Au Yémen, la charia interdit les relations avec les femmes hors mariage. À l’inverse, l’homosexualité est pratique courante et acceptée. De notre envoyée spéciale partie à la rencontre des jeunes « chebab » de la ville d’Aden.
D’Arthur Rimbaud, il ne reste plus qu’un hôtel pour rappeler la maison qu’occupait à Aden le jeune poète à la fin du XIXème siècle. Seule l’enseigne de l’établissement, écrite en arabe, avec sa transcription latine au-dessus de l’entrée, l’évoque encore - à sa façon : hôtel…« Rambo ». Sans ses voyelles, qui n’existent pas dans la langue arabe, le nom de l’homme qui aimait les hommes, seulement avec un petit « h », et le qat, avec un suggestif « q », se confond ici naturellement avec celui porté par la figure emblématique du héros viril et conquérant. Et surtout puissant. L’étalon de référence pour le « louti », le terme arabe employé pour désigner l’homosexuel.
Aden fait toujours le même effet à celui, étranger, qui veut « arriver à l’inconnu par le dérèglement de tous les sens », comme l’écrivait Arthur. Dans cette ville portuaire du sud yéménite, aux confins de la péninsule arabe et à quelques brassées de Djibouti et de la Somalie, les couleurs comme les odeurs sont plus capiteuses et pénétrantes que dans la capitale sans air. La brise de bord de mer est une caresse toujours recommencée, encore réclamée, même brûlante. Ici, plus qu’ailleurs dans le pays, l’aventure entre hommes semble se présenter à chaque coin de rue, à portée de mains frôlées, bientôt mêlées. Comme si à chaque fois, ce plaisir volé était un petit morceau de paradis gagné sur un quotidien de survie vécu comme « une saison en enfer » éternelle.
Ahmed plaît. À force de l’avoir vérifié, il en rajoute un peu, des manières un peu trop appuyées quand il parle, à faire « sa » belle et « sa » timide. Il s’est même affublé d’un prénom féminin – Isabella – et s’amuse avec les autres chebab – jeunes gens – comme lui, à parler d’eux en employant le genre féminin. Pourtant, ce long corps bien bâti de 21 ans à l’allure souple pratique aussi les femmes. Bisexuel, donc ? Juste « sexuel », répond-il en tortillant une mèche, faussement gêné.
S’il s’est mis à privilégier les hommes, explique-t-il, c’est d’abord par défaut, comme tant d’autres chebab. Avoir des relations avec une femme hors mariage est compliqué et risqué dans une société comme le Yémen régie par la charia islamique, qui l’interdit et le condamne. En revanche, prendre un amant est d’autant facilité que l’offre locale s’avère particulièrement dynamique. « Quel époux yéménite n’a pas d’amant ? », remarque nonchalamment un Français de ses amis, connaisseur averti de ce terrain. « Au lieu de se contenter d’une lecture des jeux de pouvoir et des luttes de clans dans ce pays à travers le prisme tribal, on devrait plutôt s’intéresser à qui couche avec qui. On comprendrait mieux pourquoi cet officier-là a fait une carrière éclair ou cet homme d’affaires a remporté un marché juteux … »
Autant de bonnes raisons d’y prendre goût. Et Ahmed s’y emploie, avec ses objectifs. Aimer les hommes ouvre sur l’international. Ses arguments physiques et ses talents lui ont fait fréquenter des étrangers, surtout occidentaux. Avec l’espoir, peut-être un jour, de partir avec l’un d’entre eux et avoir un avenir, qu’il ne trouve décidément pas à Aden. En France, peut-être ?
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Bonjour.
Réponse à passant :
j’ai dit spécialement "assouvir ses besoins sexuels" parce que la société nous présente toujours la relation physique comme l’ultime but (égoïste) de la relation hommes-femmes ou hommes-hommes ou femmes-femmes. Et c’est justement cette obligation d’être un grand baiseur ou baiseuse fait ignorer la véritable essence d’une relation qui est justement de se mettre en relation. Pour vivre et non pas simplement jouir sexuellement.
C’est comme si la société obligeait dans le futur les gens à tirer leur coup (fréquence calculée scientifiquement cad n’importe quoi) comme les bonobos pour éviter les troubles sociaux ou revendicatifs.
Et l’homosexualité féminine ? a croire qu’il n’y a que des hommes sur terre. En tout cas être homo au yemen est passible de la peine de mort. Quand aux femmes….
Homosexualité illégale : Plus de 90 pays
L’homosexualité est illégale dans environ 50 % des pays du monde. La peine de mort existe toujours comme au Pakistan pour des relations homosexuelles. Certains états des États-Unis l’homosexualité est totalement illégale.
Afghanistan, Algérie, Angola, Arabie, Arménie, Bahreïn, Bangladesh, Barbade, Bénin, Bhoutan, Botswana, Birmanie, Bosnie, Brunei, Burundi, Cameroun, Cap Vert, Corée du Nord, Cuba, Djibouti, Egypte, Emirats Arabes Unis, Etats-Unis, Ethiopie, Fidji, Gabon, Ghana, Grenade, Guinée, Guinée Equatoriale, Guyana, Haïti, Inde, Iran, Iraq, Jamaïque, Jordanie, Kénya, Kiribati, Koweït, Liban, Libéria, Libye, Malaisie, Malawi, Maldives, Maroc, Marshall, Maurice, Mauritanie, Micronésie, Mongolie, Mozambique, Nauru, Nicaragua, Nigéria, Oman, Ouganda, Ouzbékistan, Pakistan, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Paraguay, Pérou, Qatar, Rwanda, Salomon, Samoa, Sainte-Lucie, Sénégal, Seychelles, Sierra Leone, Singapour, Somalie, Soudan, Sri Lanka, Syrie, Swaziland, Taïwan, Tanzanie, Togo, Tonga, Trinité, Tobago, Tunisie, Turkménistan, Tuvalu, Vatican, Yémen, Zaïre, Zambie, Zimbabwe.
Bonjour, Quelle tristesse à la lecture de votre article, j’ai voyagé à plusieurs reprises à Aden, j’ai connu grand nombre de personnes avec comme partout dans le monde leurs différences. Votre article est plus que réducteur, d’un détail vous en faites une généralité et ceci est dangereux. Bien sûr qu’il y a des homos, mais dire que c’est la conséquence d’un ordre établi est faux. Comment expliquez vous alors l’homosexualité dans les pays occidentaux, est ce une façon de vivre ? un mal social ou seulement la liberté de chacun ???? Evidemment que l’omosexualité existe à Aden, la charia condamne plus sévèrement l’acte homosexuel que la sexualité hétéro hors mariage. Ne dit on pas que notre liberté s’arrète là où commence celle des autres. Alors laissons Ahmed et ses amis vaquer à leurs occupations et parlons plutôt de Aden, la ville portuaire de la péninsule arabe, de ses paysages merveilleux et ses habitants chaleureux et hospitaliers
M.Sad