Frustrés par la lenteur de leur bande passante, les villageois d’un bled paumé du Royaume-Uni ont bricolé leur propre réseau internet à débit ultra-rapide. Une idée qui pourrait faire tache d’huile.
Comme le Conseil Constitutionnel l’a signalé lors de sa censure partielle l’été dernier, internet est un droit fondamental. Il faut quand même préciser que tous les citoyens ne sont pas égaux devant ce droit…
Si près de 99% de la population est éligible à des offres haut débit, la qualité des accès Internet présente de fortes disparités. Le gouvernement français devrait d’ailleurs annoncer en mai les projets sélectionnés pour développer l’internet haut débit dans les zones rurales et palier le problème des zones blanches grâce à une enveloppe de 30 millions d’euros en provenance du Fonds européen agricole pour le développement rural.
En attendant, les difficultés techniques pour les FAI et les avantages moins importants à tirer de certains endroits peu peuplés, contribuent à ces inégalités de traitement. La "fracture numérique" aurait même tendance à se creuser dans les zones rurales avec les offres de Triple Play (téléphone+internet+télévision) désormais répandues et les fils de cuivre qui sont voués à être remplacés par les fibres optiques. La facture de l’internaute, par contre, reste la même.
A Lyddington, petit village de campagne situé dans le minuscule comté de Rutland (le plus petit d’Angleterre, environ 382 km2), on a décidé de prendre les choses en main. Dans ce coin reculé, les villageois en avaient assez d’attendre que BT (sorte de France Telecom britannique) et les autres grandes entreprises de télécommunication du pays daignent leur fournir un service décent. La réponse était toujours la même : pas assez rentable.
Pour remédier à la lenteur de leur bande passante, les 200 familles de Lyddington se sont associées à la petite entreprise locale Rutland Telecom pour racheter à une filiale du réseau BT des câbles de fibres optiques qu’ils ont eux-même installés (voir les deux vidéos au bas de l’article). Comme l’explique l’un des résident à la BBC, les villageois avaient en effet découvert en 2008 la législation sur les télécommunications ne les empêchait pas de prendre eux-même en charge leur bande passante en utilisant les tronçons du réseau de BT. Deux ans plus tard, après que les habitants aidés de 11 investisseurs ont réussi à collecter 37000 livres (près de 42000 euros), le réseau communautaire vient d’être officiellement opérationnel.
Avant le lancement du service, personne au village n’avait un taux de transfert des données supérieur à 0,5 Mbps (inutile de s’échiner à tenter de voir une vidéo sur Youtube). La vitesse moyenne est maintenant de 32 Mbps ! La vitesse de la bande passante peut même atteindre les 40 Mbps. Soit l’une des plus rapide de Grande-Bretagne. Et le fermier du coin peut tranquillement visionner le dernier streaming en Haute Définition.
Le succès de cette initiative novatrice attire du monde. Rutland Telecom a été approché par 40 autres communautés rurales pour voir si une solution similaire est possible dans leur région. Dans un pays où 2,5 millions de foyers n’atteignent pas les 2 Mbps de vitesse, l’efficacité et la viabilité économique du web selon Llydington (10% d’intérêts chaque année pour les investisseurs locaux) donne des idées. Beau joueur, BT a salué le projet qui pourrait revitaliser certaines zones rurales, tout en prévenant du « risque d’un monopole local de développement, qui n’est jamais bon pour les consommateurs » (lire la réaction complète sur ispreview.co.uk). Pas sûr que le quasi-monopole national soit plus profitable…
Pour l’anecdote, Stephen Fry ("Le parrain", "Bones", "V pour Vendetta"), acteur qui a passé une partie de son enfance à Rutland, a expliqué au Daily Mail être « assez vieux pour se souvenir de la grande grève postale de 1970 ou 71, lorsque Rutland émis ses propres timbres ». A Rutland, on n’avait pas de web, mais on a des idées. Maintenant, les villageois ont les deux… à très haut débit.
La fibre au cœur de la revitalisation des territoires ruraux… qui en doutait ?
Certainement pas nous puisque notre association "Tous à la Fibre Optique" est le regroupement de professionnels des télécommunications qui œuvrent et conseillent pour l’aménagement en très haut débit (100 Mbit/s minimum) des zones rurales et périurbaines. http://www.fibtic.net/
Nous avons ces derniers mois fait plusieurs POC avec des équipementiers et fabricants de fibre et cela marche… Cordialement,
D’après l’article, BT avait une offre dans ce village avant qu’ils installent leur ADSL. Sauf erreur de ma part, ils sont en concurrence avec ce nouveau fournisseur ! Le porte-parole de BT se moque vraiment du consommateur.
C’est un très bon exemple, et je ne saurais trop conseiller les gens qui sont dans des zone blanche ou grise d’aller voir sur le site http://www.fdn.org/-Essaimage-.html. Le site de l’association explique comment monter son FAI.
risque d’un monopole local de développement, qui n’est jamais bon pour les consommateurs
Mort de rire de chez mort de rire. Quel coeur de la part des porte parole de cette grande entreprise de se soucier du bien-être des consommateurs…