sortir une critique positive avant le 21 mai. Quant à moi, j’ai même mis un bémol, Rachid Bouchareb m’apparaissant comme un cinéaste médiocre.
Les premières critiques qui tombent aujourd’hui annoncent un film plutôt décevant.