Alain Bernard, le héros de la natation française, a le droit d’utiliser un produit dopant : la Ventoline®. Tout ça le plus légalement du monde puisqu’il est malade. Mais il faut croire que le sport de haut niveau est souvent nuisible à la santé : la proportion d’asthmatiques est de plus en plus grande chez ces champions. Bizarre ? « Bakchich » a interrogé le Dr Jean-Pierre de Mondenard, médecin du sport et auteur du « Dictionnaire du dopage » (Masson, 2004). Premier volet de ses explications : pourquoi respirer fort n’est pas bon pour les poumons…
Lors des récents championnats d’Europe de natation à Eindhoven, notre fier Alain Bernard (voir la vidéo ci-dessous) a amélioré à deux reprises le « mythique » record du monde du 100 m nage libre, vieux de sept ans (puis dans la brassée celui du 50 mètres). Il a jeté du trouble dans l’eau. Les exploits, à répétition (comme une kalachnikov), de l’Antibois viennent s’ajouter à toute une série de nouveaux records du monde. Depuis le 1er janvier, sous les coups de Bernard et de ses semblables, 18 de ces performances là ont été « effacées de tablettes » (comme on dit dans l’Equipe).
Dans ces luttes sans pitié, les battus – et l’ensemble des journaux - sont souvent convaincus que les vainqueurs ont, peut-être, une « vitamine » d’avance. Trancher dans ce doute, carrément cartésien, est-il possible ?
D’un côté, nous savons, en l’espèce, que les résultats du suivi longitudinal et ceux du contrôle antidopage « ne présentent aucune anomalie »… De l’autre, on sait tout aussi fortement, qu’être « négatif » ne veut rien dire. Faire un pipi propre ou donner du sang sans tache n’est donc pas la preuve de l’innocence.
Quittons la piscine pour la bouteille à l’encre. Pendant la semaine folle ou le surf a semblé remplacer la nage, Alain Bernard, son entraîneur Denis Auguin et Jean-Pierre Cervetti médecin de la Fédération de natation, dans un parfait mouvement de bassin, se sont joliment battus sur le thème de la transparence.
Oui, « nous » avons une autorisation de snifer du salbutanol (Ventoline®), un médicament interdit par la législation antidopage puisqu’il favorise une activité hyper bronchique, car « nous sommes malades ». Maladie chronique contractée il y deux ans à la suite d’une simple bronchite. Cette dérogation autorise le nageur à deux bouffées de Ventoline® avant chaque entraînement ou compétition. Pas loin de 20% des internationaux français bénéficient d’une AUT, une Autorisation de Traitement comme celle-ci.
Comme c’est bizarre cet asthme dans le sport. En 1994 aux J.O. de Lillehammer, 82% de tous les médaillés en ski de fond étaient présumés asthmatiques. Deux ans plus tard, à Atlanta, le Comité olympique américain a distribué un questionnaire à 700 athlètes. Les réponses révélaient que 117 d’entre eux (16%) souffraient d’asthme, les plus touchés étant les cyclistes avec une proportion de 50%.
Sur le même chapitre, les résultats statistiques du Tour de France 2000 paraissaient presque rassurantes, puisque que 20 à 25% « seulement » des coureurs étaient autorisés à consommer du salbutamol. Les noms de ces « malades » étant tenus secrets. On ignore donc si les « ventolinés » fonçaient en tête ou se traînaient avec le gruppetto.
C’est là que surgit une question essentielle : le sport de haut niveau, avec ses efforts intensifs, ne favorise-t-il pas ce type de pathologies respiratoires ? La réponse est assez claire (voir encadré). Selon des travaux présentés aux différents Congrès de médecine (notamment celui de la Société européenne de pneumologie à la fin de l’année 2007), la pratique intense d’un sport de compétition peut induire des effets délétères au niveau des voies respiratoires. Parmi les plus exposés, on retrouve nos camarades nageurs, des marathoniens, des skieurs de fond et des cyclistes.
En Suède, près de 1 600 sportifs de haut niveau ont été disséqués : un athlète sur dix – toutes disciplines confondues – souffre d’asthme ou de respiration sifflante. En Finlande, la loupe médicale s’est portée sur 58 marathoniens. Le résultat, compilé par Kai-Hâkon Carlsen, montre que 15 d’entre eux (26%) ont une bronchoconstriction saisonnière, soit au printemps (à cause des pollens), soit en hiver (à cause du froid). Puis, ces résultats ont été confirmés par l’étude de 71 autres coureurs d’endurance : avec une telle pratique sportive, le risque d’asthme serait multiplié par trois.
