Un témoin réchauffé (Maxime Delsol, ami et garde du corps de la victime) et une brochette d’erreurs accompagnent le dogme du suicide de Robert Boulin dans L’Express. Décryptage.
Notre confrère Jean-Marie Pontaut n’hésitait pas cette semaine dans L’Express à se porter au secours de la version quelque peu fragilisée du suicide de Robert Boulin.
Pour ce faire, il a recours à un grand classique : accorder une pleine page de son hebdo à un protagoniste secondaire, qui a déjà déballé sa vision de la mort de son patron, mais qui présente l’avantage décisif d’avoir tout intérêt à ce que le suicide ne soit pas remis en cause. Il s’agit en effet de Max Delsol, l’ancien garde du corps du ministre.
Le policier retraité Delsol, 82 ans, s’est sur le tard découvert une mission : "Pendant longtemps, je n’ai pas voulu parler. Mais maintenant, ça suffit ! Je voudrais faire cesser ces histoires sur son assassinat (…)".
Contrairement à ce qu’il laisse entendre, Delsol est pourtant, comme Bakchich l’avait signalé le 12 novembre 2009, ( ) un récidiviste de ce type de manœuvre, visant à faire croire indûment à un public peu informé que le suicide de Robert Boulin est une vérité révélée.
Dans l’Express, Delsol fait état de la découverte, dans la nuit du 29 octobre 1979, dans la corbeille à papiers du domicile de Boulin de fragments de lettre annonçant le suicide, en oubliant de préciser que le ménage avait été fait et que la corbeille était vide après le départ de Boulin vers 15 h 30. Ce même domicile, où avait été déposée une pile de dossiers en début d’après-midi, qui avait mystérieusement disparu lorsque ces fragments de lettre ont fait surface …
De surcroit , Delsol se garde bien de rappeler ce qui figure dans le doc de canal + "Le suicide était un crime" (2002) : il était de ceux qui imitaient l’écriture et la griffe du ministre sur nombre de courriers.
Dans la vidéo qui accompagne l’article de L’Express, Delsol se lance carrément dans l’intox, en prétendant que Boulin n’a jamais eu d’autre dossier que celui de l’affaire de Ramatuelle. Voilà qui contredit plusieurs PV de l’instruction, qui établissent factuellement le transport, le 29 octobre, d’une pile de dossiers de son bureau du ministère au bureau de son domicile, Dossiers disparus lorsqu’ont été trouvés les fragments de papiers "annonçant" la noyade. Autre allégation fallacieuse , le cadavre de Boulin n’a pas été retrouvé aux étangs de Hollande (où la noyade est possible par 2 m de fond) mais à l’étang Rompu, où la profondeur n’excéde pas 50 cm…
Enfin Delsol a déjà été pris en flagrant délit de témoignage fantaisiste. Il a nié que le domicile de Boulin soit gardé par la police, alors que l’instruction démontre le contraire.
Quant à Jean-Marie Pontaut, il n’est pas non plus un débutant en cette affaire. Avec feu son complice Jacques Derogy, il est l’auteur d’un livre : "Enquête sur les "affaires" d’un septennat" paru en 1981(Robert Laffont), dans lequel le chapitre consacré au "suicide" de Robert Boulin repose pour l’essentiel sur ce que les auteurs qualifient de "très minutieuse enquête du SRPJ Versailles". Lors de la réédition de leur livre, en 1988, toute mention de la merveilleuse enquête des policiers versaillais a disparu. Seul subsiste, intangible, le dogme du suicide.
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Pontaut, dans sa défense du dogme suicide, se garde bien de demander à Delsol comment un suicidé a pu être découvert deux fois -la première vers 1 h du matin (ce qu’attestent Raymond Barre (premier ministre à l’époque) et Christian Bonnet (ministre de l’intérieur)- et la seconde, l’officielle, à 8 h 40.
Cette double découverte , les adeptes du suicide, incapables de l’expliquer, se contentent de l’ignorer. Facile, mais léger !
Le garde du corps d’un suicidé d’Etat a tout intérêt à mentir…que ce soit en 1979 ou en 1993.
Sinon, à propos des offensives de désinformation sur ces sujets, le livre consacré par Mme Bacqué à F de Grossouvre n’est pas mal dans le genre. Il suffit de lire la lettre ouverte que lui a adressé l’un des fils du défunt, persuadé (comme de nombreux proches du dossier, selon la formule consacrée) que son père fut l’une de ces victimes des assassinats d’Etat de la Veme République (catégorie dans laquelle le règne de F Mitterrand mène d’assez loin).
Mais lorsque vous approchez trop de ces histoires, on commence par vous présenter comme fou, avant de passer aux arguments plus "persuasifs" en tant que de besoin. Donc nous, pauvres citoyens, ne sommes pas près de voir écrite la vérité dans la presse…
C’est bien évidemment sous F. Mitterrand qu’ont été assassinés Boulin de Broglie et Fontanet ?
C’est sous François Mitterrand, comme le raconte Constantin Melnik, que Foccart a fait assassiner plus de 500 personnes par le SDECE ? (dont des opposants africains comme Félix Moumié…)
À propos de Foccart, je ne résiste pas au plaisir de vous citer un extrait de » l’homme de l’ombre » de Pierre Péan page 425 :« Dans l’esprit de cet homme (Foccart) et dans celui d’un certain nombre de membres de l’état-major gaulliste, il y avait cette idée fixe que tout peut se résoudre par le coup de main. En tuant. Cela se leur semblait chic et pratique, net, sans bavure ni complications… ».
Comment pouvez-vous dire autant de sottise ? Bien évidemment votre contribution n’est qu’un contre-feu pathétique : l’article de Bakchich flingue ce grand désinformateur de Jean-Marie Pontaut et démontre, une fois de plus, les méthodes peu reluisantes que les « gaullistes » ont trop souvent employées pour éliminer ceux qui les gênaient que ce soit dans leur camp ou chez leurs adversaires.
C’est Constantin Melnik qui raconte que le général Grossin, patron du SDECE, s’est opposé aux demandes d’assassinat formulé par Foccart de militaires français qui s’opposaient à De Gaulle et il disait, je cite de mémoire : « aujourd’hui ce sont des français, des militaires et demain on demandera d’assassiner Mendès France ou Mitterrand ».
L’État n’a jamais été aussi mafieux que sous De Gaulle, les méthodes de Foccart, le SAC, les barbouzes, les assassinats politiques sont là pour le démontrer… Votre contribution n’est bien évidemment quand l’heure il ne il ne suffit pas de faire du Marty-Vrayance pour être en quoique ce soit crédible…
Quant à Grossouvre, il est à craindre que Raphaël Baqué ait été encore très loin de la réalité : il y a encore beaucoup à découvrir dans les dérapages de Grossouvre…