C’est un Norvégien qui a remporté l’Eurovision à Moscou. Patricia Kaas, chouchoute de Poutine, n’a terminé que 8ème d’un concours dont la Géorgie était exclue.
Papier déjà paru le 20 mars 2008
L’Eurovision version 2009, promet d’être le plus scandaleux de son histoire. Ce concours de chansonnettes fait déjà parler lui, deux mois avant les débuts des festivités qui auront lieu à Moscou.
La Société européenne de diffusion (EBU) est formelle. Elle interdit à la Géorgie, pour défendre ses couleurs, de se produire à l’Eurovision avec sa chanson disco « We Don’t Wanna Put in », construite autour d’un jeu de mot entre l’orthographe anglaise du nom de Poutine et le verbe « to put in », qui signifie, en anglais, « mettre ».
Tout au long de ce titre, les trois chanteuses du groupe font des allusions ironiques au Premier ministre russe, surtout dans le refrain : « We don’t wanna put in/ The negative move/It’s killin’ the groove », (« Nous n’allons pas investir/ l’attitude négative c’est de casser le mouvement ») et de poursuivre : « You better change your perspective » (« Tu ferais mieux de changer de perspective »). Le groupe géorgien « Stefane & 3 G » et son producteur ne cachaient pas le message politique sous-jacent contenu dans la chanson.
D’après les organisateurs du concours, la chanson contient des allusions et des insultes à peine voilées sur le Premier ministre russe, ce qui va à l’encontre de l’article 4.9 du règlement de l’Eurovision.
Dans ce contexte, une journaliste politique russe a fait remarquer qu’il fallait aussi interdire la célèbre chanson américaine écrite en 1929 : « Puttin’ on the Ritz », de Irving Berlin, qui pourrait sous-entendre que Vladimir Poutine est en train de se détendre au Ritz au moment difficile de la crise économique.
Les organisateurs ont donc demandé à la Géorgie de modifier les paroles de la chanson ou d’en proposer une autre, plus neutre. Réponse de la Géorgie : le 16 mars, elle annonce, officiellement, qu’elle ne participera pas à l’Eurovision.
Autre scandale, lié cette fois-ci à une autre ex-République soviétique : l’Ukraine. Anastassia Prihodko, la chanteuse ukrainienne qui représente la Russie, va fredonner un des couplets de la chanson « Mamo » (« Mère »), dans sa langue natale. Choix mal venu lorsque l’on sait que les relations sont tendues avec la Russie depuis l’arrivée au pouvoir, en 2004, du président pro-occidental Viktor Iouchtchenko. « Il faut organiser les nouvelles élections et envoyer à l’Eurovision une autre personne, parce que la chanson ukrainienne n’a rien à voir avec la Russie », s’est indigné le célèbre producteur russe Iossif Prigogyne.
Ce n’est pas la première fois que l’Eurovision est marquée par les batailles politiciennes. En 2007, l’Ukraine faisait déjà parler d’elle. Verka Serdoutchka, un comédien ukrainien travesti, chantait « Dancing Lasha Tumbai », titre avec lequel il a failli gagner le concours. Les Russes, eux, entendent plutôt « Russia Goodbye » (« Au revoir la Russie ! »). Le chanteur assure que « Lasha Tumbai » n’a rien à voir avec la Russie. L’expression signifie « crème fouettée » en mongol.
Pourtant, dans un contexte de tensions politiques mais aussi économiques (la guerre du gaz de 2005 à 2006), le sous-entendu est évident. En 1990, l’Eurovision avait déjà été largement marqué par la chute du mur de Berlin. À cette époque, l’Allemagne avait présenté une chanson intitulée « Libre de vivre », l’Autriche, « Plus de murs » et la Norvège, « Porte de Brandebourg ».
En 1974, c’est « E depois do adeus », la chanson représentant le Portugal au concours, qui a déclenché la révolution des Œillets (nom donné aux événements d’avril 1974, qui ont entraîné la chute de la dictature salazariste, au pouvoir depuis 1933). C’est dire si l’Eurovision est bien un vrai tremplin des souverainetés !
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