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Stic, Pichon attaque Hortefeux

Fichiers / mardi 20 avril 2010 par La Rédaction
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Le policier Philippe Pichon, en conflit avec le ministère de l’Intérieur pour avoir divulgué sur Bakchich les fiches Stic de Johnny Hallyday et Jamel Debbouze, accuse Hortefeux de l’empêcher de travailler.

Le policier Philippe Pichon, en conflit avec le ministère de l’Intérieur pour avoir divulgué sur Bakchich les fiches de Johnny Hallyday et Jamel Debbouze, tirées du Système de traitement des infractions constatées (Stic) a fait savoir lundi 19 avril qu’il assignait en référé son ministre de tutelle Brice Hortefeux.

Le policier estime que le ministère de l’Intérieur, qu’il assigne pour "voie de fait", "l’empêche de travailler depuis 15 mois en dépit d’une ordonnance d’un juge". En décembre 2008, le commandant Pichon avait été mis en examen pour "détournement de données confidentielles" contenues dans le Stic et "violation du secret professionnel". En mars 2009, il avait été mis à la retraite d’office par le ministère mais avait déposé un référé devant le tribunal administratif pour contester cette décision. Et en mai 2009, ledit tribunal avait finalement ordonné la suspension de cette décision.

Le commandant est réintégré, mais avec un salaire amputé des primes, soit un tiers de manque à gagner, au motif qu’il serait sous le coup d’une suspension administrative “à titre conservatoire”. Philippe Pichon et son avocat accusent donc le ministère de l’Intérieur de “voie de faits”, au motif qu’il cherche à contourner les décisions de justice rendues en sa faveur. L’audience est prévue le 19 mai devant le TGI de Paris.

Tous fichés, mêmes les potes de Sarko

Le 5 octobre 2008, Bakchich publiait un article intitulé Tous fichés, même les potes de Nicolas Sarkozy. On découvrait que même des gens aussi connus que Johnny Hallyday et Jamel Debbouze faisaient l’objet d’un fichage parfaitement illégal dans le fameux Système de Traitement des Infractions Constatées (STIC).

Le Stic est le plus gros fichier informatisé de la police où auteurs de délits, mis en cause et victimes se côtoient. Soit 33 millions de personnes, c’est-à-dire un Français sur deux. Toutes les enquêtes, même sans suite judiciaire, concernant les crimes et les délits sont recensées dans cet inventaire à la Prévert.

Mais ce fichage ne prête guère à sourire. D’après les rapports de la Commission Nationale Informatique et Liberté (CNIL), ces fiches ne sont qu’exceptionnellement mises à jour. Gare à celui qui, à 14 ans, a volé une mobylette ! On assiste à la mise en place d’un casier judiciaire parallèle, non contrôlé, mélangeant le vrai et le faux, l’info et l’intox. Quand ces fichiers n’intègrent pas tout simplement des opinions politiques, des orientations sexuelles ou des appartenances syndicales.

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En 2005, l’ancien patron de la police nationale Michel Gaudin décrit à ses ouailles l’ensemble des données personnelles utilisables dans le Stic - JPG - 41.8 ko
En 2005, l’ancien patron de la police nationale Michel Gaudin décrit à ses ouailles l’ensemble des données personnelles utilisables dans le Stic

Protège-nous de la tentation !

Premier souci, les flics, qui s’ennuient parfois dans les commissariats, consultent, par simple curiosité, les fiches des amis, voisins, stars préférées et autres. Gênant ! Ainsi, les fins limiers de l’IGPN, la police des polices, appelée communément Bœufs-carotte, ont mis à jour, dans le dossier qui nous concerne, 610 consultations illégitimes pour Debbouze et seulement 543 pour le pauvre Jean-Philippe Smet, alias Halliday. Parmi ces curieux, figurait une fliquette d’Angoulême qui s’embêtait ferme et collectionnait, à domicile et dans un grand classeur, les fiches de ses héros préférés.

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Du beau monde derrière les barreaux
© Pakman

Pourquoi le seul commandant Pichon a subi les foudres de sa hiérarchie, alors que les autres, pris en défaut, n’ont jamais été inquiétés, sauf sa collègue du Sud-Ouest, punie d’un blâme ? Cet officier aurait-il vendu ces fiches à des boites de renseignement économique, comme le font beaucoup de ses chefs – comme l’a révélé l’affaire du commissaire divisionnaire Moigne ? Et bien non, jamais la moindre contrepartie, financière ou autre, n’a été versée à ce policier par notre site internet ou par qui que ce soit.

