Fin juriste, Jean-Claude Marin n’a pas son pareil pour botter en touche sur les dossiers un brin gênants. Dans l’affaire Clearstream, le Procureur de Paris s’est surpassé.
On attendait depuis trois mois le réquisitoire du Parquet qui ne venait pas. Et en effet, la position de Marin était plus qu’inconfortable. Ou il renvoyait Villepin, et il se reniait. Ou il ne le renvoyait pas, et il faisait de la peine à l’Elysée, ce qui n’est pas son intention actuelle, lui qui vise de devenir Procureur général à Paris. Résultat : le Parquet requiert… un supplétif, comme le site du Point l’a révélé. Comme si l’instruction de l’affaire Clearstream qui s’enlise depuis déjà trente mois et coûte fort cher à la Chancellerie, devait être poursuivie encore.
Si Jean-Claude Marin renvoyait Dominique de Villepin devant le tribunal, le magistrat renierait ses convictions, compte tenu de ses déclarations devant plusieurs journalistes amis ces derniers mois. Rien dans le dossier, selon lui, ne démontrerait que Villepin était au courant du caractère frauduleux des fameux listings. Et il est vrai que l’instruction calamiteuse des juges d’Huy et Pons n’ a pas démontré que le Premier ministre était un des cerveaux de cette manip. Plus stupéfiant, Zig et Puce, comme on les surnomme, n’ont pas démontré les liens entre Villepin et Imad Lahoud. Lequel a eu en sa possession les fameux listings et fait figure dans le dossier d’instruction bâclé de coupable, forcément coupable.
Le plus urgent, attendre
Mais le risque aurait été grand pour Jean-Claude Marin, à l’inverse, de ne pas renvoyer Villepin. Dans ce cas, il serait passé pour un opportuniste, désireux de plaire au pouvoir actuel, après avoir servi le précédent. Et dieu sait si une telle hypothèse est absurde. Le plus urgent est donc, avec le supplétif demandé par le Parquet, d’attendre. Le temps pour monsieur le Procureur d’être nommé Procureur général ? Et de laisser à son successeur la patate chaude ? Comme disait déjà le petit père Henri Queille, président du conseil de la Ive république célèbre pour son aphorisme, « il n’y a pas de problème qu’une absence de solution ne puisse résoudre ».
Lire ou relire dans Bakchich :
Bonjour,
Appréciant les traits d’humour corrézien et corrosif de feu Henri Queuille, résistant célèbre et politicien doué en mots profonds et subtils, il aurait été bon de ne pas lui enlever son u intérieur en écrivant son nom ainsi un peu écorché.
Cette remarque amicale faite pour l’Histoire, l’article est un régal de vérité et d’humour.
Je note que le dessin satirique qui accompagne l’article fait parler le poète et écrivain actuel, ancien Premier Ministre par ailleurs, avec un langage qui lui est inhabituel.
Si la pensée profonde autant que légitime de l’intéressé est bien traduite, et clairement, une envolée poétique sarcastique n’aurait-elle pas été plus proche du personnage, telle que :
" C’est à l’art de la navigation subtile entre les rudes écueils d’un long périple que l’on reconnaît l’expérimenté Marin très attaché à son plus immense destin"
Satiriquement et cordialement vôtre,
qu’on reconnaît le Marin
L’essentiel du poète Villepin, Marie-Victoire Louis l’a résumé dans cet excellent article :
dimanche 2 avril 2006
Villepin et le viol de la France, par Marie-Victoire Louis
À propos de la France, M. de Villepin, distingué Premier ministre de la France, a, selon Franz-Olivier Giesbert (1), déclaré : « Elle a envie qu’on la prenne. Ça lui démange dans le bassin » (2) ; à propos des journalistes jugés trop timides à ses yeux sur les démêlés conjugaux du couple Sarkozy : « Ils n’ont pas de couilles » (3) ; à propos des hommes politiques : « Leur seul organe développé, c’est le trouillomètre » ; à propos de la manière dont il a obtenu de Chirac sa nomination à Matignon : « C’était physique… j’ai violé Chirac » ; enfin, à propos de Sarkozy : « Un type qui ne peut pas garder sa femme ne peut pas garder la France. » (4)
La suite ici :
http://sisyphe.org/breve.php3 ?id_breve=590
Zig et Puce sont nuls, on est d’accord.
Ou de mauvaise foi…
Ils ont rejeté toutes les demandes des parties civiles et mis en examen, qui attendent des compléments d’information pertinents.
Inutile de compter sur la justice pour y répondre sérieusement.
Ne reste aux journalistes qu’à prendre le relais.
Qu’attendent-ils ?