Quoi de mieux qu’un sarkozyste de gauche pour réconcilier l’Elysée et l’hebdo de la gauche tarama, en froid depuis l’affaire du « SMS » ? Nommer Denis Olivennes grand patron du « Nouvel Observateur », un coup de génie !
C’est assez amusant : au moment où il est engagé dans un conflit assez pittoresque avec notre apprenti président Super Sarko au sujet d’un fameux SMS virtuel déniché par un enquêteur hors pair, Le Nouvel Observateur – qu’on se gardera pour une fois de qualifier d’hebdo de la gauche caviar – porte à sa tête un sarkozyste de gauche en la personne de Denis Olivennes.
De quoi permettre d’arrondir les angles même si l’intéressé jure qu’il n’est pas sarkozyste. Ses amis rappellent qu’il a fait partie des « Gracques », ces hauts fonctionnaires et patrons de gauche qui jugeaient avant la présidentielle que le Parti n’était pas suffisamment de droite… On comprend que depuis le succès époustouflant de la majorité présidentielle aux municipales, l’étiquette sarkozyste soit lourde à porter, mais il ne faut pas avoir honte, Denis. On est encore en démocratie et chacun peut exposer ses opinions.
Celles de Denis Olivennes sont assez carrées comme le personnage : cet agrégé de lettres modernes passé par l’ENA est tombé rapidement dans les comptes d’exploitation. Après un passage dans le cabinet de Pierre Bérégovoy au ministère des Finances puis à Matignon, il rejoint Air France. Aux côtés de son ami Christian Blanc, un ancien préfet rocardien devenu, lui aussi, sarkozyste (il vient même d’hériter du poste de secrétaire d’Etat à la Région Capitale, défense de rire), il apprend les négociations sociales. Il n’hésite pas à jouer les fiers à bras, dévoilant son passé de boxeur, face aux syndicalistes de la compagnie aérienne.
Quand Christian Blanc est débarqué par l’austère qui se marre, c’est-à-dire Lionel Jospin, Denis Olivennes découvre l’univers des médias en prenant la tête du câblo-opérateur NC Numéricâble, qui est plus ou moins dans l’orbite de Canal Plus. Pote avec le boss de la chaîne cryptée, Pierre Lescure, il devient directeur général de Canal Plus France.
Mais le duo Lescure-Olivennes est dans le collimateur du grand patron de Vivendi, Jean-Marie Messier (qui s’essaie à devenir le maître du monde des médias avant d’exploser en vol en laissant des dizaines de milliards d’euros de dettes). Olivennes prend la tangente en juin 2000 et rejoint le groupe Pinault-Printemps-Redoute du gauchiste bien connu François Pinault, ami intime de Jacques Chirac. Responsable de la distribution, il prend la tête de l’une des plus belles filiales, la Fnac, en 2003.
Et c’est le début d’une merveilleuse aventure marquée par des suppressions d’emploi et des réorganisations visant à faire de la Fnac un simple supermarché « culturel ». Ces efforts n’empêchent pas une dégradation des comptes car les disques sont de plus en plus téléchargés sur l’Internet. Pour se renflouer, Olivennes a une idée de génie : supprimer la réduction de 5% que la Fnac faisait sur les livres. Parallèlement, il lance une croisade contre le piratage.
Nommé à la tête d’une commission l’an dernier, il prône un durcissement de la répression contre les chenapans des cours de récréation qui s’échangent des morceaux avec leurs copains. Ce n’est pas bien de pirater. Olivennes en sait quelque chose puisque la Fnac est soupçonnée par la Sacem d’écouler des DVD pirates, comme le rapporte Le Canard enchaîné du 27 février 2008. Partisan du dialogue social musclé, prêt à participer à toutes les missions que Super Sarko lance (on a parlé récemment de notre ami pour une mission sur l’économie numérique), trouvant que le PS n’adopte pas assez rapidement l’économie de marché, Denis Olivennes est l’homme qu’il faut pour moderniser Le Nouvel Obs !
Il manque quelque chose de fondamental pour comprendre qui est ce monsieur et en quoi il va garantir l’indépendance du Nouvel Obs (vis à vis des pays de l’Axe du Mal) :
Denis Olivennes a été recruté par la French American Foundation en 1996 (la même année que François Hollande). La FAF est l’organisme mis en place par John Negroponte en 1976, chef des services secrets U.S.
Curieusement, ceux qui en font partie oublient systématiquement de le mentionner dans leurs biographies.
Et si , cher Nicolas Beau, ton fanzine qui ne cesse de tirer à boulets rouges sur l’Obs, se trompait. Si olivennes était un type bien, de gauche, mendésiste, signataire du manifeste des Gracques pour une rénovation de la gauche, ancien conseiller de Beregovoy, auteur d’une étude très importante parue dans le Débat : "La préférence française pour le chômage" ? Il combine des qualités d’intellectuel, de manager et d’homme engagé et je ne vois pas dans une démocratie pourquoi il aurait refusé un rapport à Sarkozy sur un sujet qui le tient à coeur (et avec les conclusions desquelles, par parenthèse, je ne suis personnellement pas d’accord). Ce n’est pas un homme du "consensus mou". C’est le meilleur choix que pouvait faire Claude Perdriel pour assurer la pérénité et l’indépendance de l’Obs auquels nous tenons tous. C’est fou ce qu’entend comme conneries à ce propos. Mais s’en faire le vecteur comme vous le faites, est indigne, surtout pour un site qui voudrait faire de l’investigation.
Jean-Marcel Bouguereau
En quoi une "droitisation" de la gauche serait une rénovation ? Il faudra un jour m’expliquer ce paradoxe…
En quoi les propositions de M. Olivennes tendant vers un filtrage généralisé d’Internet sont-elles progressistes et de gauche ? Certes, vous précisez n’être pas d’accord avec les conclusions de son rapport mais ces dernières ne sont-elles pas révélatrices de certaines dérives chez czt homme ? Cela ne vous inquiète-t-il pas ?
Moi, qui suis lecteur de l’Obs depuis 20 ans (j’en ai 40), visiteur assidu du quotidien permanent, j’avoue que cette arrivée m’inquiète au plus haut point et a même suscité un certain dégout… d’ailleurs, je ne vous lis plus.