Le paiement en liquide a longtemps été une tradition au barreau de Paris. Notamment pour le personnel du vestiaire. Pas suffisant pour justifier des retraits de 10 000 euros cash.
Dans une précédente plongée sous la robe des avocats en général, et du barreau de Paris en particulier, Bakchich s’était livré à un récit picaresque et débusqué de jolies pépites]. Notamment les somptuaires dépenses de la conférence du stage, et les retraits en liquide fréquent et conséquents de l’ordre. Des pratiques auxquelles s’intéresse d’ailleurs la justice, dans une enquête confiée à la juge Dutartre.
Bonne pâte sous ses airs de sale gosse, Bakchich a décidé d’aider un peu la justice et trouver une justification à l’étrange retrait de 10 000 euros en liquide qu’il avait repéré dans les comptes de l’ordre.
Et en fouillant dans de poussiéreuses archives, ô miracle, une piste est apparue. Si, si et qui justifierait un si gros retrait.
Durant de longues années, tradition était, au sein de l’ordre de donner l’aumône en petites coupures aux personnels du Vestiaire du barreau, pour des tâches un peu annexe. Du genre distribuer tracts et imprimés durant les élections au conseil de l’ordre, au Dauphinat, au bâtonnat etc… Un petit bonus et déjà le concept du travailler plus pour gagner plus.
Et l’actuel bâtonnier, Me Charrière-Bournazel, comme d’autres, avait recours à ces petites mains pour assurer sa promo, comme l’évoque cette discrète carte adressée, il y a plus de dix ans.
Mais las, trois fois las, il sera difficile d’opposer à la juge Dutartre, qui hâte lentement son instruction, pour justifier des retraits en liquide.
En effet, une fronde est passée par là, et même plusieurs grèves durant l’année 98, pour que ce « règlement occulte », comme le désigne un tract de FO, soit désormais inscrit en bonne et due forme sur les fiches de paie.
Et fort précis, ce tract de FO du 3 novembre 1998 précise bien les distributions pour lesquelles les salariés reçoivent des versements occultes, à savoir : « la distribution des imprimés (…) Les diverses brochures de syndicats d’avocats, les invitations à des colloques d’associations, l’appel à la collecte de fonds de la chambre de commerce ». Et même le prédécesseur du bâtonnier Charrière en a usé. « Vous-mêmes, il y a un an, avez eu recours à nos services pour distribuer les documents de votre campagne électorale ».
Mais caramba, la grève a eu ses petits effets. Les salariés du Vestiaire n’acceptent plus de telles missions depuis des années. Et selon les informations de Bakchich, un seul, lors des dernières élections, aurait reçu un pécule de 130 euros pour une distribution de tracts pendant ses heures de bureau.
Tant pis, pour les dix milles euros retirés en liquide, Bakchich continuera à chercher une explication. Et la fera parvenir au barreau aussitôt !
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L’Ordre des avocats restauré par décret impérial du 14 décembre 1810, n’a jamais eu pour fonction de représenter les avocats ni les intérêts de la profession.
A l’archichancelier Jean-Jacques de Cambacérès qui lui avait adressé le projet de décret, Napoléon écrivit : " Ce décret est absurde ; Il ne laisse aucune prise à une action contre les avocats ; ce sont des factieux, des artisans de crimes et de trahisons. Tant que j’aurai l’épée au côté, jamais je ne signerai un pareil décret. Je veux qu’on puisse couper la langue d’un avocat qui s’en sert contre le gouvernement".
L’Ordre est une police politique. Et l’Etat a toujours pour les actes de cette police-là, une appréciation latitudinaire de la légalité.
L’action actuellement pendante devant le magistrat instructeur à propos des "stagistes", qui ont usé de la carte bancaire de l ’Ordre, pour hanter une boîte de strip tease, n’ a pas été initiée par le parquet, mais par COSAL, syndicat d’avocats qui s’est constitué partie civile.
Il est hautement probable que sans l’intervention du COSAL aucune autorité n’aurait eu la curiosité intellectuelle ou/et juridique de s’interroger sur la légalité du comportement sus énoncé. En revanche si un avocat du commun état, s’était permis de critiquer les "stagistes", il aurait été déféré sans coup férir devant le tribunal mérovingien : le Conseil de discipline,pour y répondre entre autre manquement de délicatesse, du "délit" prétorien d’offense à bâtonnier.
L’expression "tribunal mérovingien" n’a aucun caractère polémique, il s’agit d’une qualification technique, puisque comme chez les mérovingiens la charge de la peuve est inversée. En effet, c’est au prévenu de prouver son innocence. En sus, la légalité des délits et des peines, principe de droit à valeur constitutionnelle est méconnue par la juridiction disciplinaire des avocats.
Ces faits, remontant à 98 et antérieurement, sont prescrits.
l’Ordre des Avocats de Paris n’a donc rien à craindre de leur divulgation, du moins judiciairement, parce qu’en termes d’images, ce n’est pas terrible !
Ces pratiques sont elles révolues ? Peut être… en tout cas il semblerait que d’autres les aient remplacées, tout aussi peu reluisantes. En témoigne ce retrait de 10 000 euros en liquide, courant 2005, sur le compte bancaire de l’Ordre, resté pour l’instant sans explications. gratifications occultes, argent de poche du Bâtonnier, ou autre chose ? Le silence de l’Ordre des Avocats à ce sujet, est assourdissant.
Pendant ce temps, des avocats sont omis du Barreau, c’est à dire "incités" à le quitter, et ne peuvent donc plus exercer, parce qu’ils n’ont plus les moyens de payer leurs cotisations à l’Ordre des Avocats, qui en fait si bon usage…(plusieurs dizaines de cas depuis le début de l’année)
Le terme "picaresque" est très à la mode sur Bakchich en ce moment.
J’ai pourtant le sentiment qu’il n’est pas utilisé à bon escient.
picaresque adj. picaresque (de l’esp. pícaro, vaurien) Se dit d’œuvres littéraires dont le héros est un aventurier issu du peuple : Tom Jones est le héros d’un roman picaresque anglais du XVIII siècle.