Onze des « most wanted » saoudiens recherchés pour appartenance à Al Qaïda sont des anciens de Guantanamo. Certains d’entre eux se sont même enfuis au Yémen pour recréer la branche locale d’Al Qaïda.
Sûr que la délégation européenne qui doit se rendre à la mi-mars à Washington pour discuter des conditions d’accueil des prisonniers de Guantanamo dans l’Union européenne aura ces chiffres en tête : 11 des 83 Saoudiens activement recherchés par les autorités du Royaume pour appartenance au réseau Al Qaïda, sont des anciens détenus de la célèbre prison d’exception américaine….
De quoi nourrir les craintes des Ministres européens de l’Intérieur réunis le 26 février à Bruxelles, qui comptent bien recevoir de l’administration Obama quelques garanties sur le profil de ceux qui leur seront expédiés d’ici à la clôture définitive du terrible camp Delta ordonnée par le successeur de Bush le 22 janvier dernier.
Blanchis par l’administration américaine, les 11 fugitifs figurant sur la liste rendue publique par le Ministre saoudien de l’Intérieur début février, avaient été remis à leur pays entre 2005 et 2007 sous condition : qu’ils suivent le programme mis en œuvre par l’Arabie Saoudite et partiellement financé par les Etats-Unis, de réhabilitation pour anciens djihadistes. ce dernier est censé garantir leur réintégration dans la société. Or, les voilà évaporés dans la nature. Pire : certains ont déjà renoué avec leurs anciennes amours al-qaïdistes….
Deux d’entre eux ont même fait fort. Déclarés en fuite depuis novembre 2008 par les autorités saoudiennes, ces anciens opérationnels d’Afghanistan ont brutalement refait surface le 18 janvier en DivX sur les réseaux multimédiatiques de la mouvance radicale. Dans une vidéo réalisée par la société de production yéménite « Al Malahim », Said Al-Shehri et Mohammed Al-Aoufi, se présentant respectivement comme « ex-prisonnier n°372 » et « n°333 à Guantanamo » dévoilent leur dernière reconversion : l’intégration dans la direction d’une toute nouvelle organisation basée au Yémen, « Al-Qaïda Al-Djihad dans la Péninsule arabe », toute entière vouée au combat contre les « mécréants » américains, leurs alliés occidentaux et les dirigeants « renégats » de la région.
L’appellation choisie n’est pas anodine : elle ressuscite l’ancienne cellule saoudienne, aujourd’hui démantelée, qui avait frappé le Royaume en 2003 et 2004 avec des attentats très spectaculaires contre des cibles notamment américaines et des exécutions sommaires d’expatriés. Avec cette variante 2009 : l’alliance avec la très active branche yéménite d’Al-Qaïda récemment réactivée par Nasser Al-Wahayshi, l’ancien secrétaire d’Oussama Ben Laden, qui en a pris les commandes depuis son évasion de la prison de haute sécurité de Sanaa en février 2006.
Présent aux côtés des deux « most wanted » saoudiens sur ce document, le Yéménite officialise fièrement l’organigramme de la nouvelle organisation : Said Al-Shehri en est le n°2 et Mohammed Al-Aoufi, le Chef des opérations. Une aubaine pour son groupe, qui n’a cessé d’affirmer la montée en puissance de ses capacités depuis son apparition fin 2007, avec la multiplication d’attaques contre des cibles occidentales dont l’Ambassade des Etats-Unis à Sanaa à deux reprises.
Avec le renfort inespéré de ces deux opérationnels saoudiens, auréolés du prestige de vétérans de Guantanamo — une épreuve qui a « renforcé plus encore notre détermination à poursuivre le djihad », comme aime à le souligner l’ex détenu n° 372 — il peut désormais rallier à lui les réseaux dormants chassés par les Saoudiens et réaliser sa grande ambition, encouragée récemment par le n°2 d’Al-Qaïda, Ayman Al-Zawahiri : faire du Yémen la base régionale des opérations pour le Golfe.
Tout un programme, qui a fait bondir le Ministre saoudien de l’Intérieur. Lequel a reboosté illico ses services de sécurité et fait savoir à son homologue yéménite tout le « bien » qu’il pensait de la coopération bilatérale en matière de lutte antiterroriste. Le résultat, pour le coup, ne s’est pas fait attendre : Mohammed Al-Aoufi a finalement été arrêté le 17 février et remis aux autorités de son pays. Selon la légende officielle, il se serait rendu de son plein gré…
Sûr que sa « détermination à poursuivre le djihad » retrouvera une nouvelle vigueur dans les geôles saoudiennes. Au moins le temps pour ses coreligionnaires au Yémen de sécuriser leur clandestinité. Aguerri par ses six ans passés à Guantanamo, l’ex-détenu n° 333 a acquis une bouteille certaine dans la maîtrise des interrogatoires.
Les extraits de son audition par le comité militaire (Administrative Review Board) chargé d’évaluer la dangerosité des détenus du Camp Delta, compulsés par la fondation américaine Nefa en disent long sur la formation dispensée bien involontairement par « l’école Guantanamo ».
Pour être libéré, le détenu n°333, détenteur d’un CV pourtant lourdement chargé, était parvenu à retourner ses jurés, dont il commençait à connaître les techniques. Comment ? En empruntant à nombre d’innocents passés par les mêmes affres, leur — vrai — argumentaire de défense : « je ne suis qu’un musulman et pas un terroriste ». Et en vrai pro, il était même allé jusqu’à proposer « de travailler pour les autorités américaines » une fois dehors…
A lire et relire sur Bakchich.info :
là je ne fait que citer BKCHICH :
Mais un incroyable événement est venu perturber cette apparente accalmie et briser cette belle harmonie. En février 2006, 23 détenus de la prison de haute sécurité, à Sanaa, s’évadent par le tunnel qu’ils ont creusé. Parmi eux, deux vieilles connaissances de la CIA : Jamal Al-Badaoui, considéré comme le cerveau de l’attentat contre l’USS Cole, et un certain Nasser Al-Wahayshi, l’ancien secrétaire d’Oussama Ben Laden. Lequel est aujourd’hui aux commandes des « Brigades du Yémen », nouvelle version d’Al-Qaïda reconstituée au Yémen.
vous voyez tous se tient !!