La crise géorgienne à détourné l’attention du problème numéro un de la présidence française de l’Union européenne : les conséquences du non irlandais au traité de Lisbonne en juin dernier. À un mois d’un Conseil européen qui s’annonce électrique, la belle Union se fait un sang d’encre…
Le plus simple serait sans doute de réformer la Constitution irlandaise… Car pour l’instant, la présidence française de l’Union européenne s’arrache les cheveux, et l’Europe se déchire face au casse-tête posé par le rejet en juin du traité de Lisbonne par les Irlandais. Aaah, ce fameux texte incompréhensible mais destiné à permettre à une Europe enkilosée de fonctionner à 27 États et qui devait entrer en vigueur en 2009… Le hic, on le connaît. La Constitution irlandaise ne permet pas une entourloupe à la française, à savoir une ratification par voie parlementaire après un échec à un référendum. En matière de textes européens, c’est la vox populi qui a le premier et le dernier mot en Irlande. Et toc ! La seule solution au blocage est donc de revoter en croisant les doigts pour que les Irlandais votent « oui ».
A peine intronisé en juillet à la tête du Conseil européen, Nicolas Sarkozy a mis Dublin sous pression, au point de devenir impopulaire sur l’île. Objectif : que le gouvernement irlandais se présente à Bruxelles le 15 octobre prochain devant ses 26 homologues avec une solution. Le vœu de la France (et de l’Allemagne) est en effet de faire très vite revoter les Irlandais au premier semestre début 2009, juste avant les élections européennes de juin. Leur calcul ? Que le Parlement soit élu sous le régime du futur traité. Idem pour la Commission qui doit être renouvelée fin 2009, et dont le nombre de commissaires doit être réduit par le futur traité. En cas de flottement, certains pessimistes prévoient déjà le pire en Europe : abstention record aux élections, repli nationaliste, enlisement définitif des réformes institutionnelles… Bref un château de carte qui s’écroule.
Du coup, l’Irlande a phosphoré tout l’été sur des scénarios bâtis plus ou moins sur le résultat de sondages décortiquant les raisons du rejet du traité par les Irlandais. A la fin août, selon certaines sources diplomatiques, les cogitations de Dublin aboutissaient grossièrement à une validation par tranches du traité de Lisbonne. Les seuls aspects institutionnels seraient alors soumis à référendum et le reste, approuvé par le Parlement. Autre scénario moins abracadabrant : le Conseil européen approuve une Europe à la carte pour l’Irlande. En clair, le pays conserve son autonomie en matière de défense, de fiscalité etc… et, en échange, le gouvernement irlandais s’engage à un nouveau référendum.
L’ennui pour Paris, c’est que Dublin ne se voit pas revoter avant l’automne 2009. Le gros de la crise géorgienne passé, à un mois du Conseil, un vieux routier de l’Europe, Claude Junker, le premier ministre luxembourgeois que l’on ne peut pas soupçonner d’euroscepticisme, a remis le débat sur le tapis. Le 17 septembre, il a qualifié de « peu réaliste » l’objectif de Nicolas Sarkozy d’une ratification rapide. Outre l’Irlande, la Suède et la République Tchèque doivent encore le valider. « Je ne crois pas que le traité sera en place en juin, lorsque se tiendront les élections européennes » a balancé Claude Junker. Et même un Français de la Commission partage cette position ! « En poussant à faire revoter les Irlandais au plus vite, Sarkozy prend le risque de les braquer encore plus. Les sondages ne sont pas bons. Avec un rejet du traité à 70 % et non plus 55 %, l’Europe serait vraiment par terre », s’alarme-t-il.
Ne reste plus à Dublin que d’embaucher des pédagogues. Il semble bien que les électeurs se sont abstenus ou ont rejeté le traité parce qu’ils n’y ont rien compris. Ils ne sont pas les seuls… En juillet, intervenant dans un cénacle, un conseiller de Jean-Pierre Jouyet, le secrétaire d’État français aux Affaires européennes, qualifiait le rejet du traité d’« épiphénomène pour la présidence française ». Un genre d’épiphénomène qui rappelle le battement d’ailes du papillon de la fameuse théorie…
Lire ou relire sur Bakchich :
Et cerise sur le gateau , le baril de pétrole vient de bondir à 120,92 dollars, en hausse de 16,37 dollars par rapport à la clôture de vendredi… tout va bien !
http://www.impots-utiles.com/le-prix-du-baril-de-petrole-bondit-de-plus-de-16-dollars.php