Après le braquage historique de la bijouterie Harry Winston, vendredi dernier à Paris, des soupçons pèsent sur les Pink Panthers, anciens soldats réengagés dans l’armée du casse.
Dubaï, Monaco, Saint-Tropez, Courchevel, Biarritz, Zurich, Liechtenstein, Paris, Tokyo : pleins d’endroit où les bijoutiers sont plus nombreux que les clairs de lune. C’est ici que l’armée sans uniforme, celle des « Panthères roses », attaque pierres précieuse, diamants et joncaille. Son score, dans 17 pays du monde, plus que 500 millions d’euros, dépasse l’aide accordée à Martin Hirsh pour mettre sur pied son RSA…
Le braquage de la bijouterie Harry Winston, vendredi soir à Paris (score au moins 85 millions d’euro), n’est peut être qu’un épisode de plus dans la guerre qui oppose un petit bataillon d’ancien soldats et miliciens d’extrême droite à tous les bijoutiers du reste du monde. Sous prétexte qu’à la suite d’un de leurs braquages un diamant a été retrouvé planqué dans un pot nourriture pour bébés, comme dans le film de Blake Edwards, les policiers ont baptisé ces paramilitaires les « Panthères roses »…
L’idée de cette armée du casse, du hold-up mondialisé, est née il y a une quinzaine d’années dans la tête de ceux qui ont vu un modèle en la personne d’Ante Gotovina, un caporal chef croate de la Légion étrangère, devenu « général » lors de la guerre d’ex-Yougoslavie. Accusé de crimes de guerre contre les Serbes de Krajina, il est aujourd’hui enfermé dans une prison de La Haye.
En 1973, à dix huit ans, Gotovina quitte la côte dalmate, et l’île de Pasman où il est né, pour s’engager dans la Légion à Marseille. Il est affecté au 2e REP de Calvi et devient le chauffeur du colonel Erulin, anti-héros de la Guerre d’Algérie au cours de laquelle des prisonniers l’accusent d’avoir pratiqué la torture. Gotovina quitte l’armée en 78, obtient un passeport français et l’indéfectible amitié de Dominique Erulin, frère du précédent. Mercenaire et barbouze international, idole de jeunes militants d’extrême-droite en mal de baroud, Erulin devient l’ennemi des amis de Mitterrand. Qui le soupçonnent de méditer un coup d’état contre le bon président François. Alors qu’en réalité, pour ces différents courtisans de Tonton, il ne s’agit que de justifier, par l’existence d’un ennemi fasciste, la création de la déplorable Cellule de l’Élysée…
C’est dans cette période d’errance, entre deux emplois de mercenaires, et un coup de main donné à Jean-Pierre Mouchard, financier de Le Pen (dont l’imprimerie de la Seyne-sur-Mer est alors coincée par la CGT), que Gotovina et Erulin commencent leur flirt avec le monde des bandits, l’équipe s’auto-définit poétiquement comme « chercheuses de trésors ». En 1986, pour le braquage d’un marchand de coffres forts, Gotovina est arrêté. Tout comme son ami Erulin. Chanceux, ce dernier parvient à disparaitre. En 86 la Cour d’assises de Paris condamne le caporal-chef à 5 ans de prison. Mais il est vite libéré et retrouve son copain Erulin qui a pris du grade comme homme à tout faire de la DGSE. En 90, le futur général croate est repéré lors du « saucissonnage » d’un homme d’affaires dans sa maison de Chevreuse. C’est à cette période qu’apparaissent les braquages de type militaro-voyou…
Pourtant, au même moment mais à cheval sur deux activités, c’est en tant que criminel de guerre que l’ancien légionnaire occupe le plus clair de ses jours. À chasser de chez eux le demi-million de Serbes qui vit en Krajina, région de Croatie, et cela depuis deux ou trois siècles. Le doux Ante, qui porte le prénom de Pavlevic, l’ancien chef de la Croatie alliée d’Hitler, ne regarde pas aux moyens de se montrer aussi barbare qu’il convient dans cette partie du monde. À croire qu’à la Légion, il a loupé les cours de droits de l’Homme ?
La guerre gagnée, le croate est un héros national. Mais l’histoire le rattrape. Si les Serbes, les perdants, sont désignés comme les plus horribles des tueurs balkaniques, Gotovina a quand même du mal à se faire passer pour le De Gaulle de Zagreb. Il disparait pour une cavale connue de tout le monde et ne sera arrêté, aux Canaries, qu’en décembre 2005 sous la pression du Tribunal pénal international qui siffle la fin de la récrée. Il est pris avec dans sa poche un faux passeport montrant que le caporal-chef a fait plusieurs tours du monde. Enfermé dans une cellule proche de celle de Milosevic, Gotovina décide de fédérer les soldats perdus de la guerre des Balkans. Plus de Serbes ou de Croates, plus de Bosniaques mais des frères nationalistes, le caporal général restaure le rêve de Tito ! À la mort de l’ancien dictateur serbe, il envoie à la famille du très regretté défunt une lettre de condoléances, œcuménique, signée de 34 Serbes et Croates.
Loin de La Haye, cette reconstruction d’une Yougoslavie à l’ancienne, avec le pardon des crimes, se poursuit chez de jeunes paramilitaires qui tiennent Gotovina pour leur modèle. Ces mercenaires qui pratiquent les braquages comme un art de la guerre sont, pour quelques uns, d’abord basés à Santa-Cruz, en Bolivie. Dans cette riche province, prospère depuis 1945 une très importante colonie croate. Pendant la dernière Guerre des Balkans, restés fidèlement nazis, ces riches oustachis ont aidé la Croatie et son héros Gotovina. Accessoirement, ces démocrates de Santa-Cruz veulent aussi la peau d’Evo Morales, le président Bolivien d’origine indienne, que ces poètes dalmates appellent « l’animal ». D’autres guérilleros de cette troupe sans uniformes se sont, eux, parfois retrouvés et entraînés au Zaïre. Jolie base arrière pour les expéditions lancées contre les joyaux du monde entier, en plus un pays où on s’y connait en diamant.
Cette armée invisible possède son service de renseignements, ses équipes « d’éclairage » qui repèrent le terrain, un service action avec ses commandos, un bureau d’exfiltration qui aide les braqueurs à s’évaporer sans mal. Enfin un solide service technico-financier qui, en compagnie de bons conseillers, gère les produits du travail et les revenus du capital.
Ici il faut poser la question : où va tout ce fric et ne serait-il pas, sur les bords, un tout petit peu politique ? Du genre à donner un coup de pouce, du type coup de pied dans le cul, à quelques démocraties trop fragiles ?
À lire ou relire sur Bakchich.info :
Cher Journalistes, avant d’essayer de nous informer, informez-vous, s’il vous plaît.
Regardez-moi ça, copié-collé de votre article :
< Le doux Ante, qui porte le prénom de Pavlevic,… >
Peu importe ce que représentait cet individu pour ses amis et ses ennemis, sachez donc que : – "Ante", c’est un prénom courant en Croatie ; – Si vous voulez parler d’un personnage très connu et tant qu’ancien allié de l’Allemagne nazie, son nom de famille était Pavelic.
Chers journalistes, debout, instruisez-vous par Internet, réveillez-vous donc si vous voulez être crédibles !