La désignation d’une reine de beauté constitue un modèle de dispositif électoral.
On se gausse des Miss, on ricane. On a tort. Quel que soit le caractère frivole de cette institution et quel que soit l’aspect saugrenu de la guerre en dentelles qui oppose le chapeau de Mme de Fontenay au trou de serrure de la société Endemol, la manifestation qui rassemble, à chaque fin d’année, une grande partie des Français autour de la désignation d’une reine de beauté constitue un modèle de dispositif électoral.
Les défilés répétés, décomposés, analysés qui donnent l’occasion aux candidates de montrer chaque facette de leur personnalité ; les entretiens, les séquences de reportages permettent d’apprécier toutes ces jeunes filles dans tous les compartiments de leur être. Ignorée au commencement de la soirée, chaque impétrante se fait de mieux en mieux connaître au fil de l’épreuve, de sorte que la finale oppose des rescapées dont on n’ignore à peu près rien, et que le jury possède toutes les cartes en main quand vient enfin le moment de désigner les lauréates.
Quel contraste, dans cette transparence, avec l’opacité qui préside à nos sélections politiques. Hormis M. Sarkozy, qui a largement montré aux électeurs les aspects si pittoresquement spontanés de son tempérament, quel candidat à la présidentielle aura révélé sa nature aux citoyens ? Avant de glisser son bulletin dans l’urne, qui connaîtra vraiment Mmes Boutin, Le Pen, Joly, MM. Morin, Montebourg, Valls, qu’on a peu vus à l’œuvre, ni même Aubry, Royal, Villepin, Bayrou, Strauss-Kahn, Hollande, qui ont quitté le pouvoir depuis longtemps ?
On a compris que je plaide pour une modification radicale du scrutin, que nos constituants doivent impérativement calquer sur l’élection de Miss France, système dont on vient de voir qu’il donne toutes les garanties aux votants.
Reste à régler les modalités de la campagne électorale nouvelle, qui, placée sous la haute autorité morale d’organisateurs respectés, comme Jean-Pierre Foucault, présenterait désormais le plus grand caractère d’indépendance.
Outre la transparence du système, qui responsabiliserait les électeurs (on n’entendrait plus jamais « Si j’avais su ! »), ce scrutin de l’avenir constituerait un remède imparable contre l’abstention et ses dangers ; j’en veux pour preuve l’impressionnant pic d’audience qui salue annuellement la séquence bikini.