Bakchich s’est procuré le verbatim d’une conversation, en octobre 2002, entre les commissaires Didier Rouch et Hubert Marty Vrayance, deux porte flingues à l’époque du patron des Renseignements Généraux, Yves Bertrand. Du lourd !
Pour les deux lieutenants d’Yves Bertrand, qui ce soir d’octobre 2002, dinent à la brasserie la plus proche du Cercle militaire à Paris, l’heure est grave. L’ennemi à abattre, selon Didier Rouch et Hubert Marty Vrayance, c’est « le squale ». Comprenons Bernard Squarcini, un des grands flics de la place Beauvau les plus proches depuis toujours de Nicolas Sarkozy. Lequel Squarcini est devenu, depuis, le chef de la DCRI (Renseignement intérieur).
Et peu importe qu’à l’époque, Squarcini soit le second d’Yves Bertrand, et que le ministre de l’Intérieur s’appelle Nicolas Sarkozy. Ces deux as du coup tordu fonctionnent, sans complexes, hors des sentiers battus, pour servir leur seul patron, Yves Bertrand, aux ordres de l’Elysée et de Chirac.
Dans les célèbres carnets d’Yves Bertrand saisis par la justice, on note au moins vingt cinq rencontres entre le patron des RG et Philippe Massoni, l’ancien Préfet de Police devenu conseiller spécial de Chirac. Avec, à chaque fois, une feuille de route précise… En bout de chaîne, on trouvait des exécutants tels que Hubert Marty Vrayance et Didier Rouch.
Les deux tontons flingueurs, qui voient des complots partout (au point d’ailleurs qu’un des deux a enregistré la conversation que s’est procurée Bakchich) désignent leur patron, Yves Bertrand, du joli nom de Soroyan (ou Soro), le personnage grimaçant et colérique que joue Louis de Funès dans le Corniaud. Beaucoup des délires de l’ancien patron des RG se retrouvent dans leur conversation.
Yves Bertrand laisse entendre aujourd’hui – et encore cette semaine dans l’Express lorsque ses fidèles amis journalistes, Jean-Marie Pontaut et Gilles Gaetner, tentent une défense maladroite de leur ancienne source – qu’il ne s’agissait que de ragots, entendus presque par hasard. A lire le dialogue de ses deux plus fidèles collaborateurs, il semble que les rumeurs les plus folles étaient, au contraire, prises très au sérieux par le cabinet noir d’Yves Bertrand, comme lorsqu’ils affirment, sans rire, que Bernard Tapie était l’instigateur de l’assassinat de Bérégovoy.
La lecture de ces échanges truculents, dignes d’une BD vaut son pesant de cacahuètes.
Pour agrandir les images, cliquez dessus puis cliquez sur zoomer
Lire ou relire sur Bakchich.info :
Ouai, la suite serai bien, un article sur le démentellement des RG, la refondation du renseignement français, les tenant et aboutissants, les personnes placées dans ce nouveau pole…
Ce que sont devenus les protagonistes de cette conversation…
Merci encore pour votre travail.
Une partie de la retranscription du dialogue entre Rouch et Marty-Vrayance, lors d’un dîner à l’Ecole Militaire, apparaît dans le chapitre 4 du livre de Guy Birenbaum, "Le cabinet noir" (page 42).
Mais pouvoir le lire dans son intégralité est encore plus plaisant.