La seule motivation de ce commandant de police était que le scandale du Stic éclate enfin sur la place publique.

D’ailleurs, nous n’avons publié qu’une partie du contenu de ces fiches qui faisaient allusion à bon nombre de rumeurs. Et encore, seulement après avoir contacté les agents de Debbouze et d’Hallyday pour les avertir de notre démarche, qui ne leur a pas semblé scandaleuse.

Vivons cachés

Les membres de la commission de discipline qui, jeudi 26 février, ont proposé une mise à la retraite d’office du commandant Pichon, ont ironisé sur son goût pour l’écriture. Nommé à Coulommiers en Seine-et-Marne, Philippe Pichon a cru que des rapports argumentés sur les dérives du Stic auraient, en interne, plus de poids que les rapports de la Cnil, que personne n’écoute plus depuis belle lurette.

Le paradoxe de la mise à mort administrative de Philippe Pichon, à laquelle on assiste aujourd’hui, est la brillante carrière de cet officier, fort bien noté pendant vingt ans. Est même venu en témoigner, lors du conseil de discipline de jeudi 26 février, un général de gendarmerie, sous les ordres duquel ce dernier avait servi.

Philippe Pichon voudrait l’institution policière transparente. D’où cette volonté de témoigner qui a, parfois dans le passé, déplu à certains de ses chefs. Durant la dernière campagne présidentielle, ce policier atypique fut l’auteur d’un livre à succès Journal d’un flic, marqué par une centaine de recensions : JT de 20 heures, la plupart des radios, une page entière dans le Monde, la der de Libération, le Parisien, Ruquier

Et dans cet ouvrage, il plaidait, en termes mesurés, pour une police plus humaine et plus efficace.

Chargé, le 12 octobre 2005, par note de son chef de service, Jean-François Muller, « de veiller au strict respect des instructions encadrant le Stic », le commandant s’exécute et rend compte, en février 2007, de ses investigations internes dans un rapport de quatre pages. Résultat : la situation du Stic dans la circonscription de police de Coulommiers n’est pas conforme aux textes.

Apparemment, ce point de vue est partagé par sa haute hiérarchie, comme en témoignent les notes de service qui se multiplient en 2007 et 2008, émanant de la Direction centrale de la sécurité publique (DCSP) que Bakchich a pu consulter. Sauf que la situation ne change ni à Coulommiers, ni dans l’hexagone. Le chef de service de Pichon admet, le 5 décembre 2007, que des « consultations sauvages » du Stic se poursuivent sans grande conséquence disciplinaire pour leurs auteurs.

Exit Pichon. Mais qu’importe ! Il n’y a finalement que cet officier graphomane et 33 millions de Français pour se sentir concernés par les graves dérives du principal fichier de la police !

A lire ou relire sur Bakchich.info

Les sans-papiers aussi ont droit à une place de choix dans le fichier STIC ! Avec en prime des données à la limite du fichage biologique.
La Cnil doit rendre jeudi 22 janvier au ministère de l’Intérieur son rapport sur le Stic, le plus important des fichiers de police. Une cinglante confirmation des informations publiées par Bakchich en octobre (…)
Le ministère de l’Intérieur dénonce dans des notes internes, que « Bakchich » s’est procurées, les nombreuses erreurs contenues dans le fichier STIC. Gare au contrôle de la CNIL !
Un fichier peut en cacher un autre. Aussi dangereux qu’Edvige, le STIC met en fiches 23 millions de citoyens. Y compris Johnny Hallyday ou Jamel Debbouze. « Bakchich » publie leurs fiches.
Dans une interview au « Monde », le nouveau ministre de l’Immigration de l’Identité nationale, Eric Besson, assure qu’il « assume le programme de Nicolas Sarkozy et le fait d’appartenir à une majorité, sans état d’âme (…)
En matière de reconduite à la frontière, le ministre de l’Immigration s’est targué d’avoir pulvérisé ses objectifs. Brice Hortefeux a été plus discret sur les régularisations…
Selon la police, les sans-papiers enfermés au camp de rétention de Vincennes sont bien traités. Pourtant, plusieurs parlent à Bakchich de coups et de blessures…

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3 MESSAGES

Forum

  • Stic, Pichon attaque Hortefeux
    le mardi 20 avril 2010 à 14:57, VERO a dit :

    Merci, Cdt PICHON pour votre probité exemplaire qui permet encore de penser que les policiers sont à même de réfléchir sur le sens de leur métier et de leurs missions. Ce n’est pas réservé aux technocrates !