Ces troubles sont encore pires chez les skieurs de fond où un coureur sur deux est atteint. Déjà, en 1993, le Suédois Kjell Larsson avait constaté que 33 skieurs sur 47 présentaient des symptômes liés à l’asthme ou à une diminution de la capacité respiratoire. Pour Carlsen, c’est le caractère soutenu de l’entraînement qui est en cause. La proportion d’asthmatiques qui n’est que de 7% avant 20 ans passe à 20% après 30 ans. Boutade : respirer rend malade…
De son côté, Gérard Guillaume, médecin de l’équipe de vélo la Française des Jeux et aussi des « pistards » olympiques, estime que les cyclistes doivent être rangés dans la catégorie des sports les plus touchés : « Le nombre d’asthmatiques est deux fois plus élevé chez les sportifs que chez les sédentaires pour des raisons d’hyperventilation. Ensuite, sur cette population, il est deux fois plus élevé chez les sportifs pratiquant en plein air, à cause de la pollution atmosphérique. Et, enfin, il est encore deux fois plus élevé dans les sports d’endurance pratiqués par tous les temps comme dans le cyclisme par rapport au ski de fond. »
L’asthme frappe aussi durement les nageurs. Lors de tests de « provocation », sur 29 nageurs de compétition, 14 ont des symptômes liés à l’asthme. Un athlète sur deux (contre un sur trois dans un groupe témoin composé de gens « ordinaires ») a des signes inflammatoires à l’examen des crachats. En 1998 aux J.O. de Nagano, plus d’un quart des athlètes américains souffraient de bronchospasmes.
L’hyperventilation n’est pas la seule en cause dans cette prolifération d’asthmatiques nageurs. Une étude épidémiologique européenne, menée par le toxicologue belge Alfred Bernard (rien à voir avec notre héros Alain Bernard), met en cause le chlore des piscines. Les nageurs qui passent toutes leurs heures dans l’eau, ou presque, peuvent être exposés à des doses avoisinant les taux maximaux autorisés pour l’industrie, précise, de son côté, le chercheur Kai-Hâkon Carlsen.
Explication : ce sont en réalité les gaz issus des réactions entre le chlore et les dérivés ammoniaqués humains (contenus dans la salive, la sueur et les urines) qui sont toxiques pour les voies respiratoires. Selon une étude menée auprès d’adolescents, les risques d’asthme sont démultipliés pour ceux qui se baignent régulièrement dans des piscines chlorées (voir encadré ci-contre)
Une étude émanant de trois chercheurs belges s’est intéressée à 847 adolescents, âgés d’une moyenne de 15 ans, suivant, dans la cadre scolaire, des cours de natation en bassin découvert.
Dans l’un de ces établissements, les séances de piscine se déroulaient dans une eau traitée par un système d’ionisation, donc sans chlore. Ce sont les adolescents de cet établissement qui ont donc été considérés comme le groupe « témoin ». Les 847 jeunes ont accepté un prélèvement sanguin afin de doser leurs immunoglobulines spécifiques (IgE), impliquées dans la réaction allergique de l’asthmatique.
Résultat : la fréquentation des piscines chlorées découvertes majorait de façon significative le taux de ces « IgE ». Ainsi, pour 500 heures de piscine, le risque d’asthme était triplé, voire multiplié par neuf, pour les adolescents dont le taux d’IgE était élevé.
Un travail complémentaire, mené par une équipe italienne, permet de mieux comprendre l’effet nocif du chlore dans les piscines découvertes. Dans les 10 cm d’air au-dessus du niveau de l’eau – c’est-à-dire dans la zone où les nageurs et les baigneurs respirent – les gaz irritants issus du chlore sont présents à des doses élevées qui, à elles seules, peuvent induire chez les sujets les plus sensibilisés de véritables crises d’asthme.
Et c’est ainsi que Alain Bernard, notre si rapide nageur bardé de médailles, est « malade » : « Comme une grande proportion de nageurs qui passent plus de vingt heures par semaine dans des atmosphères humides chargées en chloramines, Alain Bernard présente une hyperactivité bronchique » précise le médecin de l’équipe de France.
Le problème est que la Ventoline® traîne derrière elle ancienne et mauvaise réputation. Au début des années 1990, on a assisté à une arrivée subite et en masse du salbutamol dans les urines des athlètes de tous les sports. La réponse semblait clair : voilà un nouveau dopant.
