Si vous faites une connerie, genre crime, le mieux est que vous soyez artiste, laissez passer un peu d’eau sous le Code pénal et tout va s’arranger, vous n’irez que peu en prison. Le tapage fait autour du sort de Polanski est étonnant, ce réflexe de la caste des artistes, déjà entrainés à cette auto défense dans les cas Cesare Battisti, ancien brigadiste accusé de meurtre.
Prenez nous, les journalistes… Et bien mon ami très aimé, merveille humaine, Christian Poveda, l’auteur du documentaire « La Vida Loca » vient d’être assassiné au Salvador… Vous avez vu des plumes, des micros, des écrans plats se lever ? Le journaliste a la blessure, la mort indifférente.
Le plus étonnant est le texte de la pétition signée par nos amis de la culture et du divertissement. Pour qualifier l’acte de Polanski ils parlent, de façon vague, « d’une affaire de mœurs »…
Alors que l’auteur du « Couteau dans l’Eau » est accusé de viol sur une mineure de 13 ans, préalablement droguée ou enivrée. L’argument est de dire « aujourd’hui la victime ne souhaite pas la poursuite de son agresseur ». Bon. Mais qui dit, écrit, que la jeune femme a reçu de l’argent pour se taire et signé un papier selon lequel elle abandonne toutes poursuites ? Autrement dit un type qui a du fric pourrait sans inconvénient violer des gamines…
Il est possible que l’incrimination de « viol et drogue » ne soit pas complètement opportune, le rôle de la justice est d’en débattre, surtout aux USA quand on est assez riche pour se payer des avocats à la OJ Simpson, mais il reste qu’en droit une mineure de 13 ans ne peut en aucun cas être considérée comme « consentante ». Polanski a « plaidé coupable », mais refusant d’assumer le marché, le tarif, proposé par la justice Californienne, il s’est mis en cavale. L’auteur du Locataire devait comprendre qu’après, sa vie ne serait pas toute simple. On nous dit aussi que les juges sont des gens dangereux, des types pas justes dont il faut se méfier. Trop souvent exact. Mais à qui se fier sans retourner à « Règlement de compte à OK Corral », à la justice du western ? Les magistrats de Californie n’obéissent quand même à un Salazar.
Par comparaison, prenez l’histoire de Michel Tabachnik. Pour le plaisir de « tenir un procès pédagogique », un procès spectacle, un juge français décide un jour que le grand chef d’orchestre a quelque chose à voir avec les suicides du Temple Solaire. Cette accusation erronée va flinguer 11 ans de la vie du maestro. Qui, d’une relaxe l’autre, répondant présent aux convocations des tribunaux, va sortir de là rincé, mais debout et innocent. Ici, pas de pétition, pas de solidarité, pas d’indignation du magma artistique.
Violer une gamine de 13 ans sous le ciel de Californie, c’est plutôt fun, chic, un bonus pour une gamine qui a l’honneur d’être contre la peau d’une star. C’est juste un sujet de film, un remake de Lolita. Se réunir avec une cape sur le dos et des bougies allumées pour « méditer »… Voilà un vrai crime. Et j’attends avec impatience la signature des mêmes célébrités pour protester contre des viols, il est vrai beaucoup moins chics, au Darfour.
Pour en avoir sévèrement goûté, bidasse, je ne souhaite la prison à personne, ce qui m’énerve, c’est la caste qui se lève en fonction de la place qu’occupe l’accusé au hit-parade social, le mépris, comme l’écrirait Orwell, de la « common decency ». Avez-vous jamais lu une pétition de ces mêmes artistes en faveur de l’huissier ou de la boulangère d’Outreau ?
A lire ou relire sur Bakchich.info :
Le poujadisme anti-Polanski vient pointer son museau jusque qu’ici ? De l’air, on étouffe. Si certains arguments du milieu artistique pour défendre le cinéaste, sont incongrus (talent, souffrances) ceux de l’hallali médiatique qui résonne maintenant, sur Bakchich aussi, sont bien pires.
Il est normal qu’une corporation quelle qu’elle soit (SNCF, La Poste ou les cinéastes !) défende un des leurs, si cela lui semble juste, et c’est son droit. Cela peut choquer, dans une France de moins en moins solidaire, quoi qu’on en dise, où la servilité face à la pensée unique, est la « bonne conduite » à tenir.
