Venu à la présidence du FMI pour le prestige (et les voyages ? il rentre tout juste d’Afrique), l’ami socialiste y découvre la vacuité de ses fonctions…
Dominique Strauss-Kahn le répète à ses proches : « il est dans une cage dorée ». En se précipitant vers le FMI il y a six mois, il n’avait pas vu deux choses. La première est la vitesse à laquelle Nicolas Sarkozy s’enfonce dans les sondages, ouvrant le passage à l’opposition pour les élections de 2012. Or, loin des yeux, loin du cœur, et lui qui est allé à la chasse aux dollars a probablement perdu sa place à la présidentielle.
La seconde est que le FMI n’a plus son pouvoir et son prestige d’antan. Le départ précipité de son prédécesseur, l’Espagnol Rodrigo de Rato, a correspondu à une phase de tension avec les Etats-Unis que ces derniers ne voudraient pas voir se renouveler. DSK a vite compris et a commencé par jouer les bons élèves. Il a d’emblée accepté de réfléchir à un plan de réduction des effectifs de l’institution. Ce sont 200 emplois que les principaux membres, emmenés bien évidemment par les Etats-Unis, voudraient voir supprimés. Cela représente 3% des effectifs et les Américains considèrent que c’est un minimum.
Dans un deuxième temps, il a également accepté d’annuler la dette du Libéria. La Chine s’était mise à racheter la dette de ce pays africain hautement symbolique puisque directement créé par les Etats-Unis. Elle avait ensuite annoncé au Libéria qu’il ne serait pas nécessaire de rembourser. A Pékin, on trouvait amusant de venir provoquer les Etats-Unis sur l’un de leurs territoires sans que cela ne prête vraiment à conséquence. Washington ne l’a pas entendu de cette oreille, et a intimé l’ordre au FMI de couper l’herbe sous le pied des Chinois en effaçant purement et simplement l’ardoise libérienne. Ce que DSK s’est empressé de faire.
Afin de montrer son indépendance, il a néanmoins cru bon de critiquer la politique budgétaire de l’administration Bush. Paulson, le secrétaire au Trésor américain, lui a fait savoir que Rato s’y était essayé avant lui et que cela ne lui avait guère réussi.
L’ami socialiste a donc fait marche arrière et a cessé tout commentaire sur ce sujet. Il s’est rabattu sur une critique en règle de la politique de change de Pékin, nettement plus conforme à ce que l’on attend de lui. De tous ces événements, il a retiré la conviction que son poste était prestigieux mais vide. Certes il ne sera pas inoccupé dans les quelques mois à venir. Il va lui falloir maintenir le cap sur le problème de la réévaluation du yuan alors même qu’à la tête des études de la Banque mondiale, on vient de nommer un économiste chinois qui a bien l’intention de faire tourner les ordinateurs de la Banque pour montrer que la réévaluation du yuan n’aurait aucun impact positif sur la croissance mondiale. DSK se pique aussi dans une interview au Monde de suggérer de grandes relances budgétaires mondiales, en proposant que les pays qui ont des finances saines mettent en place « des stimulations » pour relancer confiance et consommation. DSK serait prêt à mener la bataille sans faiblir, ne serait-ce que par crainte du désoeuvrement.
Sinon, il aura toujours la possibilité de se consacrer à sa vie de famille. Outre Anne Sinclair qui naturellement l’a rejoint, son frère Marc vient également de s’installer dans la capitale américaine. Il accompagne sa femme Isabelle qui prend un poste à… la Banque mondiale. Venu de la Banque de France, Marc Strauss-Kahn se cherche un point de chute à Washington. On parle de la Banque Interaméricaine de développement. Lui aurait rêvé du FMI, mais point trop n’en faut….
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