Le pugilat médiatique entre Cecile Duflot, cheftaine du parti des Verts et Daniel Cohn-Bendit, patron d’Europe Ecologie pour le partage du gâteau écolo a repris de plus belle. Récit d’une guerre bio.
C’est un emblème trompeur. La fleur de tournesol des Verts n’avait plus vu le soleil depuis trois ans. Une grisaille politique à la suite du 1,57 % de Dominique Voynet à la présidentielle de 2007 et aux trois maigres députés élus dans la foulée. Par bonheur, le parti écolo s’est récemment trouvé un nouvel astre brillant, Europe Écologie (EE), né en octobre 2008.
Le doublé d’EE aux européennes de juin 2009 (16 %) et aux régionales de mars dernier (12,5 %) a en effet jeté les ponts d’une union sacrée : créer un nouveau parti rassemblant les deux formations majeures de la mouvance écolo. Mais, comme souvent chez les écolos, rien n’est simple. Pour les Verts, structurés en véritable parti depuis vingt-cinq ans, il est impensable de se laisser dévorer par le fourre-tout de Dany Cohn- Bendit – un mélange d’associatifs, de politiques et de sympathisants. Pour EE, justement, hors de question de laisser les commandes à des Verts engoncés dans des manoeuvres d’appareil.
Pour mémoire, lors de l’investiture de Cécile Duflot à la tête du parti, en 2006, son compagnon de l’époque, l’actuel numéro deux des Verts Jean-Vincent Placé, avait tenu ces délicats propos : « T’as vu qui est secrétaire nationale ? Ma meuf ! C’est moi le patron. » Or, aujourd’hui, l’homme fort, c’est bien Cohn- Bendit. Et Dany ne compte pas donner les clés de la nouvelle maison aux apparatchiks que sont Jean-Vincent Placé, Jean- Marc Brûlé et Dominique Voynet, aux rênes du parti. Dany, passé du rouge au vert, se souvient de sa précédente tentative de secouer l’appareil après les européennes de 1999, où Voynet lui avait gentiment soufflé : « Maintenant tu t’en vas, on te paye un billet aller simple pour Francfort. » Ce coup ci, « elle a été mise à l’écart, on ne l’a pas vue, sauf au premier meeting organisé à Montreuil », soupire un membre de la direction de campagne des régionales.
Pourtant, Cohn-Bendit ne fait pas l’unanimité. Un élu vert de Corbeil-Essonnes, Jacques Picard, lui reproche son absence en période de vaches maigres : « Entre 2002 et 2010, Dany n’était pas là, il ne s’est pas coltiné le trou noir. » Placé, lui, n’a pas hésité à railler le folklore d’EE : « Vous, c’est Désir d’avenir ; nous, on est la colonne vertébrale et le chéquier. » Une allusion à l’échec d’Europe Écologie de récolter 1 million d’euros avant le 1er janvier 2010 par des cotisations d’adhérents – à peine 100 000 euros ont été perçus. Un revers que le frondeur Gabriel Cohn-Bendit, frère de Dany, impute aux Verts : « Ils ont toujours tout bloqué, et Placé a toujours refusé qu’on ait nos propres sources de financement car il voulait que tout ça se passe après 2012. » Dans cette guéguerre des biomen, Placé est surnommé le « Staline vert » par les proches de Gaby, pour sa réputation de négociateur endurci. Selon une huile de son propre parti, Placé renvoie l’image d’un homme « plus intéressé par son poste de sénateur que par l’avenir d’Europe Écologie ». Ce que Claude Bartolone, envoyé PS face à lui lors de la fusion des listes du second tour des régionales, avait courtoisement rappelé : « Son poste de sénateur, il peut aller se faire voir. »
Le conseil national des Verts des 27 et 28 mars permit de préparer le « dépassement » des deux organisations écolos. « Duflot n’a rien dit sur le fond parce qu’elle a le cul entre deux chaises », rapporte un proche de Noël Mamère. À savoir, pour la secrétaire nationale des Verts, comment tirer profit du succès d’EE sans perdre la tête du parti. Et Duflot de noyer le poisson d’une formule inspirée : « Ni la dissolution ni le repli, mais la transmutation. » « Elle prendra le sillon et évitera la vague, c’est comme ça qu’elle dure », jure un collaborateur de l’Assemblée nationale. « De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace ! » a conclu, ironique, Patrick Farbiaz d’Europe Écologie. Elle est belle, la billot-diversité !
