A Deauville, le temps d’une escapade de fin de semaine, Bertrand Rothé a promené un peu de Bakchich.
Jalousie, peut-être ! Je n’ai pas le goût pour la première classe, ni les moyens du reste. Un crayon à la main, je note sur les tickets de train des instants, des bribes d’échanges.
Un SDF boit le reste d’un jus d’orange trouvé dans une poubelle. Ce sera son week-end de vacances.
Un couple qui part avec un enfant attend devant le panneau départ « Réseau Ile de France ». Il a peu de chance de voir la mer. Gentiment, un agent SNCF leur indique le panneau grandes lignes à l’autre extrémité du quai.
Quatre flics escortent un groupe de Rroms. Trois générations de femmes entourées de quatre fliquettes.
« Il faut retourner dans le métro, le Chef nous a vus ». Les soldats grognent, mais ils suivent le sergent. Vigipirate traîne des pieds.
Un scout d’Europe traverse martial la salle des Pas Perdus. Après l’incident de la semaine dernière, il préfère prendre le train. Son espérance de vie vient de prendre deux minutes.
Un homme, un petit chien à la main et la gazette de Drouot dans l’autre, insulte un contrôleur : « Connard, connard… ». Je le suis pour comprendre cette agressivité. La réponse tombe, sèche : « le train a systématiquement deux minutes de retard ».
« Vous auriez dû composter le forfait Bambin ». Ma fille n’a pas compris : « je ne suis pas bambin, je m’appelle Barbara ». Elle comprendra plus tard, quand elle n’aura plus le droit à cette réduction.
Une dame a posé une serviette pour protéger le siège de la SNCF de la chute des poils de son chien. Il n’est pas tout jeune le corniaud.
L’avantage du string c’est qu’il ne marque pas lorsque les fesses se relâchent.
Enfin un couple métisse, c’est le premier. Deux homos, la famille est sauve.
La mèche deauvilloise est un peu plus longue que celle du XVIe arrondissement. Est-ce dû au relâchement des vacances ?
L’américanophilie d’une grande partie de la communauté juive est en grande partie due à la substitution de la kippa par la casquette. Elle rend cohérent un phénomène de mode.
« Elle est très bien cette fille ! ». Le jeune homme lâche sa paille « Oui, maman, mais elle est grosse. » « Et alors ? ». La maman, tout en sac Chanel, n’est pas arrivée à vendre la fille de sa copine à son fils.
« Et les filles, Karine elle s’est fait chier dessus. ». Une mouette vient de se lâcher. Oui, mais laquelle ? Elles sont nombreuses à brailler au-dessus de notre tête.
Une brocanteur confond des Péruviens avec des Rroms : « Attention », dit-elle à sa voisine, « surveille ». Le couple des hauts plateaux achète pour 50 euros de bijoux. La dame s’excuse du bout des lèvres.
Depuis l’incident dramatique de la veille, un bus de TF1 stationne en permanence devant l’entrée de la plage. Les vautours bedonnants attendent une nouvelle catastrophe.
L’employée répond : « Il n’y a plus de réservation en seconde madame ». « Mon mari ne circule qu’en première. » La guichetière de la SNCF aurait dû le savoir, imperturbable elle continue « Il a une réduction ? ». Là la bourgeoise se fâche : « Non ; c’est son entreprise qui paie. » La dame aurait dû dire : « vos impôts le subventionnent à moitié ». Cela aurait été plus honnête et plus classe.
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