Rechercher dans Bakchich :
Bakchich.info
UNE BRÈVE HISTOIRE DE BAKCHICH

Tags

Dans la même rubrique
Avec les mêmes mots-clés
RÉCLAME
Du(des) même(s) auteur(s)
MÉDIAS / À FOND LA ZAPETTE

Eisenhower avait tout prévu

vendredi 14 novembre 2008 par Nicolas Beau
Twitter Twitter
Facebook Facebook
Marquer et partager
Version imprimable de cet article Imprimer
Commenter cet article Commenter
recommander Recommander à un ennemi

Le business of war américain depuis Dwight "Ike" Eisenhower jusqu’à Bush, Cheney et Halliburton.

Ce documentaire d’Eugène Jarecki datant de 2005, il proposait malheureusement beaucoup de choses sues vues et revues sur le « business of war », l’engagement américain en Irak et les aventures sanglantes de l’équipe Bush (« L’ Amérique en guerre », France 2, jeudi soir).

Néanmoins on pouvait y glaner quelques précieuses infos. Par exemple, le général-président Eisenhower, vous vous souvenez ? Lorsqu’il quitte la Maison-Blanche en 1961, il prononce un étonnant discours d’adieu où il met en garde les Américains contre l’influence du «  complexe militaro-industriel » (d’après le film, il est le premier à utiliser publiquement cette expression). Eisenhower, héros de la seconde guerre mondiale, hyper-galonné, incarnation du patriotisme en armes, était effrayé de voir grandir la pieuvre : « Le risque est réel qu’une concentration de pouvoirs entre des mains non qualifiées ait un effet désastreux ». « Ike » le pro de la guerre voyait gonfler les crédits militaires, grossir une armada insensée et se doutait qu’un jour les Etats-Unis feraient la guerre juste pour utiliser leurs armes et fournir de nouveaux contrats aux fournisseurs du Pentagone.

Bush, Cheney et Halliburton, fils d’Ike

C’est exactement ce que feront Bush et son vice-président Dick Cheney quarante plus tard. Cheney, patron d’Halliburton, une des principales boîtes d’armement, devenu secrétaire d’Etat et engageant les boys dans une guerre irakienne où toute la logistique – de la nourriture jusqu’aux chiottes – était privatisée : cette histoire est connue.

Mais le doc précise bien les contours de ce « complexe militaro-industriel ». En plus de ses deux pieds évidents – l’armée, l’industrie – il repose sur la classe politique, complètement inféodée aux marchands d’armes. Quatrième pilier, plus récent : les « think tanks », qu’on traduit généralement par « groupes de réflexion », ce qui est leur faire beaucoup d’honneur. En réalité ce sont des officines de propagande, de communication et d’intox, qui ont transformé l’Irak de Saddam en ennemi des Etats-Unis – alors que Cheney a serré la pince du dictateur et lui a vendu des armes pendant des lustres – et en danger mondial n°1. De la belle ouvrage, bien confectionnée, bien verrouillée !

Comment la défaire aujourd’hui ? Cette nation est complètement intoxiquée à l’armée – ses crédits, son idéologie, ses emplois-. Le nouveau président pourra certes ordonner un retrait d’Irak en 18 mois comme il l’a promis. Mais que pourra-t-il faire contre le complexe militaro-industriel ? On n’efface pas ainsi un demi-siècle de pénétration et de ramification. Comment Obama pourra-t-il mettre au chômage, en pleine débandade économique, des milliers d’américains employés par Boeing, Lockheed Martin ou KBR ? Tâche immense, tâche impossible ?


AFFICHER LES
8 MESSAGES
0 | 5

Forum

  • le rôle des universitaires et scientifiques
    le dimanche 21 décembre 2008 à 23:43, Caniche rêveur a dit :

    Il y a un autre pilier du complexe militaro-industriel : les universitaires et, plus généralement, les scientifiques. Une bonne partie du financement de la recherche aux États-Unis passe par les agences militaires (DARPA, et dans une moindre mesure, Office of Naval Research et similaires). Cet argent va aux universités, mais aussi à des corporations "nonprofit" qui font de la recherche pour le gouvernement (MITRE Corporation, SRI International..), sans parler bien sûr aux laboratoires nationaux sous tutelle de la défense.