Normal de défendre Polanski pour des questions de Droit et de bon sens, en cessant une fois pour toutes, d’être plus royaliste que le Roi, autrement dit, que Samantha Geimer, elle-même ? Une « victime » -manipulée et instrumentalisée depuis 32 ans- qui continue d’insister sur « un viol » certes, mais qui retire sa plainte et a pardonné depuis longtemps la chose ? Qui encore, est intervenue en 2003 à la faveur du cinéaste, pour qu’il récupère son Oscar sans être inquiété, alors que personne ne l’y obligeait, et demande clairement l’arrêt des poursuites ? Etonnant, non ?
Je pense que cette femme a de plus grandes raisons de s’inquiéter d’un nouveau procès, qu’un cinéaste, surtout irresponsable, plus que pédophile ou violeur. Un homme, ne l’oublions pas, déjà victime d’une cabbale médiatique, bien avant cet épisode. A la mort de Sharon Tate, l’Amérique puritaine avait déjà accusé Polanski d’en être responsable (punition « Divine ») sinon coupable, à cause de, je cite, « ses films satanistes », en particulier Rosemary Baby qui dépeint une secte satanique, composée de bons petits bourgeois américains « au-dessus de tous soupçons » s’adonnant à des messes noires orgiaques. L’archétype des puritains bon teint, dont la morale est à géométrie variable.
Certains répondront que, plainte abandonnée ou pas, le délit demeure. Je leur dirais qu’il serait peut –être temps, de réviser la Loi et aussi, de demander la grâce présidentielle à un Obama qui a refusé de poursuivre les tortionnaires de la CIA. Sans oublier, une administration américaine qui n’a toujours rien révélé sur l’assassinat de Kennedy, 46 ans après .Une administration coupable de crimes infanticides en Irak et en Afghanistan, au nom du 11 septembre 2001, pour soi-disant retrouver un Ben Laden, qu’elle ne semble pas vraiment décidée, d’entendre un jour s’exprimer devant un Tribunal.
Pour finir, tous ceux qui hurlent avec la meute, feraient bien de lire toutes les déclarations de Miss Geimer, et sa déposition, aux contradictions récurrentes. Mais aussi, pour être objectifs, la version de Roman Polanski, dans son livre « Roman », paru en 1984, au lieu de colporter avec leur vision hémiplégique des faits, des accusations ordurières, que même la Justice américaine, pourtant subjective dans cette affaire, a abandonné depuis 31 ans.
Au fond, Polanski est surtout un irresponsable, parfois naïf et souvent arrogant oui, mais pas moins que ses ennemis et accusateurs ! A commencer par les parents désinvoltes de la miss en question, bien délurée à l’époque du scandale. Ce cinéaste, quel que soit sont talent, n’est pas certainement pas non plus, l’odieux pédophile violeur que l’on jette actuellement en pâture à la masse des concierges. Accusé de « Relations sexuelles illégales avec une mineure », c’est bien différent. Surtout quand on pense, que la sodomie par exemple, était encore un délit dans de nombreux états nord-américains, même entre adultes consentants en 1977. Sans parler de l’homosexualité, que la France a seulement dépénalisée en 1982.
Pour finir, une Justice qui oublie les nuances et la hiérarchie dans la gravité des faits, n’est pas crédible et usurpe le nom de Justice, c’est de la vindicte populaire et rien d’autre. A l’image des femmes lapidées par les tribunaux islamiques ou des lynchages de la Conquête de l’Ouest.
On retrouve le délicieux argument : le violée n’est qu’une salope. Ici c’est écrit "délurée" ! Quand même droguée et violée à 13 ans. La salope qui a des parents "pas très regardants". Alors ? Dutroux ? Un mec un peu joueur allumé par des salopes en mini-jupe aux parents déficients ? Je pense que notre ami est tout prêt à soutenir les salopes violées du Darfour ou de Bosnie. C’est un début. Mais pas celle de Los Angeles victime d’un "irresponsable plus que pédophile", qui doit être bien contente. Quant à la justice américaine elle n’a abandonnée aucune des ses incriminations "ordurières" : drogue, viol, sodomie, abus sexuel sur une mineure de 13 ans. Et c’est de cela qu’elle entend parler avec Polanski.
JM Bourget
Rien à redire, tout est dit. Les "artistes" réclament la pleine application des sanctions quand des gosses téléchargent un album sur internet, mais quand les mêmes mômes se font abuser par des quadras célèbres, là, nos artistes hurlent à l’ acharnement et au scandale d’ une justice qui n’ en serait pas une.
Quant à Mitterand et Kouchner, démission !