En cette période de joint venture journalisme-police, il serait précieux que les policiers nous donnent leurs uniformes. Pour éviter les bavures.
Merci aux nouvelles règles du journalisme, elles vont alléger nos impôts. Grâce à elles Brice Hortefeux va pouvoir dégraisser sa jolie police. Deux entrepreneurs de télévision, Emmanuel Chain, « d’Eléphant et Compagnie » et Hervé Chabalier, patron de « Capa », ont lancé leurs brigades de rapporteurs (ne pas confondre avec des journalistes), sur la trace de dealers (de banlieue bien sûr), et de pédophiles (pas curés bien sûr).
La traque aux trafiquants a été diffusée dans « Haute Définition » sur TF1, celle aux bourreaux d’enfants inaugurant « Les Infiltrés » sur France-2. A noter qu’un peu mous du genou, nos petits rapporteurs n’ont pas eux-mêmes procédé aux arrestations finales. Se contentant de balancer leur dossier à la police, ce qui est trop dommage. Des blacks ou des beurs poudrés ou d’honnêtes pères de famille, amateurs de vilaines photos, les menottes aux poignets, c’était de bien belles images.
Après avoir « travaillé des semaines à la préparation » de son piège à dealers, une certaine Myriam Alma (de la famille du pont ?), de la troupe des Eléphants, a donc filmé des trafiquants. Ou supposés tel. Puis, l’émission étant enregistrée, Chain a réuni des flics dans un studio pour montrer le boulot de Myriam, et recueillir leurs réactions. Etonnez-vous que, quelques jours plus tard, la police ait déclenché une rafle au Tremblay-en-France, là même où l’Alma aimait à mater.
Chabalier, ayant jadis montré son savoir faire lors d’un remake de "Midnight Express", quitte la poudre pour courir après les pédophiles. La technique de ce nouveau journalisme, celui de « l’ infiltré », c’est de se faire passer pour un autre. L’enquêteur (je n’ai toujours pas prononcé le mot journaliste), agit à visage masqué, comme un indic ou un flic, puis couic, il serre son filet. On aurait pu imaginer qu’en homme de gauche, Chabalier ait utilisé son stratagème pour attraper de gros trafiquants – du fisc – ou des patrons très voyous. Ça doit bien exister…
Désormais quand un journaliste, confondu avec un enquêteur d’Eléphant ou de Capa, va mettre son nez dans un dossier interlope, il va prendre un bourre pif. Et, pourquoi pas, un balle pas perdue, si le questionné est très en colère. Finalement, en cette période de joint venture journalisme-police, il serait précieux que les policiers nous donnent leurs uniformes. Ce serait plus clair et éviterait bien des bavures.
Imaginons maintenant que l’un des pédophiles, débusqué par l’audacieux Laurent Richard de Capa, soit innocent, victime d’une erreur de rapporteur… Et, que désormais indigne à vie, cet homme se pende… Il faut trouver un système de caméras cachées qui nous permette d’assister à la mise en place de sa « cravate de chanvre ».
Comprenons qu’un journaliste qui ne veut pas se retrouver en situation d’être une balance, doit réfléchir avant de se lancer dans une « enquête ». Avec comme règle de base : je ne suis ni un policer, ni Philip Marlow. Un exemple, au prétexte que les chauffards sont des « assassins de la route », finalement pire que les pédophiles puisqu’ils tuent, pourquoi à propos des accidents de la circulation, les enquêteurs de l’agence Capa et les éléphants de Chain ne se postent-ils pas aux feux tricolores. Pour relever les plaques des autos qui passent au rouge, et les donner à la police… La règle est que, ses informations le journaliste ne les livre jamais aux flics, mais exclusivement à ses lecteurs. Et si, par extraordinaire, nos « investigateurs » ont besoin d’un interlocuteur « légal », celui-ci doit être un magistrat et non un policier.
« Le journalisme est un beau métier qui tourne mal », comme l’ont écrit Philippe Cohen et Elisabeth Lévy… Pourquoi est-ce la télé qui lance ce type d’enquête mixte, policiers-reporters ? Parce que, merci la télé-réalité, le ressort de l’audimat est la dénonciation. Depuis le « Maillon faible », chaque opus de cette horreur sur écran consiste à éliminer l’autre. La mal a même gagné le processus d’embauche dans de grandes sociétés : on organise un jeu de rôle entre les candidats à l’emploi et celui qui balance le plus ses camarades qui est engagé.