Pour les régionales, en théorie, une saine règle prévoyait de panacher, sur les listes, un homme, une femme, un Vert, un Europe Écologie. En pratique, l’association Anticor (des rêveurs qui luttent contre la corruption en politique) a fait les frais de son indépendance revêche. Sa présidente, Séverine Tessier, s’est vu rétrograder d’une position éligible à inéligible entre les deux tours, en Ilede- France. Il faut dire que cette ancienne assistante parlementaire du député socialiste Christian Paul n’a pas été maligne : en pleine réunion de campagne, elle a évoqué les condamnations pour prise illégale d’intérêts de Jean-Paul Huchon, le président socialiste. Illico, la sentence du numéro deux des Verts, Jean-Vincent Placé, est tombée : « Nous te remercions de donner ta place sur les listes Huchon. Y a-t-il des candidats ? » Sauvé de justesse, Jean-Luc Touly, engagé contre les méthodes des multinationales de l’eau pour obtenir des marchés publics, est passé de la troisième place sur la liste Europe Écologie à la onzième sur la liste Huchon. Meurtrie, l’association avait réagi : « Aucune des propositions issues de la charte éthique Anticor, pourtant signée par des têtes de liste et des candidats, n’a été reprise : formation obligatoire des élus, non-cumul des fonctions, prévention des conflits d’intérêts. » Des rêveurs, on vous dit.
Mouvement écologiste indépendant, le groupuscule d’Antoine Waechter qui a fondu son vert à celui d’Europe Écologie, ne fait pas toujours dans la nuance quand il parle « des Israélites ». Ainsi, le 26 mars 2008, pour défendre Bruno Guigue, le souspréfet de Saintes sanctionné pour avoir publié un texte critique sur Israël, pouvait-on lire cette mise en garde sur le site du Mouvement écologiste indépendant : « Français, la communauté israélienne en France vous surveille. » Une prose que Jean Brière, chargé des relations internationales de Waechter, ne renierait pas. L’abus de vin bio est-il mauvais pour la mémoire ? En novembre 1991, le bureau national des Verts avait exclu Brière, alors porte-parole du mouvement, pour avoir déclaré : « Il est impossible de recenser les juifs et les noms juifs des médias. » Infatigable, notre Jean Brière participe, le 19 février 2009, à une réunion animée par le négationniste Serge Thion. an tisémite Autant de fâcheux souvenirs qui n’ont pas empêché Cohn-Bendit de soutenir, sans réserve, Antoine Waechter et ses amis. Quant à Alain Lipietz, il se met en colère quand on lui parle de ce Vert peu luisant : « Ce n’est pas un scoop que Brière est antisémite. » Peut-être, mais c’en est un que les Verts s’accommodent de la présence d’un antisémite. - Jean-Moïse Braitberg
Lire ou relire sur Bakchich.info :
Qu’est-ce que j’ai retenue des propos écolos ? Du romano, du tango, en passant par la flûte enchantée de l’accent Norvégien ? C’est Flo qui a ouvert et fermé les vannes : avec trois maîtres mots à son répertoire : Rassembler… Rassembler… et Rassembler. Pas besoin de voir le vin de champagne couler à flots, il suffit d’écouter Eva Joly… qui a je ne sais quoi d’Angelina… renchérir avec trois verbes attachés avec un fer à souder : Partir, revenir et rester… Surtout si vous n’oubliez pas de sauvegarder votre accent, qu’il soit aigu, grave ou perplexe. Il vous suffira de le décliner sur le sol français pour avoir droit à une pièce d’identité. Eva sera probablement à la tête de ce parti qui favorise toutes les partitions… sans exception ! Ce n’est plus de la politique mais de la musique avant toutes choses… On va enfin pouvoir s’entendre… puisqu’on n’a plus besoin de se comprendre… One two three… viva la Joly ! One two three… viva la Joly !
http://www.tueursnet.com/index.php ?journal=Balle%20des%20Ecolos
L’article dit que les bons résultats ont jeté des ponts "entre les 2 formations majeurs" de l’écologie politique en France. Ily a erreur : Europe Écologie n’est pas une formation politique. C’est bien là tout le problème.
EE n’est qu’un nom donné au rassemblement des écologistes pour les européennes puis les régionales. Il n’y aura pas donc pas fusion entre 2 organisations mais dépassement des Verts avec intégration dans un nouvel ensemble avec ses règles, ses statuts et tout ce qui fait qu’un parti politique c’est chiant mais démocratique.
Après ça n’empêche pas de justement en profiter pour statuer de la souplesse, de l’ouverture, etc. :-)