Un doc sur le cinéma d’horreur américain, une comédie romantique branchée, une cyber-connerie : la routine à Deauville.
Il n’y a pas que de mauvais films à Deauville, il y a aussi de mauvais docs. La preuve avec Nightmares In Red, White and Blue : The Evolution Of The American Horror Film, signé Andrew Monument et Joseph Maddrey, soit un jeune réalisateur et un mauvais scénariste télé. Les deux hommes proposent un tour de l’horreur en 90 minutes. Une belle promesse, malheureusement pas entièrement tenue. Tout d’abord, à cause du choix des intervenants. Si Brian Yuzna, John Carpenter, George A. Romero ou Joe Dante sont des pros de l’hémoglobine, que dire de tâcherons comme Mike Garris et autres Tom McLoughlin qui enfilent les banalités ? Compil’ d’extraits rares (un Frankenstein de 1910 !) ou cultes (Herschell Gordon Lewis ou les premiers films de Wes Craven) montés cut, ce Nightmares nous permet de retrouver chronologiquement les grands films du genre, du Frankenstein de la Universal à Hostel, en passant par King Kong, L’Invasion des profanateurs de sépultures, Psychose, L’Exorciste, Les Dents de la mer, Shining, Zombie, la saga des Freddy ou Saw. Mais s’il est rafraîchissant de voir ce festival d’énucléations à la petite cuiller et d’éventrations à la scie égoïne rouillée, plusieurs théories ou interprétations fumeuses laissent plus que dubitatif…
Tous les ans, Deauville, thermomètre du cinéma américain, nous présente de petites comédies romantiques à l’eau de rose ineptes, produits de consommation courants qui traduisent l’optimiste béat de nos amis yankees. Cette année, c’est Mark Webb qui s’y colle. Ex-clippeur pour Green Day ou Maroon 5, le jeune trentenaire, dont c’est le premier long-métrage, tente de bidouiller le Quand Harry rencontre Sally de la génération Facebook.
Avec une B.O. branchée (on entend même le « Quelqu’un m’a dit » de Carla B.), Mark Webb raconte l’histoire d’amour, sur 500 jours, d’une fille casse-couilles, traumatisée par les relations conflictuelles de ses parents, qui ne veut pas s’engager avec le jeune collègue fou d’elle. S’engagera, s’engagera pas ? Très vite, il n’y a plus d’enjeu et le cinéaste multiplie les artifices pour masquer les lieux communs : il jongle avec la temporalité, ose quelques split-screens, s’offre une petite séquence de comédie musicale, accumule les références à la Nouvelle vague… On se retrouve avec un objet vide, branché, ultra-marketé, qui semble recycler les recettes de Juno ou Little Miss Sunshine, et miné par le « jeu » de l’insupportable Zooey Deschanel.
Pour sortir de ma torpeur et tenter de me réveiller, j’ai réussi à me frayer un chemin à travers la multitude d’agents de sécurité à oreillettes pour voir Ultimate Game, des deux réalisateurs du très fun Hypertension. Le pitch est excitant : dans un futur proche, le milliardaire psychopathe Ken Castle a crée Slayers, le jeu video ultime (d’où le titre du film, coco). Des taulards, une puce implantée dans le cerveau, sont lâchés dans une cité virtuelle et guidés à distance par des gamers en ligne, s’explosent à l’arme lourde pour tenter de regagner leur liberté. Parmi ces gladiateurs du virtuel, Kable, incarné par le pas très shakespearien Gerard Butler, héros musculeux de 300 (le « THIS IS SPARTAAAAAA ! », c’était lui). C’est bien sûr bruyant et frénétique, mais assez vite lassant. Ultimate Game pourrait être simplement stupide, mais cette série B dégage également un parfum plutôt nauséabond. Comme Live !, un nanar avec Eva Mendes qui prétendait dénoncer les travers de la télé-réalité et qui faisait du suspense avec des scènes de roulette russe, Ultimate Game s’attaque à la réalité virtuelle des jeux vidéos mais se délecte de leurs pires travers. Game over, vraiment.
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