Ex-chiraquien devenu bon élève de la Sarkozie, Eric Woerth est en charge de la prochaine et peut-être dernière grande réforme du quinquennat : les retraites. Retour sur son parcours.
Quand on interroge les députés PS pour savoir qui sont, selon eux, les « bons » ministres du gouvernement Fillon, un nom est souvent cité : celui d’Éric Woerth. À 54 ans, l’ex-ministre du Budget, devenu ministre du Travail, de la Solidarité et de la Fonction publique est le bon élève de la classe.
Sérieux, bosseur, disant peu de mal de ses camarades, technicien plus que politique – mais assez pour que Sarkozy l’intègre, en 2009, à son éphémère G 6 (réunion ultra-confidentielle chaque semaine à l’Élysée) – Woerth a veillé pendant trois ans sur la dette qui filait, les déficits qui augmentaient, et pesté contre la Cour des comptes qui grondait.
En décembre, il s’en était pris à Philippe Séguin, qui doutait du principe de non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux. Depuis, Séguin est mort et Woerth a fait son éloge. Pour une raison au moins, Woerth ne regrettera pas de changer de ministère : recevant un jour d’hiver à Bercy, il avait fait remarquer qu’il avait dû brancher un radiateur d’appoint à cause des locaux mal chauffés, ce qui n’arrangerait pas les comptes du ministère. Rue de Grenelle, et pas seulement grâce aux syndicats, il aura plus chaud.
Woerth a fait Sciences po et HEC, avant de devenir cadre d’entreprise et de mettre très vite les pieds dans la politique : directeur administratif et financier du RPR puis directeur de la campagne présidentielle de Chirac en 1995, ce proche de Juppé doit en connaître un rayon sur les affaires d’emplois fictifs. Pourtant, un jour, il sidéra l’une des « employées fictives » de feu le RPR, qui lui réclamait un récapitulatif de carrière avant sa retraite. Woerth lui affirma qu’il n’avait pas trace de son travail au RPR entre 1977 et 1995. Et pour cause…
Devenu maire de Chantilly en 1995 et député de l’Oise en 2002, Woerth laisse les mondanités à son épouse, Florence, gestionnaire du patrimoine de Liliane Bettencourt. Le couple est drivé par la puissante Anne Méaux.
Apprécié de Raymond Soubie, le M. Social de l’Élysée, Woerth a moins d’atomes crochus avec Henri Guaino depuis leurs divergences sur le grand emprunt.
Décrit comme « ni provocateur ni méprisant » par les syndicalistes, Woerth est en charge de la prochaine et peut-être dernière grande réforme du quinquennat : les retraites. S’il la réussit, le chouchou de Sarkozy, que l’on dit premier-ministrable, peut espérer monter haut. Exercice auquel il s’adonne l’été, à Chamonix, en pratiquant l’alpinisme.
Tiens il est amusant que personne ne rappelle son passage chez Arthur-Andersen : directeur associé chez Arthur Andersen (1998-2002)
Vous savez, cette boite magnifique qui auditait et certifiait la fausse comptabilité de nombreuses entreprises, et qui a été démantelée à l’occasion du scandale Enron (en 2002).
Manifestement quelqu’un de compétent pour gérer le budget de l’état et le dépeçage de la retraite…