A l’occasion de la tournée de Sarkozy dans les pays du Golfe, les deux groupes espèrent enfin vendre des "Rafale" en profitant du retour en grâce des intermédiaires.
Nicolas Sarkozy a entamé dimanche soir une tournée dans trois monarchies du Golfe. Après le Qatar lundi, il était attendu en Arabie Saoudite mardi 17 novembre.
Et y espère des contrats juteux car -heureuse coïncidence- Thales vient de rétablir le système des commissions pour les intermédiaires pour le Brésil, et le Golfe, plus précisément les Emirats Arabes Unis.
Dans le jargon, les « intermédiaires » sont plus connus sous le sigle ESP, les « external service providers », qui sur les marchés étrangers, œuvrent pour faciliter les contrats, parfois en utilisant des arguments sonnants et trébuchants.
Au Brésil comme dans les pays du Golfe, Dassault et Sarkozy sont en passe de fourguer le fameux avion Rafale, encore jamais vendu à l’étranger. « La plupart du temps, les ESP de Thales sont les mêmes que ceux de Dassault et œuvrent sur les mêmes dossiers, détaille un connaisseur, En outre, les Rafale sont bourrés de pièces produite par Thales ».
Sur ce sujet ô combien sensible et stratégique des ESP, Dassault, le nouvel actionnaire industriel de référence de Thales, n’a pas hésité à corriger une décision du président Luc Vigneron.
Bakchich.info l’avait narré cet été, à son arrivée, Vigneron a décidé de priver ces intermédiaires des « success fees » , c’est-à-dire des pourcentages empochés sur les marchés qu’ils contribuent à décrocher. Et ce pour éviter au patron du groupe d’éventuels ennuis avec la justice en cas d’affaire de corruption.
Seul bémol, si les directeurs de division veulent récompenser les ESP, à eux d’en prendre la responsabilité écrite. Autant dire que la décision a suscité bien des remous dans le groupe mais aussi chez les actionnaires, au premier rang desquels figure l’Etat.
Beaucoup ont estimé que Thales allait se retrouver à poil à l’extérieur et perdre des marchés. Pire, ces commerciaux d’un genre particulier risquaient de passer à la concurrence.
Si, avec ces commerciaux regonflés à bloc, si la France n’arrive pas à fourguer les coucous de Dassault, on craint une rafale de sanctions…
La Patrouille de France a paradé en Rafale, dimanche 15 novembre à l’ouverture du Salon aéronautique de Dubaï. Ces démonstrations de voltige ont été vues du Premier ministre émirati et souverain de la ville-émirat, cheikh Mohammad Ben Rached al Maktoum, ainsi que du ministre français de la Défense, Hervé Morin.
"Je trouve que les négociations avancent à un bon rythme. On se parle en disant qu’il y a tel ou tel problème, dans un climat de confiance absolue", a déclaré Hervé Morin à la presse française sur place. Au Salon aéronautique du Bourget en juin dernier, les Emirats arabes unis avaient annoncé avoir remis à Paris leurs "exigences techniques" pour l’avion de Dassault, première phase avant les négociations financières.
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