    Par conséquent ces policiers incarnent notre seule garantie républicaine contre certaines dérives totalitaristes ! Ou plutôt lâcheté consensuelle et clanique d’une classe sociale qui se croit tellement au-dessus des autres que "Vol au-dessus d’un nid de coucou" est un film pour enfants de moins de dix ans. En référence : lire "La VENDETTA FRANCAISE" de Sophie COIGNARD.

    L’avenir pour le Cdt PICHON ? Je verrais bien une tentative de psychiatrisation de son cas. L’excès de lucidité tue. Quant à l’excès de courage, la témérité, il n’est récompensé qu’à la seule condition qu’il s’exerce aveuglèment, avec obéissance inconditionnelle à sa hiérarchie.

    J’ai aussi tenté le dépôt de plainte pour voie de fait dans une affaire similaire(devoir de réserve oblige). Un référé coutant trop cher (frais d’avocats, obligation de consignation, frais d’huissier pour assignation) je me suis contentée d’une saisine gratuite du parquet local par dépôt de voie de plainte classique. Mais même l’IGPN a considéré que c’est normal que des chefs de service n’appliquent pas des décisions de justice. L’affaire et les affaires liées ont toutes été classées sans suite par décision d’un Parquet dont l’indépendance est aujourd’hui un grand sujet de débat européen. Sauf pour la France et notre gouvernement. Mieux vaut supprimer le Juge d’Instruction ! Après nous réfléchirons, s’il y a lieu, sur l’indépendance des Procureurs et substituts. C’est promis.

    Il faut redonner aux policiers le droit de réfléchir à leur métier. Le devoir de réserve ne doit pas se transformer en "décérébralisation" du fonctionnaire de base. Le devoir de réserve porte sur la confidentialité des affaires traitées par un policier, pas sur l’exercice critique de son bon sens et son droit nécessaire à échanger sur les bonnes ou mauvaises pratiques de la Maison Poulaga.

    A quand la re-création de la STASI et de son fichage systématique et opaque ? Il est du devoir des citoyens d’apporter leur soutien à ce policier non pas seulement pour défendre sa cause, mais pour la seule défense d’une vraie police républicaine.

    Je regrette et m’interroge sur les raisons du silence des syndicats corporatistes majoritaires dans la Maison Poulaga. Singulière lâcheté de ces représentants de quel personnel ? (pas du fonctionnaire de base),syndicalistes si prompts d’ordinaire à fustiger les journalistes pourtant défenseurs des libertés publiques.Vox populi, vox dei !

    Bon courage, Commandant PICHON ! Votre nom est déjà inscrit sur le panthéon de la République française et honore les vrais policiers, ceux qui défendent les victimes et servent les citoyens. Quant à d’autres, ils ont effectivement un déroulement de carrière plus avantageux voire mirifique, à la hauteur de leur capacité à se compromettre politiquement et socialement. Rivarol écrivait déjà de l’arriviste : "Il est arrivé ! Oui, mais dans quel état !"

    Gageons sur cette liberté "future" d’expression syndicale ! Et testons le système. Jusqu’à tel point est-il liberticide ? Car BAKCHICH publiera, tandis que certains exigeront la trépanation.. de mon cerveau ! Vive la France libre !

  • Stic, Pichon attaque Hortefeux
    le mardi 20 avril 2010 à 08:54, Hiram a dit :

    Pichon ! Avec un nom pareil on se croirait dans un film avec de Funès.

    Comment ce gars très sympathique au demeurant puisque citoyen responsable et courageux, puisse-t-il être suffisamment cinglé pour s’imaginer une seconde que ses collègues arrêteront de pomper allègrement et sans autorisation dans un fichier où les fraudeurs ne laissent aucune trace ?

    De plus, loin de jeter la pierre à une corporation où tous ne sont pas des pourris, comment ne pas comprendre qu’avec LE système Sarkozy de la rentabilité et du chiffre, les flics en sont réduit à aller au plus simple : taper dans cet immense fichier poubelle !

    Sûr que pour certains, trouver un coupable prêt à l’emploi suivi d’une garde à vue disons… musclée, le rendement est plus efficace et plus simple que des nuits de filatures…

  • Stic, Pichon attaque Hortefeux
    le mardi 20 avril 2010 à 03:54, genkey a dit :
    Je souhaite juste faire par de mon admiration pour cet homme d’une honnêteté rare.
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