    Ce mécanisme permet de "mouiller" des milieux qui sont pourtant "de gauche" relativement aux États-Unis. Il faut bien vivre. Et puis, il faut bien le dire, la DARPA, du moins à certaines périodes, a financé des recherches dont le rapport avec la défense était assez ténu (en cette période de restrictions budgétaires, il paraît qu’ils sont très regardant sur le côté "appliqué").

  • Eisenhower avait tout prévu
    le samedi 22 novembre 2008 à 21:19, hedona a dit :
    C’est bien le seul Président américain qui avait encore un sens moral. Malheureusement ce visionnaire n’a pas été entendu par tous ceux pour qui la morale n’existe pas et pour qui seuls la puissance,le besoin de posséder toujours plus en balkanisant le monde entier est leur seul but. Ike a laissé la place à une génération de menteurs, de filous, de despotes, de mafieux. Des crapules qui ont fait comme le dit de La Chiesa je crois "du mensonge d’Etat tout un système". Ce qui m’a sidérée et n’a été repris par aucun journaliste, ce sont les premières paroles de Bush jr. après le 11 Septembre. Ils s’adressaient aux "con-sommateurs américains" :… "return to shopping…". Je conseille de lire pour ceux qui ne l’ont pas encore fait l’excellent bouquin de Robert Littell "La Compagnie" ; il éclaire complètement la période d’après -guerre (39/40)jusqu’à l’Afghanistan. Franchement instructif et déprimant.
  • Eisenhower avait tout prévu
    le mardi 18 novembre 2008 à 10:51
    Et Cheney n’est pas secrétaire d’Etat… mais bien VP. Cela n’enlève rien à la portée du discours d’Eiseinhower…
  • Perfide remarque purement comptable
    le vendredi 14 novembre 2008 à 17:46, Ticam a dit :
    Bel article synthétique de M. Beau Mais de 1961 à 2000 (élection de Bush) il y quarante ans et pas 50… :p
  • Eisenhower avait tout prévu
    le vendredi 14 novembre 2008 à 14:25, Phoskito a dit :
    Une précision tout de même : certains think tanks sont en effet de purs organes de propagande, mais cette expression ne s’applique pas à tous. Certains (par exemple, le Pew research center, l’AEI, ou dans une moindre mesure le Cato Institute), tout en ayant une connotation idéologique forte, sont sérieux et produisent des papiers de qualité, respectés comme tel. D’autres (on pense notamment à la Brookings et à la RAND) sont avant tout des établissements à caractère scientifique, produisant de la recherche appliquée de bonne qualité, dans des domaines variés. Les universitaires comptent pour une bonne partie des auteurs que ces institutions emploient. Au total, difficile de distinguer la propagande des programmes de recherche un peu orientés.
    • Eisenhower avait tout prévu
      le vendredi 14 novembre 2008 à 16:03, Phoskito a dit :
      Rectificatif : le Pew serait plutôt dans la dernière catégorie…
    • Eisenhower avait tout prévu
      le samedi 15 novembre 2008 à 10:19, nicolas beau a dit :
      merci de vos précisions tout à fait pertinentes ! NB
0 | 5
BAKCHICH PRATIQUE
LE CLUB DES AMIS
BEST OF
CARRÉ VIP
SUIVEZ BAKCHICH !
SITES CHOUCHOUS
Rezo.net
Le Ravi
CQFD
Rue89
Le Tigre
Amnistia
Le blog de Guy Birenbaum
Les cahiers du football
Acrimed
Kaboul.fr
Le Mégalodon
Globalix, le site de William Emmanuel
Street Reporters
Bakchich sur Netvibes
Toutes les archives de « Là-bas si j’y suis »
Le locuteur
Ma commune
Journal d’un avocat
Gestion Suisse
IRIS
Internetalis Universalus
ventscontraires.net
Causette
Le Sans-Culotte