La crise aura au moins créé un emploi pour le considérable Patrick Devedjian. Toutefois, malgré son plan de relance, super Sarko n’est pas au bout de ses peines
La présentation du plan de relance de Nicolas Sarkozy a été abondamment commenté, surtout par les ministres et les dirigeants de la majorité qui n’ont cessé de s’enthousiasmer sur ce plan. En fait, à y regarder de près, une partie des mesures était déjà décidée et l’effort budgétaire nouveau est plus proche de 20 milliards d’euros que des 26 milliards d’euros annoncés.
Il faut dire que Bercy a bataillé pour éviter que l’on aille trop loin dans le déficit car les services anticipent une hausse brutale des taux d’intérêt, alourdissant automatiquement les conséquences de tout nouveau déficit et de tout nouvel endettement.
Le déficit des finances publiques américaines ne cesse de se creuser et les experts qui prévoyaient 1000 milliards de dollars de déficit pour la première année d’Obama tablent désormais sur 1500 milliards quand ce n’est pas 2000 milliards. Soit près de 15% du PIB, un record en tant de paix. Simultanément, les finances publiques britanniques plongent également dans un déficit colossal, à 8% du PIB au moins en 2009.
Pour l’instant, ces énormes besoins des Etats n’ont pas conduit à une véritable tension sur les taux d’intérêt : les Etats-Unis empruntent à 10 ans au taux de 3,5%, ce qui est plus que favorable. Et les quantités sidérantes de monnaie mises en circulation par les banques centrales pour colmater les brèches du système bancaire trouvent là des débouchés naturels.
Mais si la reprise est au rendez-vous de la relance, et si les marchés monétaires se remettent à fonctionner normalement, les taux devraient se tendre. Résultats, les porte-feuilles d’obligations détenus notamment par les compagnies d’assurance vont perdre très rapidement de leur valeur, transportant la crise financière des banquiers vers les assureurs. Ce que la relance doit faire gagner aux uns, elle va en faire perdre une partie aux autres. Cette chronique d’un krach obligataire annoncé pousse les autorités européennes à la plus grande prudence. Après avoir hésité, Sarkozy a donc décidé de limiter la relance réelle en France. Ce qui l’a convaincu, c’est l’agressivité désormais structurelle des Allemands à l’égard de tout ce qu’il fait. Voyant venir une présidence tchèque qui lui sera fondamentalement hostile, il souhaite calmer le jeu avec Berlin pour pouvoir mieux se recentrer sur sa nouvelle préoccupation : les élections européennes.
La relance aura créé au moins un emploi : celui de débouché pour Patrick Devedjian. Ce dernier n’est pas dupe et il a accepté un poste clairement vide de contenu pour libérer la place au chouchou de Sarkozy. Sur le fond, il est persuadé que les élections européennes seront mauvaises pour les partis de gouvernement et qu’il est plutôt bien de vivre heureux dans l’insignifiance qui permet de vivre caché. Sa seule vraie difficulté est de rédiger son décret d’attribution car personne ne sait ce que l’on peut y mettre de concret.
En attendant à Bercy, on assiste à un nouveau démembrement de l’autorité ministérielle qui permet aux services de prendre encore plus de pouvoir. Le retour des décisions dans les services a encore été confirmé par la mise en veilleuse de la procédure dite de RGPP-la révision générale des politiques publiques-. Les consultants, les conseillers de la dernière heure, tous ceux qui devaient voir et revoir les dépenses publiques vont disparaître pour rendre à la direction du budget ses attributions habituelles : quand on vous dit que la relance est bien réelle… !!
A lire ou relire sur Bakchich.info