Depuis le départ de Charles Villeneuve de la présidence du PSG, Pape Diouf, le patron de l’OM, n’a plus personne à qui se mesurer dans la capitale. Frustrant juste avant le choc PSG-OM.
Une fois n’est plus coutume, le PSG-OM qui se profile ce soir en clôture de la 28è journée du championnat, vaudra surtout pour la vérité du terrain. Et moins pour les déclarations fracassantes de ses dirigeants respectifs ; ou des polémiques qui ont attisé le feu entre les deux clubs, depuis que Tapie et Denisot eurent la grande idée d’inventer une rivalité entre le club plus drôle du monde, hôte d’un soir et le plus grand club du monde. Toute une ambiance qui disparaît. L’heure du match approche comme arrive le souper.
Bref, pour la première fois depuis de longues années, l’équipe de la capitale tutoie les sommets du championnat de France de football, en même temps que Marseille. À l’aube de la 28è journée, le choc devait voir s’affronter le deuxième contre le troisième. Las, hasard du calendrier, ce ne sera que le deuxième contre le quatrième. Re-las, ce bouillonnant sommet, avec une rivalité retrouvée, un enjeu vrai (la deuxième place du championnat), n’a jamais autant senti l’aseptisé.
Si les deux clubs les plus médiatiques de France n’ont pu s’empêcher de gentiment s’asticoter par presse interposée, le feu n’a pas pris. Malgré de louables efforts.
À tout seigneur tout honneur, le président de l’OM, Pape Diouf, a allumé les premières mèches. Un visionnaire, comme tout bon Pape. Amoureux du verbe, Diouf a enfin franchi le pas de l’écrit. Et la sortie de But en Blanc, son grande œuvre, est tombée pile la semaine du PSG-OM. Avec en prime des bonnes feuilles publiées dans le JDD du 8 mars, égratignant le jouer le plus agaçant du PSG, le blondinet-grande-gueule-autobiographe à 30 ans Jérôme Rothen. « Un joueur que j’avais rencontré avait souhaité travailler avec moi, mais, au dernier moment, il a préféré renoncer. Le motif ? Il ne savait pas comment serait perçu le fait qu’il travaille avec un… noir ! Ce garçon s’appelle Jérôme Rothen. »
Une petite polémique rapidement étouffée. Des communiqués apaisants, un esprit de franche camaraderie. C’est plus ce que c’était les OM-PSG…
Deuxième salve de la semaine, les salaires des joueurs parisiens, publiés dans le journal éponyme. Et un articulet sobrement titré, en éclairage : « A Marseille aussi les robinets coulent à flots ». Au menu donc, la grille salariale de l’effectif du PSG. Qui plafonne pour l’ancien milieu de terrain international de 35 ans, Claude Makélélé, à plus de 280 000 euros. Contre 263 000 euros pour le plus haut salaire de l’OM, le Hollandais Bolo Zenden.
« Avec cet article, on a presque l’impression que l’OM pratique des salaires plus raisonnables que nous », peste une huile parisienne.
Heureusement invité du grand journal de Canal + le même jour, le Pape a remis un peu d’huile sur le feu. « Quand j’ai vu que Guillaume Hoarau (meilleur buteur du championnat de France et avant-centre du PSG), a déclaré Diouf, ses conseillers nous avaient demandé le double. C’est un prix d’ami qu’il a fait au PSG ». Sans plus de suite.
Jeudi, place au football. En Coupe d’Europe, l’OM gagne contre le mythique Ajax d’Amsterdam. Paris réalise un triste match nul et vierge contre les obscurs portugais de Braga. Ni déclarations fracassantes, ni incendies à l’horizon.
Diable, c’est vrai que pour jouer il faut être deux. Pape Diouf n’a pas vraiment d’interlocuteur à qui se mesurer. Charles Villeneuve, grande gueule, outrancier, volontiers polémiste, n’a été qu’un éphémère président du PSG. Et sans adversaire à sa portée, Diouf n’a pu se surpasser. Un seul être vous manque…
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