Élections législatives au Congo-brazzaville. l’opposition ne boycotte pas, mais reste lucide….
La période électorale n’en finit plus en Afrique. Un vrai souffle de démocratie… Après le Gabon en décembre (victoire écrasante et négociée par le président Bongo lui-même), le Sénégal (boycott de l’opposition) au début du mois, le Congo-Brazzaville s’apprête à élire ses parlementaires le 24 juin et le 22 juillet prochain. Que les amoureux de la bonne gouvernance se rassurent, tout est bien calé. La commission nationale d’organisation des élections (CONEL) et le Conseil supérieur de la liberté de communication (CSLC) – la période marxiste révolutionnaire du pays a laissé des traces – veillent. Les élections auront lieu à la date prévue. Quelques chanceux parmi les deux millions d’électeurs ont même reçu leurs cartes. Et pas l’ombre d’un observateur indépendant sur les bords du fleuve Congo. Bref, les 137 sièges de députés ne devraient pas être trop éloignés du bon président congolais Denis Sassou Nguesso. De quoi réconforter un peu le général président, fort chagriné de l’enquête diligentée par le parquet de Paris pour recel de détournements de bien publics, qui le vise avec ses confrères présidents : Omar Bongo, Blaise Compaoré (Burkina Faso) Obiang Nguéma (Guinée Equatoriale) ou encore Dos Santos (Angola). Et gros bonus à ces élections, l’opposition a décidé de ne pas boycotter. Voire a appelé au calme, et au vote, à l’instar de l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS) de l’ex président Lissouba.
Sorti exsangue de la dernière guerre civile qu’a connu le pays (1997-2002) – et qui l’a vu perdre le pouvoir- l’UPADS a mis cinq ans à revenir dans le jeu politique. Après de multiples couacs et guerres internes, qui sont allés jusqu’à parler de la « sénilité » du « liquide » président Pascal Lissouba, atteint de la maladie de Parkinson. « L’atomisation de la direction du parti dans le monde, avec des dirigeants à Londres, Abidjan et Paris a créé quelques soucis », euphémise Dominique Nimi Madingou, le vice-président. Mais promis-juré, tout est bien fini depuis peu. Il a juste fallu « ramener Lissouba à la raison ». À savoir accepter – enfin – « qu’il n’est plus président du Congo, utiliser tous les moyens légaux pour aller aux élections et réinstaller le parti sur le terrain ». La mise en place d’une direction collégiale, malgré quelques remous, a permis de remettre le parti en ordre. Et de présenter 57 candidats aux prochaines élections. Sans trop d’illusions. « On ne fait pas la révérence à un singe qui vous met une claque », décrit, poète, Madingou. Avant de préciser. « Sassou ne comprend que le rapport de force et ne nous laissera maintenant que des miettes, mais cette fois, nous resterons sur le terrain politique ». Histoire de ménager l’avenir, et de lancer un message aux pays amis : « l’UPADS n’est jamais allé contre les intérêts de la France ». À bon entendeur…