Le salbutamol, dénomination internationale de la substance active, est commercialisé en France sous différents noms, dont le plus connu est la célèbre Ventoline®. Médicament essentiellement prescrit pour le traitement de l’asthme, notamment celui induit par l’effort. Mais… mais, qui aurait également des vertus de tonique respiratoire, voire d’anabolisant musculaire.
Ce bronchodilatateur se présente sous plusieurs formes (spray, sirop, comprimés et injection). Il exerce (attention c’est un poil savant), une action stimulante sur les récepteurs bêta 2 des muscles lisses bronchiques, assurant ainsi une dilatation des bronches importante et prolongée de trois à cinq heures. En plus de faciliter la respiration, il provoque aussi une sorte d’euphorie mentale chez certaines personnes.
A-t-il des effets dopants ? Pour le médecin de l’équipe de France de natation, « sous salbutamol on ne peut pas respirer mieux que bien ». Donc, selon lui, pas de vrai bénéfice. Mais ce même bon docteur tentait, il y a quelques années, de convaincre que les anabolisants ne servaient à rien en natation, alors qu’il est démontré aujourd’hui que les nageuses est-allemandes ont gagné leur poids de médailles grâce à ces fameux produits…
Pourtant, les spécialistes sont partagés sur la question des effets dopants du salbutamol. Deux recherches, au moins, ont montré que le salbutamol en inhalation améliorait la fonction pulmonaire chez les sportifs d’endurance de haut niveau, même non asthmatiques. Cette secourable molécule du salbutamol est très voisine de celle du clenbutérol, dont les propriétés anabolisantes (dopantes), elles, sont désormais bien établies. Et il se pourrait bien que quelques sportifs, en manque de clenbutérol (produit passé de mode car trop détectable), se soient rabattus sur le salbutamol. Ouf.
Contrairement à ce que j’ai pu entendre sur notre télé publique, le salbutamol est assez facile à identifier lors d’un contrôle antidopage. Le produit passe bien dans les urines, même en spray. Malheureusement, dans l’état actuel de nos connaissances, il n’est toujours pas possible d’affirmer indiscutablement que le sportif a pris ce médicament en comprimés ou en spray.
En clair, cela veut dire quoi ? Doté d’une AUT, cette fameuse Autorisation de Traiatement, un nageur peut déclarer « je prends un peu de spray pour me « soigner », alors qu’il est déjà shooté aux comprimés…
Afin de séparer les athlètes asthmatiques (qui se soignent) des tricheurs (qui se dopent), le Comité international olympique avait introduit de nouvelles règles au début de l’année 2000 en instituant un seuil légal pour cette drogue là. Si le taux urinaire de salbutamol se situait entre 100 et 1000 nanogrammes/mL, l’athlète était considéré « positif à un stimulant », en revanche, si ce taux dépassait 1000 ng, il tombait pour « prise d’anabolisant ». Simple, non ?
En juin 2007, une note de l’Agence mondiale antidopage (AMA) adressée aux 34 laboratoires qu’elle accrédite, imposait à ces derniers d’augmenter le seuil de détection du salbutamol. On pouvait donc consommer plus. Sur le sujet, Pierre Bordy, le président de l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), a fait part de son inquiétude à l’agence de presse AP. Le 4 juillet dernier, il déclarait : « Le standard technique était anormal l’an dernier pour le salbutamol – au-delà de 100 nanogrammes par millilitre. Maintenant, qu’il est fixé à 500 nanogrammes par millilitre. Je voudrais savoir pourquoi ces seuils ont changé. Je n’en connais pas la raison ». Consommer cinq fois plus pour gagner plus ?
Serait-ce pour arriver à faire plus de spectacle avec des athlètes bien « carrossés », comme les aime Roselyne Bachelot ? Une image du sport valorisée, une image du sport « positive », si on peut encore utiliser ce mot ?
Tous ces chiffres, et pardon pour vous les avoir assénés, brouillent évidemment les cartes autant que les urines. Dans le monde, cruel, du sport de haute compétition, se mêlent des athlètes tricheurs, ceux qui se font passer pour malades, à des sujets vraiment atteints aux muqueuses respiratoires.
Comment les départager ? Par une épreuve de course en sac ?
Docteur Jean-Pierre de Mondenard
Bientôt, la suite : des effets des maillots de bains sur les médailles
Il me semble que les nageurs français ont passé l’âge de la puberté. Alors comment expliquer la présence inquiétante de gros boutons qu’ils ont sur le corps et sur le front, comme en ont les pratiquants de culturisme qui absorbent des produits dopants !!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Avez-vous des explications à ce phénomème "boutonneux" ????