Nouveaux journalistes, poussons, poussons l’escarpolette : vive la balançoire.
Lire sur Bakchich.info :
La présomption d’innocence opposée au lynchage ? "médiatique" bien sûr. Quel raccourci ! D’un côté des pédophiles qui témoignent et sont prêts à passer à l’acte et… la présomption d’innocence ? Alors remercions le Président de la France, Nicolas SARKOZY, de faire le facteur et de porter aux Etats-Unis une missive pour Roman POLANSKI, pauvre victime de la médiatisation d’une affaire qui concernait juste une gosse de 13 ans ! Droguée et sodomisée… Quelle histoire ! En plus ancienne. Vraiment mais que fait BAKCHICH ? Il publie.
Déjà mon premier commentaire a été publié. Donc BAKCHICH est libre. Et je n’ai pas été censurée.
Le problème c’est encore une fois d’opposer les atteintes aux biens matériels, la corruption, le fric, la frime, aux atteintes aux personnes ! La preuve par A+B de l’indifférence envers la souffrance de gamins. C’est moins important que de détourner de l’argent."Ca fait pleurer dans les chaumières", un gosse violé. "Dans les chaumières", notez le mépris. Pas au Château. Ah l’heureux temps où Gilles de Rais sévissait sans trop d’ennuis… Sauf qu’il en a trop tués, de ces va-nu-pieds ! Ca a inquiété le bon peuple dans les chaumières.
Quant à un autre, l’article sur les pédophiles (viol de gamins), ça le "fait bander" ! Peut-être que le peuple qui pleure dans les chaumières est moins pourri que la JetSet qui bande en visionnant des images de gosses violés.
Messieurs, vous auriez dû accompagner M. SARKOZY pour y représenter l’intelligentsia française… Parce que les droits de l’Enfant ! Même combat que M. SARKOZY, demandons la disparition du Défenseur des Droits de l’Enfant ! L’argent, c’est plus important. C’est vrai quoi ! Pour les riches qui ont peur de la délinquance en col blanc et de se faire escroquer. Vu par le paysan dans sa chaumière, pour ce qu’il lui reste d’argent, c’est vrai que c’est moins préoccupant !
Alors il ne faut rien dire, c’est ça ? Comptez objectivement le nombre d’articles sur la pédophilie dans BAKCHICH et le nombre d’articles sur la délinquance en col blanc. Vous admettrez que le raisonnement est un peu gonflé ! Pour deux seuls articles sur la pédophilie ! Que devrait dire M. PASQUA, par exemple ? Ou M. TAPIE ? Ou M. GUERINI ? Et j’en passe…
Encore une fois, même question : la lutte contre la pédophilie dérange quel milieu ? Et quels excès de défense pour deux petits articles…
Merci BAKCHICH !
En parlant du reportage d’Emmanuel Chain, selon Larsen, médiateur de quartiers : les dealers seraient bidons
Larsen : « Les dealers dans le reportage de TF1 sont bidons »
http://yahoo.bondyblog.fr/news/201004122201/larsen-les-dealers-dans-le-reportage-de-tf1-sont-bidons
Bonjour à la brillante équipe de bakchich et merci pour cet article,
Ils ne sont pas nombreux les courageux à défendre la présomption d’innocence. Notre bon président a décidé que les juges étaient incompétents et ne servaient qu’a relâcher les criminels.
Il a raison , soyons tous juges , lynchons tous les pédophiles, les homos, les célibataires,les prêtres, les profs, les éducateurs parce que il n’y a pas de fumée sans feu hein ?!.
Enfin on est en amérique, et nous restaurons une bonne tradition, le lynchage, non parce que la justice c’est trop long , ils sont jamais prêts pour le 20h.
Evidemment, les enquêtes sur la corruption d’état et les comptes au luxembourg çà fait moins pleurer dans les chaumières……
Comme disait papy en 40, moi les nazis ils me font pas peur, j’ai rien à me reprocher….
Toute la fougue libertaire de Jacques Marie !
Ca fait du bien !Depuis Fontenelle,Bakchich mollissait des couilles,mais Jacques Marie relève le manche de bien belle manière !
Pour continuer à bander : http://hocveritas.blogspot.com/
Site d’informations alternatives.