Si « Marianne » sort du lot, « Le Point », « Le Nouvel Observateur » et « L’Express » rencontrent des difficultés et se préparent à des économies sévères.
Si l’on parle couramment de la crise de la presse quotidienne nationale, on s’intéresse moins souvent à nos bons vieux hebdomadaires. Du Nouvel Observateur à l’Express en passant par Marianne et Le Point , ils sont pourtant tous soumis à la nouvelle donne du marché. Effritement du lectorat, baisse des recettes publicitaires et adaptation aux nouvelles technologies de l’information.
Dans la guerre des hebdos, Marianne se taille la part du lion. 40% du marché en octobre sur la vente au numéro. La ligne antisarkozyste affirmée haut et fort depuis la campagne présidentielle a payé. Une intuition du fondateur Jean-François Kahn, aujourd’hui parti faire de l’ombre à Bayrou. L’hebdo a donc des sous, mais, abandonné (au moins officiellement) par son grand timonier, il peine à se donner de nouvelles orientations. « Les couvertures antisarko ne se vendent plus aussi bien », lâche un journaliste de Marianne. En revanche les quatre numéros sur la crise se sont très bien vendus. 192 000 exemplaires pour le premier. Il faut donc définir une nouvelle ligne, qui pencherait plutôt à gauche, tendance Libé, à en croire les dernières embauches.
L’omniscient BHL conseillerait Maurice Szafran dans ce sens. Relancer le débat à gauche, voilà un beau chantier. Il faut aussi gérer l’après-Kahn. Ce dernier, un peu vexé que son bébé continue à fonctionner sans lui, donnerait toujours quelques consignes. Notamment sur les couvertures. Quid des investissements ? Des partenariats avec d’autres publications ont déjà eu lieu, notamment avec L’Histoire et La Recherche.
Comme cela a déjà été le cas, des bruits courent sur une possible vente de l’hebdomadaire par François Pinault. Les tenants de cette hypothèse analysent que, chiraquien dans l’âme, François Pinault n’aurait plus grande utilité à diriger un grand média. D’autres assurent que Pinault fils ne serait pas intéressé par la presse. Les noms de Stéphane Courbit et de Vincent Bolloré sont évoqués pour reprendre l’affaire. Malgré une légère baisse, les ventes se portent plutôt bien. Le scoop multi-épisodes sur les carnets d’Yves Bertrand ont assuré de bonnes ventes. Mais le temps est à l’économie. Et celle-ci commence par le jus de tomate qui désormais est payant pour les employés du journal. De même, les notes de frais, notamment de bouche, seraient désormais soumis à un contrôle plus strict. Viendra ensuite l’analyse poste par poste. Que les gros salaires et les personnes âgées lèvent le doigt ! L’ambiance serait donc moins bonne, certains salariés craignant un « plan social déguisé ». Rappelons que le journal a connu cette année la première grève de son histoire.
Place de la Bourse, les roulements de tambour consécutifs à l’arrivée de Denis Olivennes vont laisser place à de grands changements. À force de répéter qu’il fera « tout pour sauver l’emploi », le patron de l’Obs a fini par inquiéter ses troupes. À juste titre. Après une perte d’exploitation de 2 millions d’euros pour 2008, l’ancien patron de la Fnac veut faire des économies. Les quelques rustines collées (limiter les frais de bouche, encourager les journalistes à voyager en classe éco…), Olivennes va s’attaquer à plus dur : l’emploi. Un guichet de départ, dont les modalités ne sont pas encore fixées, est donc en préparation. Pour faire des économies, l’Obs a décidé de ne plus faire appel aux pigistes, sauf bien sûr les envoyés très spéciaux et autres retraités dorés sur tranche, absents des colonnes mais indéboulonnables du livre de paie du journal.
Les suppléments vont eux aussi connaître quelques changements. Ainsi, Paris Obs devrait être supprimé courant janvier. Côté ventes, les chiffres sont très moyens. C’est que ces derniers temps, il n’est pas aisé d’être le journal de la social-démocratie. Aussi en pleine crise financière, le journal du 16 octobre a fait sa une sur Gainsbourg. Un choix peu récompensé dans les kiosques. Une nouvelle maquette attendue pour janvier relancera-t-elle notre cher hebdo de la gauche tarama ?
L’hebdo fondé par JJSS [1] ne se porte pas bien. Les pertes du journal augmentent, et cela n’a pas fini d’agacer les gestionnaires belges du groupe Roularta qui possède L’Express. La direction française du groupe a d’ailleurs pris la parole la semaine dernière pour annoncer un grand plan d’économies de 10 millions d’euros sur tout le groupe (excepté L’Étudiant) qui possède entre autre L’Express, L’Expansion, Lire, et Studio. Elle a proposé un plan de départ volontaire qui pourrait concerner, selon une estimation syndicale, le départ d’une cinquantaine de salariés dans tout le groupe. Par ailleurs, Roularta compte réaliser 5 millions d’euros d’économies sur la masse salariale, notamment à travers un blocage des salaires.
Sur le plan éditorial, le journal paye aussi un virage « peopolitique » pris à l’occasion de la première interview de Carla Bruni, femme de président, mais aussi amie de Christophe Barbier, le directeur de la rédaction. L’homme à l’écharpe rouge, qui n’en finit pas d’alimenter les plateaux télés de ses analyses, n’a pas pour l’instant réussi à dissiper un certain trouble éditorial. Et a donc, au passage, égaré quelques lecteurs.
2009, annus horribilis pour les hebdos ?
Lire ou relire dans Bakchich :
[1] Jean-Jacques Servan-Schreiber
Je suis pas étonné pour Marianne… il faut savoir que chez eux ! quelques vrais journalistes ,encore et un vrai courage… bien que n’étant pas toujours en phase avec, je lui trouve beaucoup de qualité..
au fait.. tout le monde a zappé le fait suivant.. le nouvel obs a sucré le -2 de Nicolas en mettant en avant les +11 d’Aubry.. ils ont vraiment aucune honte.. ce matin à l’aube.. sur le site y’avait l’info -2 à 8h plus rien :) la veille a bien marché.. pff
l’info dans toute sa splendeur..