Le retour de la peine de mort créerait non pas un mais trois, voire cinq ou six, emplois, car les bourreaux ont besoin d’aide.
La peine de mort, ce fondement de la vie américaine, clopine. Dans les États du Sud, elle est encore gaillarde et on vient d’exécuter une femme pour la première fois depuis un siècle. Du côté du Pacifique, rien ne va plus : les injections létales sont suspendues, les laboratoires n’ayant plus en stock la substance nécessaire.
En France, dans l’extrême droite et du côté de Nice, on fonde de plus en plus clairement de belles espérances électorales sur son rétablissement. La chose aurait même plus d’avantages que ne le pensent ses promoteurs : elle créerait non pas un mais trois, voire cinq ou six, emplois, car les bourreaux ont besoin d’aide.
Les Sanson, qui ont opéré de Louis XIV à Louis Philippe, formaient une lignée de grands professionnels. Le meilleur du lot, Charles-Henri, eut plus de 4 000 piges à son actif, dont 2 918 pour la seule Révolution. Il détient un record peut-être imbattable en ayant fait tomber, un jour de Terreur, 40 têtes en vingt-quatre minutes.
Ce qu’il faut bien appeler la vitesse d’exécution est en effet, dans le métier, la qualité suprême. Parmi ses successeurs, Defourneaux était d’une lenteur navrante et n’a laissé que de mauvais souvenirs, mais Deibler doit être salué comme un très bon bourreau. Il était vif, précis, ne laissait jamais traîner la besogne. Certes, il avait ses têtes. Il aima Landru mais se montra sévère pour Vacher, l’inspirateur du film "le Juge et l’Assassin". Selon certains psychanalystes, il aurait nourri, en réalité, une véritable jalousie pour un excellent couteau qui lui ressemblait un peu, par le caractère, et œuvrait comme lui dans la catégorie des tueurs en série.
La vitesse de Deibler faillit un jour causer un incident diplomatique. Dans les années 30, le shah de Perse, en voyage officiel à Paris, demanda à assister à une exécution capitale annoncée. On accepta pour ne pas le froisser, mais la cérémonie, en principe publique, fut cantonnée à la cour de la Santé. Or, ce matin-là, Deibler se surpassa et l’affaire fut expédiée en quelques minutes, au dépit du shah, qui exprima vigoureusement sa déception : « Je n’ai rien vu… Recommencez ! » « Mais, Votre Excellence, nous n’avons plus de condamnés ! » Alors, le monarque, tendant un index impérieux vers le procureur de la République : « Lui ! ».
Bonjour, L’anecdote que vous citez sur le shah d’Iran eut lieu en 1912 et ce n’est pas le Procureur qui fut désigné mais le chef du protocole du Quai d’Orsay, Mr MOLLARD.
Quand à LANDRU, il tué 11 fois et non pas neuf : dix femmes et un jeune homme. Pardon pour cette comptabilité macabre mais je vous soumets cette autre vérité : au pied de la guillotine (en fait encore dans l’enceinte de la prison de Versailles, il demanda à parler à son avocat mais il repoussa Moro-Giafferi et s’entretint qulques instant avec son second avocat Me Navières du Treuil qui ne révéla pas la teneur exacte des derniers mots de LANDRU, qui ne prononça pas : n’avouez jamais (cette phrase fut prononcée par un assassin au XIX auquel on avait promis la vie sauve…