Le bel et bon humaniste Jacques Chirac, ancien homme politique français et vaguement président de la République française pendant douze ans a enfin réalisé son grand œuvre : lancer sa fondation humanitaire, inaugurée le 9 juin.
Dans la grande et officielle histoire, déroulée par l’Ex lui-même, le projet de sa fondation humanitaire n’est rien d’autre qu’un aboutissement.
« Prolonger ses combats par d’autres moyens », en quelque sorte. Combats d’une rare noblesse il s’entend. « Je lui ai donné deux objectifs majeurs, claironne-t-il dans son interview au fidèle Paris-Match (12/06), le dialogue des cultures et le développement durable ». Le bruit et l’odeur de la bonté.
Pour la plus petite histoire, l’idée aurait germé bien plus récemment. Au début de l’année, comme l’avait relaté Bakchich (« Chirac trime pour son immunité » in Bakchich n°41 du 29 juin 2007). Tout émoustillé à l’idée de perdre son immunité présidentielle, caduque dès le 17 juin 2007, et potentiellement « intéressé » dans cinq dossiers, Grand Jacques a eu une idée de génie pour se protéger.
Première étape créer une fondation tout de blanc vêtue et auréolée de bons sentiments. « C’est le sens des quatre premiers programmes que nous avons engagé, retranscrit fidèlement Match. D’abord celui de l’eau (…) sans une eau accessible, en qualité et en quantité suffisantes, il n’y a ni vie ni santé, ni agriculture, ni nourriture ». Imparable et les autres programmes déballés, santé, déforestation ou populations isolées, sont à l’avenant. De la guimauve en barre.
Deuxio, faire adouber sa petite entreprise par une grande et belle organisation, ou un gentil pays, à même de lui décerner un titre d’ambassadeur extraordinaire. Et les privilèges qui vont avec : le coupe-fil à l’aéroport… et la possibilité d’envoyer paître les magistrats trop collants ! Mais le tour de passe-passe prend du temps. Et n’a pas évité à Chirac une mise en examen pour « détournements de fonds publics » en novembre dernier, dans le cadre de l’affaire des chargés de mission de la ville de Paris.
À défaut de juges forcément mauvais princes, Grand Jacques a au moins gagné avec sa fondation une immunité médiatique. Et le droit de voyager, grâce aux bons amis qui financent son bibelot humanitaire. À la louche les vieux soutiens Liliane Bétancourt ou François Pinault, Veolia, Sanofi-Aventis ou la banque Lazard.
Déjà, du 10 au 15 décembre dernier, Chirac s’en est payé une bonne tranche. Une virée entre pote de Nouakchott (Mauritanie) à Dakar (Sénégal) en passant par Bamako (Mali). Mais tout en contrôle, âge oblige. Outre François Pinault, sa fidèle collaboratrice Valérie Terranova (la secrétaire de la Fondation Chirac) et sa chargée de com’ Bénédicte Brissard, Chirac a emmené dans ses bagages son médecin Jack Dorol et son aide de camp François Labuze. Un voyage qui en appelle d’autres. « Je me rendrai dans plusieurs pays africains (…), confie-t-il au bienveillant Figaro (12/06) et naturellement au Japon ». En route mauvaise troupe.
Paris Match (12/06) a offert deux pages d’interview à l’Ex, sobrement titré « Jacques Chirac : M’ennuyer n’est pas mon style. Je ne me souviens pas la dernière fois où cela m’est arrivé ». Pas effrontée, son interlocutrice évite de lui rappeler que c’était sans doute dans le bureau de la juge Xavière Siméoni, qui l’avait alors mis en examen. En déroulant le tapis rouge aux bons mots de l’Ex, la consœur oublie de poser la question sur les affaires. Mais pas l’essentiel : « Comme beaucoup de Français vous avez un chien… » En voilà une question canine !
Le Figaro avait, il est vrai, joliment ouvert la voie, le 6 juin. Mais sur une seule page d’entretien « Chirac : je veux réveiller les consciences ». Là non plus pas trop de questions encombrantes et futiles sur ses démêlés judicaires. Forts prévenants, quand même, les enquêteurs prennent des nouvelles. « -Comment allez vous depuis vos problèmes de santé
Comme vous le voyez très bien ». Point final. Emouvant. Et une petite douceur le 12 juin avec l’interview du Général Rondot qui revient sur ses notes et déclarations versées au dossier Clearstream, niant l’existence du compte japonais de l’Ex. « Sans liberté de blâmer il n’est point d’éloges flatteurs ». Et inversément.
Seul impertinent dans la place, Le Point invite certes à « une rencontre avec le nouveau Chirac » et réserve un petit encadré à Hervé Gattegno pour résumer « l’agenda judiciaire chargé » du citoyen Jacques
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