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Les dons à droite, une histoire sans fin

Dons qui choquent / jeudi 29 juillet 2010 par Louis Cabanes
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Les multiples dons qui lient Mme Bettencourt à l’UMP n’ont rien de surprenant. Voilà un siècle que ça dure à droite, depuis la création des partis politiques en 1901. Décryptage.

Un report qui en dit long. Justifier une pratique qui remonte du fonds des âges prend du temps, pourrait arguer à son corps défendant Eric Woerth dont l’audition comme témoin dans « l’affaire Bettencourt » devait avoir lieu mardi. Les dons à droite de bienfaiteurs fortunés, c’est comme la fête de l’Huma pour les communistes (l’Internationale et les merguez en moins) : une bonne vieille méthode toujours à l’œuvre pour renflouer les caisses du parti. Un coup d’œil sur les recettes de l’UMP le certifie. En 2008, il percevait 7,4 millions d’euros de « dons de personne physique » quand le PS en touchait quatre fois moins avec 1,7 millions d’euros. A l’inverse, les contributions d’élus atteignent plus de 13 millions d’euros chez les socialistes contre à peine 2 millions du parti de Sarko. Idem, fin des années 80, la cotisation moyenne des parlementaires PS au parti s’élevait à 7000F/mois contre 500 au RPR. Quand le PC, lui, en récupérait les deux tiers et laissait aux malheureux députés 10 542F net d’impôts. Autant de variations qui témoignent de cultures politiques différentes dans la construction d’un modèle organisationnel. Eric Woerth serait la caricature trop visible d’un système de financement à droite qui sent le moisi. Depuis plus d’un siècle.

Mal de siècle

Origine de tous nos maux, la loi de 1901, date de création officielle des partis politiques. Ils se constituèrent après son adoption en association non déclarée. Si bien qu’elle laissait libre aux jeunes formations politiques de déterminer à sa guise les règles de gestion. Puisque aucun financement public n’était alors prévu. Le professeur Claude Albert Colliard résumait la situation en cette jolie formule : « une association de pêcheur à la ligne peut se trouver régie par les mêmes règles que tel parti jouant dans la vie du pays un rôle capital. » A droite, dans les cercles conservateurs et cléricaux, on est déjà attiré par l’odeur de gros poissons. Car très vite, ils se trouvèrent confrontées dans leur vie sociale à des difficultés tenant à la précarité du cadre juridique offert par la loi de 1901.

Et comme le souligne Maurice Duverger, pape de la science politique d’après guerre : « à droite et au centre droit une tradition d’inorganisation politique a entraîné des conséquences analogues. Jamais de parti n’ont pu se constituer de façon durable, mais seulement de groupe agglomérés autour de quelques individualités, flou, instable, sans cohésion ni discipline. »

La solution choisie est tout naturelle. A défaut de soutien financier de l’Etat, ces embryons d’organisations vont se tourner vers les puissances de l’argent. De l’entregent comme outil de conquête politique. Soit s’appuyer sur des notables, pour préparer des élections, les conduire et garder le contact avec les candidats. Autour de trois cercles bien définis : ceux dont le nom, le prestige ou le rayonnement serviront de caution au candidat. Ceux qui connaissent l’art de manier les électeurs et enfin le nerf de la guerre, des notables financiers (grands patrons, héritiers, entrepreneurs) qui alimentent le butin de guerre. Une importance de la fortune constante et assumée.

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© Oliv’

Car avant 1988, première pierre législative sur l’encadrement des finances des partis politiques, la règle était l’absence de règles. Dans la constitution de la Vème République ? Une maigre référence, l’article 4, qui pose comme seul principe « la liberté de formation et d’activité ». L’extension progressive du suffrage universel au cours du XXème siècle ne fera qu’ajouter un peu plus de vice à une opacité des modes de financement. Plus d’électeurs à séduire demandent plus de moyens et fini d’enterrer à droite un système bien rôdé, puisque l’Etat ne donnait pas un centime.

Un phénomène étudié en 1975 par Duverger dans son ouvrage « les partis politiques » qui trouve aujourd’hui un doux écho. « Ce que les partis de masse l’obtiennent par le nombre, les partis de cadres l’obtiennent par le choix […] Ni financièrement, ni politiquement la droite bourgeoise n’avait besoin d’encadrer les masses : elle possédait ses bailleurs de fonds, ses notables, ses élites. Elle jugeait suffisante sa culture politique. La répugnance instinctive de la bourgeoisie à l’encadrement et l’action collective jouaient également leur rôle dans ce domaine. »

Ca ne vous rappelle rien ?

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5 MESSAGES

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  • Les dons à droite, une histoire sans fin
    le jeudi 29 juillet 2010 à 18:29, Phil2922 a dit :
    Son mari lui avait dit : "Ne donne jamais à gauche, en France, la priorité est à droite… !"
  • Servons nous, c’est le contribuable qui régale !
    le jeudi 29 juillet 2010 à 17:52, Vieux con a dit :

    "Idem, fin des années 80, la cotisation moyenne des parlementaires PS au parti s’élevait à 7000F/mois contre 500 au RPR. Quand le PC, lui, en récupérait les deux tiers et laissait aux malheureux députés 10 542F net d’impôts."

    Ca ne vous choque pas que les partis racketent leurs élus de la sorte ?

    Cela démontre que les indemnités parlemantaires sont bien trop élevées puisqu’une bonne partie ne sert pas à subvenir aux besoins de l’élu. De plus, il s’agit là d’un financement public dissimulé mais toléré.

    Quand de l’argent privé va, en douce, dans les poches des partis, hou là là c’est mal. Quand c’est de l’argent public, tout le monde est content surtout à gauche … Ca denote une tendance naturelle de la gauche à penser que l’argent public peut être dépensé sans compter et dès que possible ..

  • Les dons à droite, une histoire sans fin
    le jeudi 29 juillet 2010 à 17:31, Jean Bon a dit :

    sur mon lecteur de flux rss, j’ai été accroché par le titre :

    " les cons à droite, une histoire sans fin"

    et non, c’était un "lapsus visuel"

  • Les dons à droite, une histoire sans fin
    le jeudi 29 juillet 2010 à 10:19, virgo a dit :
    tous pourris, en passant par les gens qui les ont élus, les vieux cons et les jeunes tordus assez naïfs pour croire que Sarkozy allait les enlever de leur m…. Pauvre France !!!!
  • Les dons à droite, une histoire sans fin
    le jeudi 29 juillet 2010 à 06:56, Phil2922 a dit :
    Et dire que c’est la Droite qui va privatiser la Poste (Ca a déjà commencé…)et qu’elle va pleurer de ne plus recevoir d’enveloppes. Dans cette histoire, il y a une morale : Le facteur ne se sentira plus obligé de vendre un calendrier tous les ans à la vieille avec les ministres et leurs "poulettes" dans des situation sscabreuses… !!
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