Bobyone
Bonjour. A lire 90% des commentaires tous ces gens se foutent du vrai sujet de l’article : le sport de haut rend il malade ? Comme la gymnastique commencée très jeune qui déforme le corps.
En tous cas ils ne rendent pas malades les employés de bureau et autres glandeurs français qui se permettent de juger les sportifs de haut niveau et de trouver normal qu’ils se pourrissent la santé pour que ces mêmes employés et glandeurs puissent dire entre eux entre deux cafés : La France a tant de médailles !!
Les vrais exploiteurs ne sont pas dans las hautes sphères mais dans le peuple toujours prêt à mettre la charge sur le dos du voisin et à manier le fouet.
M I N A B L E S
Contrairement à ce que veut faire croire le monde sportif, le salbutamol améliore les asthmatiques mais aussi les bien portants.
Un correspondant, D.R. de St André-de Cruzières (07) nous a adressé le courrier suivant : « Le mardi 25 mars, sur France Info, j’ai entendu l’entraîneur d’ Alain Bernard, signalant la prise de Ventoline® par le nageur, ce dernier ayant été détecté récemment comme sujet à de l’asthme à l’effort. Il a ajouté que ce produit n’apportait une aide que pour les asthmatiques (les ramenant à leur niveau respiratoire sans l’asthme). Enfin, il a affirmé que la Ventoline® n’aidait en rien les non-asthmatiques. Question : dans ce cas, pourquoi nécessite-t-il une autorisation d’utilisation (AUT)pour les compétitions sportives ? »
Votre question fait preuve d’un bon sens lumineux ! Tout d’abord, et nous l’avons déjà abordé dans « Pour être recordman du monde, mieux vaut être asthmatique » mis en ligne sur Bakchich.info le 30 mars dernier, la compétition en piscine favorise la survenue de crises d’asthme chez les sujets prédisposés ayant des muqueuses respiratoires sensibles aux allergènes. Le traitement de l’asthme induit par l’effort (AIE) fait appel à différentes catégories de molécules, notamment aux bêta-2-agonistes (des bronchodilatateurs stimulant les voies respiratoires) et au plus médiatisé d’entre eux : le salbutamol, commercialisé sous le nom de Ventoline® - celui que prend Alain Bernard. C’est donc un bronchodilatateur bêtastimulant présenté sous plusieurs formes : spray (inhalation), nébulisateur et injections. Il exerce une action stimulante sur les récepteurs bêta-2 des muscles lisses bronchiques, assurant ainsi une dilatation des bronches importante et prolongée (3 à 5 heures). Il est remarquablement efficace dans les crises avec spasmes bronchiques telles qu’on les rencontre chez les asthmatiques. Il atténue également les spasmes bronchiques provoqués par des conditions climatiques défavorables : froid, pollution, allergènes. L’expérience montre qu’en dehors de faciliter la respiration, il provoque une euphorie mentale un peu comme tous les stimulants. D’autre part, en raison de sa très proche parenté avec le clenbutérol, il semble avoir une action anabolisante en augmentant la masse musculaire et en diminuant les graisses, ce qui n’est pas ignoré des culturistes. Mais aussi, certaines études ont démontré que le salbutamol avait une action ergogénique que l’on soit asthmatique ou non. Afin de tenter de séparer les athlètes asthmatiques (qui se soignent) des tricheurs (qui se dopent), le Comité international olympique avait introduit de nouvelles règles au début de l’année 2000 en instituant un seuil légal pour cette drogue là. Si le taux urinaire de salbutamol se situait entre 100 et 1 000 nanogrammes/ml, l’athlète était considéré « positif à un stimulant » ; en revanche, si ce taux dépassait 1 000 ng, il tombait pour « prise d’anabolisant ». Simple, non ? En juin 2007, une note de l’Agence mondiale antidopage (AMA) adressée aux 34 laboratoires qu’elle accrédite, imposait à ces derniers d’augmenter le seuil de détection du salbutamol. On pouvait donc consommer plus. Sur le sujet, Pierre Bordy, le président de l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), a fait part de son inquiétude à l’agence de presse AP. le 4 juillet dernier, il déclarait : « Le standard technique était anormal l’an dernier pour le salbutamol – au-delà de 100 nanogrammes par millilitre. Maintenant qu’il est fixé à 500 nanogrammes par millilitre, je voudrais savoir pourquoi ces seuils ont changé. Je n’en connais pas la raison. » Consommer cinq fois plus pour gagner plus ? D’autant plus qu’Alain Bernard qui est donc autorisé à prendre deux bouffées de Ventoline® avant chaque entraînement ou compétition, peut renouveler l’opération à trois reprises, quotidiennement, puisque tel est le tarif habituel de fréquentation d’une piscine par un nageur de haut niveau. Merci l’AMA ! L’illustration de la réponse à votre question de bon sens, se trouve dans la réglementation des courses hippiques. Un cheval malade, victime notamment d’une affection respiratoire, peut être soigné mais il est alors interdit de compétition pendant son traitement sous salbutamol. D’ailleurs, dans la réglementation des courses, les Autorisations d’usage à des fins thérapeutiques (AUT) n’ont jamais été admises et personne ne l’envisage. Pour preuve que l’on ne badine pas avec la règle, lors du dernier Prix d’Amérique, le 27 janvier, le cheval « Prodigious », le 5e de la plus prestigieuse course du calendrier français, était testé positif au salbutamol. Le cheval a été distancé (c’est le terme hippique équivalent à déclasser) de sa cinquième place et son entraîneur Jean-Philippe Dubois, un habitué des « analyses perturbées », a écopé d’une amende de 10 000 euros. D’ailleurs, le même jour que le Prix d’Amérique, un autre cheval du même entraîneur, lauréat du Prix de Montréal, a été également positif au salbutamol. Signalons quand même au coach d’Alain Bernard que l’AUT dont bénéficie son poulain est destiné à soigner une affection chronique avec un produit dopant : le salbutamol. Si ce dernier médicament n’améliorait pas les performances sportives, il ne figurerait pas dans la liste ! C’est bien sûr plus valorisant d’affirmer haut et fort que les performances exceptionnelles de son protégé basé à Antibes ne sont pas dues en partie à l’AUT de même qu’il est humain de minimiser l’impact de la combinaison dans la chute des chronos. Rappelons tout de même à tous les adeptes de la Ventoline® qu’il existe une famille thérapeutique de l’asthme d’effort, les antileucotriènes, qui ne sont pas des produits dopants et donc peuvent être consommés en toute quiétude sans risque d’alimenter la rumeur de la triche… Pour être complet, ajoutons que dans la liste des produits prohibés, figurent en plus du salbutamol, de nombreuses médications comme par exemple l’insuline, qui améliorent les malades et les bien portants.
Docteur Jean-Pierre de Mondenard
JP de Mondenard dit que le salbutamol peut être anabolisant musculaire, or Alain Bernard est à lui seul une pub genre "après" en 2008 et "avant" vers 2005 pour ce genre de produits.
Là où Magnini a été mal interprété, c’est que les nageurs rigolent dans le circuit professionnel (ou amateur éclairé) que le principal sponsor d’Alain Bernard soit justement un fabricant de vitamines, compléments alimentaires et produits censés faire de gros muscles. C’est quand même pas Magnini qui a signé le contrat avec ce fabricant (cherchez "Alain Bernard pharma", ces gens-là sont parfaitement indexés, tous les moteurs de recherche et vendeurs de produits dans les salles de muscu les trouvent, on n’est pas là pour faire de la pub aux vendeurs de rêve en poudre, même si la fédé française n’y a rien trouvé à redire).
L’argument de la mononucléose ne tient pas trop, on peut certes l’attraper par transfusion, mais par partage de gourdes ou roulage de pelles au bord des piscines c’est aussi très courant pour des nageurs qui visent le record de Trifouilly-les oies catégorie 12 ans 1/2 ; par contre le développement de la musculature des nageurs du CNM et d’Antibes (ou de Libby Lenton maintenant Trickett) depuis quelques années est impressionnant.
La question au médecin : à quelle concentration de salbutamol mesuré dans les urines le produit est-il anabolisant au point de pouvoir expliquer un développement musculaire notable sur une période assez courte en supposant que les autres facteurs "légaux" sont assurés (personne ne doute que Alain Bernard fasse de la muscu intensive et dispose d’une alimentation suffisante et supplémentée si nécessaire).
Et subsidiaire : quels sont les autres anabolisants pouvant expliquer ce développement et non détectables ou non recherchés actuellement ? Gary Hall Jr parle de dopage génétique, mais l’inhibiteur de la myostatine évoqué par Stern ne semble pas correspondre à des résultats publiés chez l’homme pour l’instant.